Le cardinal Czerny célèbre les 80 ans de la mort d'Edith Stein

Olivier Bonnel-Cité du Vatican

Il y a 80 ans jour pour jour, Edith Stein, en religion sœur Thérèse Bénédicte de la Croix, mourrait assassinée par les nazis dans le camp de concentration d'Auschwitz, avec sa sœur. Tous les dix ans, l'anniversaire de la disparition de la religieuse est célébrée de manière solennelle. Cette année, c'est le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour service du développement humain intégral qui s'est rendu dans le carmel d'Oświęcim, aux portes du sinistre camp d'extermination pour y célébrer une messe commémorative. 

Dans son homélie, le cardinal canadien d'origine tchèque a fait écho a son histoire familiale. Sa grand-mêre maternelle, d'origine juive, et deux de ses oncles ont été déportés. Ses oncles sont morts dans des camps de travail après avoir été transférés à Auschwitz, et sa grand-mère, Anna, a contracté le typhus et est morte en 1945, peu de temps après sa déportation. Sa sépulture n'a jamais été retrouvée. «Je suis profondément ému de célébrer le 80e anniversaire de la naissance d'Edith Stein au paradis» a confié le cardinal Czerny, qui a invité à «s'interroger sur le chemin parcouru par l'humanité depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a quelque 80 ans, jusqu'à aujourd'hui». 

Le lent travail de la grâce 

«En Edith Stein, nous avons un exemple de la manière dont une vie passée dans l'amour peut être un chemin d'ouverture, de lente transfiguration dans le Fils fait homme» a poursuivi le cardinal qui a rappelé que pendant toute son existence, de femme, de philosophe, de pédagogue, de contemplative et de sainte, la vie d' Edith Stein fut toujours marquée par la recherche de la vérité. Le préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral a rappelé les grandes étapes de la vie de la sainte, née juive et convertie au catholicisme: "sa première rencontre avec la Croix" en 1917, son baptême en 1922, son entrée au carmel puis sa profession perpétuelle en 1938.

«Le lent travail de la grâce la conduit à rechercher un équilibre harmonieux entre foi et philosophie, et elle développe rapidement une conscience missionnaire dans sa vocation d'enseignante : conduire ses élèves vers la vérité. Pas seulement une vérité théorique, mais une vérité absolue et vivante : Dieu» a souligné le cardinal Czerny. Puis vint la sombre année 1942 et les déportations de masse vers l'Est, orchestrées par les nazis. Le 20 juillet 1942, la Conférence des évêques néerlandais a publié une déclaration à l'intention de chaque paroisse dénonçant toutes les pratiques racistes et antisémites. «La réaction d'Hitler ne s'est pas fait attendre, a rappelé le cardinal Czerny. Quelques jours plus tard, le 26 juillet, il ordonne l'arrestation de tous les Juifs qui se sont convertis au catholicisme». Sœur Thérèse Bénédicte de la Croix est arrêtée avec sa sœur le 2 août puis déportée à Ausschwitz où elle meurt gazée une semaine plus tard. 

Contribuer au dialogue

«En nous souvenant d'Edith et d'Anna, ainsi que des six autres millions de victimes, nous pleurons et nous nous repentons : N'oublions pas», a conclu le cardinal, qui a redit son émotion de célébrer cette messe alors que sa grand-mère n'a pas de sépulture, mais «est unie à sainte Thérèse Bénédicte de la Croix». «Par leur intercession, nous prions pour la paix en Ukraine et dans le monde entier : Pas l'un l'autre, plus jamais, plus jamais... plus de guerre, plus de guerre . Puissent ceux dont l'histoire personnelle et familiale est à la fois juive et chrétienne, contribuer au dialogue nécessaire entre nos religions pour vivre en frères et sœurs dans notre maison commune».