Les évêques du Québec appellent à un vrai débat sur la fin de vie
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Le 16 février dernier, Sonia Bélanger, la ministre déléguée à la Santé et aux Ainés, a présenté devant les députés québécois un projet de loi modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d’autres dispositions législatives, le projet de loi 11. Il permet d’élargir l’accès à l’aide médicale à mourir (AMM) aux malades incurables qui ne peuvent bénéficier de soins de fin de vie. Des consultations ont maintenant lieu pour discuter de cette évolution de la politique québécoise en matière de fin de vie. Les évêques catholiques prennent donc la parole.
Mgr Christian Rodembourg, évêque de Saint-Hyacinthe et président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec signe un document en quatre points intitulé «Ne me rejette pas maintenant que j’ai vieilli; alors que décline ma vigueur, ne m’abandonne pas» (Psaume 70,9).
Meilleur accès aux soins palliatifs
Partant de la conviction que «toute personne humaine possède une dignité inaliénable», l’épiscopat appuie avec force «toute revendication ou mesure visant à accroître l’accès à des soins palliatifs de qualité, notamment à domicile, dans toutes les régions du Québec. L’accessibilité des soins palliatifs est essentielle pour accompagner les personnes à bien vivre les derniers moments de leur vie.»
Les évêques recommandent de «porter une attention toute particulière aux soins offerts aux personnes les plus vulnérables, appauvries et isolées» pour rassurer toutes les personnes sur le fait qu’elles ne sont pas un fardeau pour leurs proches et la société. D’où l’importance, à leurs yeux, de réaffirmer l’aspect public, universel, gratuit et prioritaire du système de santé du Québec «pour ne pas mener nos contemporains à choisir une mort hâtive par crainte d’avoir à subir, faute de ressources, des conditions de vie (et de fin de vie) jugées dégradantes».
L’AMM n’est pas un soin
Ils demandent égalent à clarifier correctement les termes du débat en cours et à bien distinguer les soins palliatifs de l’aide médicale à mourir. Ils rejettent ainsi «l’idée qui sous-tend l’ensemble du projet de loi 11», que «l’aide médicale à mourir est un “soin”». Ils préféreraient que le législateur parle dans ce cas d’«euthanasie» pour faire preuve de rigueur et de transparence.
L’unanimité n’étant pas acquise sur ce sujet général, l’Église catholique québécoise réclame que, «pour des raisons de conscience, le personnel soignant puisse refuser, sans crainte de représailles, de participer à l’injection de substances visant à causer la mort d’une personne ayant demandé qu’on mette fin à ses jours».
Débattre avant toute chose
Autre argument apporté par les évêques: «les limites à se “transposer” dans une situation hypothétique qui n’est pas encore la nôtre, et qui ne le sera peut-être jamais. Chaque personne vit l’instant présent à sa manière, dans la grâce du moment». Car le projet de loi prévoit la possibilité de faire une demande anticipée d’aide médicale à mourir, ce qui, pour l’épiscopat, découle «de la redoutable logique d’élargissement progressif, mais constant de l’accès à l’euthanasie». L’Église veut éviter d’envoyer «un message troublant à ces personnes» vulnérables, qui «pourraient croire que leur vie ne vaut pas peine d’être vécue».
Dans leur message, les évêques québécois appellent donc à une «réflexion approfondie sur des principes fondamentaux comme la dignité inaltérable de toute personne humaine de sa naissance jusqu’à sa mort».
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