L’art dans la Shoah, une exposition à l'Université du Latran
Paolo Ondarza - Cité du Vatican
«Mon corps est faible et squelettique, mais mon âme est libre». Ce sont les derniers vers de Grete Schmahl-Wolf, écrits sur son lit de mort dans le ghetto de Theresienstadt. Les âmes libres malgré l'emprisonnement, la persécution et l'extermination du peuple juif par les nazis sont aussi celles des artistes exposés dans l'exposition «L'art dans la Shoah», promue par l'ambassade d'Israël près le Saint-Siège et présentée à partir du 28 avril à l'Université pontificale du Latran à Rome. Les peintures et les dessins ont été sélectionnés dans la collection de Yad Vashem, le centre mondial de commémoration, de documentation, de recherche et d'éducation sur la Shoah fondé en 1953.
Drame et humanité
L'impuissance des réfugiés, l'impossibilité de fuir, l'évacuation soudaine de leurs maisons, la panique, les jours de gel, la queue pour la nourriture, l'inexorable condamnation à mort et, malgré tout, la solidarité humaine: ces thèmes se succèdent dans les œuvres reproduites sur panneaux -50 x 70 cm- exposées pendant 15 jours dans les salles de l'Université pontificale où, ce jeudi matin, a eu lieu l'inauguration de l'exposition.
Parmi les intervenants figuraient l'ambassadeur d'Israël près le Saint-Siège, Raphael Schutz, le secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, Mgr Stefano Russo, la poétesse et témoin de la Shoah, Edith Bruck, le bibliste Mgr Antonio Pitta et le recteur de l’Université du Latran, Vincenzo Buonomo.
L'art dans les camps
La réalisation de la vingtaine d'œuvres reproduites dans l'exposition remonte aux années de la Shoah: «La plupart d'entre elles, explique Raphael Schutz, ambassadeur d'Israël près le Saint-Siège à Vatican News, ont été créées alors que les artistes se trouvaient dans les camps de concentration. Certaines ont été produites plus tard, tandis que d'autres ont été exécutées au moment de la Libération». Parmi les auteurs, il y a ceux qui sont morts dans les camps. Leurs dessins, réalisés à partir de matériaux de fortune tels que des branches brûlées sur du papier d'emballage, signés de pseudonymes et ensuite cachés ou donnés à des amis et des parents, témoignent du désir de vivre, de la lutte contre un processus de déshumanisation et d'anéantissement. Ils témoignent de l'esprit humain qui reste inébranlable et refuse d'abandonner.
Tous les sentiments humains
L'ambassadeur Raphael Schutz poursuit: «Il est étonnant de voir comment dans ces œuvres, créées dans des circonstances extrêmement dures et difficiles, toutes les différentes nuances des sentiments humains émergent: il y a la tristesse et le désespoir, mais aussi l'optimisme, l'espérance et même le sens de l'humour». Cette exposition montre que l'esprit humain est plus fort que tout. Pour le diplomate, l'exposition a également une signification très personnelle: «Je suis né en Israël. Mes parents en Allemagne, mais ils ont dû partir avant la Seconde Guerre mondiale: une partie de ma famille est restée là-bas, puis est morte dans les camps de concentration».
Ensemble pour guérir le monde
Pour Raphael Schutz, la réalisation d'une exposition consacrée à l'art de la Shoah à l'Université du Latran apporte une valeur ajoutée aux relations entre le Saint-Siège et Israël, entre le Saint-Siège et le judaïsme. «Nous sommes reconnaissants de l'opportunité de présenter l'exposition ici. Je crois que la vision exprimée par le Pape François dans Laudato sì, mais aussi dans Fratelli tutti, est commune au concept juif de Tikkun Olam, qui signifie en italien réparer, guérir le monde. En ce sens, je crois qu'Israël et le Saint-Siège peuvent travailler ensemble pour trouver des moyens concrets de faire avancer cette vision humaniste universelle».
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