Un Saint-Bernard au Vatican
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Un emblème de la Suisse ne pouvait que se rendre dans une enclave helvétique à son arrivée dans la Ville éternelle. C’est ce qu’a fait Magnum le 28 mars en allant chez les gardes suisses, dans leur caserne située à l’intérieur du Vatican.
Le plantureux Saint-Bernard n’était pas seul, mais accompagné par Claudio Rossetti, randonneur du Tessin qui a dirigé la Fondation Barry, dans le canton du Valais. L’organisation perpétue l’élevage des célèbres chiens, depuis que celui-ci n’est plus assuré par la congrégation des chanoines du Grand-Saint-Bernard, qui avait choisi cette race canine au milieu du 17e siècle pour l’aider notamment dans les opérations de secours en montagne.
En route depuis 2016
À quatre pattes et deux pieds, les deux complices ont parcouru environ un millier de kilomètres sur la via Francigena, voie de pèlerinage séculaire qui relie le sud de l’Angleterre à Rome. Ils sont partis du point le plus haut de ce chemin, l’hospice du Grand-Saint-Bernard justement, situé à la frontière entre la Suisse et l’Italie, où la fondation Barry amène quelques chiens durant la saison estivale.
À partir de 2016, à raison de deux semaines par an, à l’automne et au printemps – un dosage homéopathique mieux adapté au chien – Claudio et Magnum ont ainsi avancé par étapes jusqu’à Rome.
Le marcheur tessinois remarque que le périple n’a pas été marqué par la solitude, car son insolite compagnon suscitait toujours la curiosité des personnes rencontrées en route.
Ce projet de rallier la Ville éternelle avec Magnum est né à Genève, lors de la visite du Pape en 2016. À cette occasion, Claudio a pu saluer le Saint-Père, et discuter avec lui des Saint-Bernard. François a posé des questions sur le petit tonneau avec lequel sont habituellement représentés ces chiens de montagne, et sur son contenant. Le Tessinois a répondu spontanément qu’il viendrait un jour à Rome à pied pour lui en montrer un… mais sans savoir précisément de quelle manière. La Providence s’est chargée d’écrire la suite du parcours.
Un ambassadeur à quatre pattes
Pour Claudio Rossetti, marcher avec Magnum a permis de parler «du rôle thérapeutique du Saint-Bernard», cet animal particulièrement affecteux étant aujourd’hui impliqué dans des activités sociales, auprès de personnes âgées ou d’enfants par exemple. «Ce chien n'est pas aussi paresseux qu'on le pense», plaide le Tessinois au micro de Radio Vatican.
Cette légende vivante est également un digne représentant de la Confédération helvétique, souligne Claudio. «Le Saint-Bernard illustre en effet un peu les valeurs de la Suisse», explique-t-il, en particulier «la bonhomie», «la ténacité», le fait «d’être joueur et épicurien», mais également l’aide et l’amour du prochain. Denis Knobel, ambassadeur suisse auprès du Saint-Siège, présent à la caserne de la garde suisse pontificale pour accueillir le sympathique duo, ne l’a pas contredit. Magnum, a-t-il assuré, est lui aussi un «ambassadeur suisse».
Le Saint-Bernard et son maître ont assisté ce mercredi à l’audience générale hebdomadaire, où ils ont pu retrouver François, sept ans plus tard… pour Magnum, avec un tonnelet attaché à son collier. Nous n'avons pas pu savoir ce qu'il contenait...
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