Dimanche de la Mer: dire merci aux «invisibles»

Xavier Sartre – Cité du Vatican

Ce 10 juillet, second dimanche du mois, les chrétiens célébreront la mer et toutes celles et ceux qui y sont liés, et en tout premier lieu les marins. Dans son message annuel, signé par son préfet, le cardinal Czerny, le dicastère pour le Service du développement humain intégral s’adresse aux aumôniers de Stella Maris, aux bénévoles et aux soutiens de cette pastorale au service du million de marins présents à bord des navires de commerce.

«Invisibles», écrit le préfet, «ils ont une incidence directe sur la vie quotidienne de chacun d’entre nous», en transportant les biens que nous consommons. Il est l’heure ainsi de leur dire «merci», d’autant que leurs conditions de travail et de vie ne sont faciles, surtout pour ceux qui sont affectés par le conflit «injuste et immoral» en Ukraine qui met à rude épreuve la vie de plusieurs milliers de marins bloqués dans les ports ukrainiens. Certains cargos ont même sombré, et plusieurs marins ont perdu la vie.

Bouleversements liés à la pandémie

La pandémie de Covid-19 a également perturbé la vie des marins : 400 000 d’entre eux sont restés bloqués à bord de leur cargo ou de leur pétrolier, «dans l’impossibilité de quitter le navire à la fin de leur contrat et de retourner chez eux, dans leur famille», constate le cardinal Czerny. D’autres n’ont pas pu rejoindre leur affectation, ne touchant pas un salaire qui leur est essentiel pour maintenir leurs proches. «Dans tous les cas, déplore le préfet, les marins n’ont pas le choix».

Au contraire de certaines compagnies de transport qui «ont été les seules à avoir profité économiquement de la crise qui a bouleversé la chaîne d’approvisionnement mondial». «Il est déplorable, pour ne pas dire autre chose, que les entreprises aient partagé seulement une minuscule partie des gains exorbitants qu’ils ont engrangés».

Ces circonstances ont poussé à modifier les contrats et les conditions de travail, provoquant «un épuisement physique et psychologique qui peut amener à une erreur humaine ayant de dangereuses conséquences». L’allongement du temps de travail, l’éloignement de leur famille et l’interdiction de descendre à terre font que les marins «se sentent encore plus isolés et déprimés qu’en temps normal», souligne le cardinal Czerny.

Droits des marins

Le chef du dicastère pour le Service du développement humain intégral rappelle aussi les devoirs des compagnies envers leurs employés qui ne sont malheureusement pas respectés, comme celui du congé à terre. Si des restrictions sévères ont été prises à travers le monde durant le pic de la pandémie, les marins devant rester à bord, elles ont été depuis levées dans la plupart des pays pour l’ensemble de la population, libre d’aller et venir à sa guise.

Mais les marins ne sont pas concernés. «C’est une grave injustice» s’insurge le cardinal. À cela s’ajoute le fait que certains peuvent néanmoins descendre à terre mais en vertu de leur nationalité. «C’est discrimination est autant injuste qu’immorale». «La pandémie ne doit plus être utilisée comme excuse pour interdire à l’équipage de descendre à terre» affirme le prélat. Et d’inviter les aumôniers de la mer et les bénévoles de Stella Maris à lancer un appel urgent aux gouvernements et aux compagnies maritimes pour garantir aux marins de droit de débarquer.