Le cardinal Grech en visite synodale au Liban
En présence du nonce apostolique au Liban et des évêques maronites venus de la diaspora pour leur synode annuel, le cardinal maltais a d’abord évoqué la séculaire tradition synodale des Églises en Orient: «Elles ont toujours optés pour la synodalité comme expression privilégiée et structure de la communion au sein de chacune d’elles (dimension intra-ecclésiale) et entre elles (dimension inter-ecclésiale)».
Cette expression trouve sa plénitude dans l’Eucharistie: source et sommet de toute la vie chrétienne (LG, 11), a relevé le cardinal Grech, poursuivant: «C’est là, qu’au summum de l’anaphora, se joint à l’offrande du Christ, celle de tout fidèle baptisé, de l’Église réunie ici et maintenant, et de toute la création. La doxologie trinitaire devient alors une apothéose qui rend présents les mystères de l’incarnation, de la rédemption et de l’union de Tout en Christ par l’Esprit Saint pour la gloire du Père».
La longue tradition orientale de communion
Le secrétaire général du Synode a rappelé quelques faits historiques. Les structures de communion se sont développées en Orient, à partir du IIe siècle, et se sont exprimées dans les synodes provinciaux s’inspirant du Synode de l’Église à Jérusalem, appelé le synode apostolique (Actes, 15), avant d’aboutir à la structure patriarcale, statut de toutes les Églises d’Orient depuis le VIe siècle et actualisation de la communion inter-ecclésiale.
«De cette structure conciliaire ou synodale ont émergé les conciles œcuméniques où est censé se manifester le sensus fidei fidelium dans toute sa force comme étant le consensus qui reflète la communion dans l’Église de Dieu», a-t-il souligné.
Deux exhortations apostoliques
Cette tradition synodale est commune à toutes les Églises patriarcales en Orient, aussi bien catholiques qu’orthodoxes. «Cette expérience millénaire pourrait inspirer quelques aspects à retenir pour la synodalité de l’Église répandue dans le monde. Elle pourrait également favoriser un rapprochement entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes sur la communion et l’évolution de ses structures de l’Église», a noté le cardinal Grech, saluant l’effort synodal déployé pour l’assemblée extraordinaire du Synode des évêques tenue en 1995, à Rome ainsi que celui de l’assemblée de 2010 pour l’Église catholique en Orient. Les deux exhortations apostoliques du saint Pape Jean-Paul II Nouvelle Espérance pour le Liban (1997) et du Pape Benoît XVI L’Église au Moyen-Orient (2012) constituent, selon lui, en quelque sorte une feuille de route pour la réforme de ces Églises, le renouvellement de la mission dans cette région du monde, la promotion de l’unité chrétienne et du dialogue interreligieux, ainsi que l’évolution des sociétés moyen-orientales vers une stabilité politique, plus de justice sociale et de respect de la dignité et de la liberté de la personne humaine.
À l’occasion des 25 ans de la première exhortation apostolique et des dix ans de la deuxième, le cardinal Grech souhaite évaluer la réception de ces deux synodes et leur influence dans la vie ecclésiale. Il se félicite de la parution du Document Nous choisissons la Vie. Les Chrétiens au Moyen-Orient vers un renouvellement des choix théologiques, sociétaux et politiques. (2021); Le processus synodal pour la femme, lancé par le bureau de la pastorale de la femme au patriarcat maronite (2018-2023); Le processus synodal pour les jeunes, lancé par Pro Oriente (Vienne) avec le groupe Nous choisissons la Vie (2022-2023)…
Au cœur du tumulte vécu par le pays du cèdre depuis tant d’années, le cardinal Grech dit «partager la souffrance» des victimes de l’explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, avant de développer l’aspect interreligieux.
Les enjeux du dialogue interreligieux
«Les chrétiens partagent la vie des Juifs depuis plus de deux mille ans et celle des musulmans depuis plus de 14 siècles», rappelle-t-il. «Ce dialogue de vie, avec toutes les bonnes expériences et moments, et malgré toutes les expériences malheureuses qui ont été marquées par la persécution et le martyre est une école à laquelle vous devez apprendre tous les jours de nouvelles leçons».
Les récentes déclarations de Marrakech sur les droits de minorités (2016); d’Al-Azhar sur la liberté et la citoyenneté (2017), ainsi que le document de la Fraternité Humaine, signé par cheick Ahmad Al Tayyeb et du Pape François, à Abu Dhabi, en 2019, alimentent la réflexion de l’Église universelle et ouvre de nouveaux chemins synodaux au-delà des sentiers battus et des anciennes approches et méthodes, estime-t-il, avant de conclure: «Le kairos de la synodalité nous interpelle à tous les niveaux: personnel, ecclésial et humain. Que l’Esprit Saint renouvelle en nos cœurs, en ces jours de Pentecôte, les énergies du Christ ressuscité et nous conduit sur le chemin du Royaume, à la rencontre du Père Éternel».
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