Bouddhistes et chrétiens ensemble pour guérir les blessures de l'humanité
Myriam Sandouno – Cité du Vatican
La fête du "Vesak", jour le plus sacré pour les bouddhistes à travers le monde, marque la naissance, l'illumination et la mort de Bouddha. Dans son message, le préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, le cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot, a souhaité que cette célébration puisse «inciter une fois de plus à poursuivre votre quête de compréhension de la nature de dukkha». Si la vie a son «lot de souffrances et de blessures», les occasions festives selon le cardinal Ayuso, peuvent «nous permettre de prendre le recul nécessaire par rapport à notre routine quotidienne pour les aborder avec un regard renouvelé».
Le préfet est revenu dans son message sur les blessures qui «affligent le monde», notamment la pauvreté, la discrimination et la violence, l’indifférence à l'égard des pauvres, l’asservissement résultant de modèles de développement qui ne respectent pas la personne humaine et la nature, la haine motivée et alimentée par l'extrémisme religieux et nationaliste, et surtout, l’attitude de désespoir à l'égard de la vie exprimée par divers types d'anxiété et d'addiction. Toutes ces réalités «mettent douloureusement en évidence notre vulnérabilité commune» estime le préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, soulignant également que la communication accrue dans le monde d’aujourd’hui «nous a fait prendre conscience que les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne sont pas isolés, mais qu'ils sont le résultat de tensions et de maux qui touchent l'ensemble de l'humanité».
«Personne ne peut se sauver tout seul»
Le cardinal explique que «la conscience aiguë de cette vulnérabilité partagée appelle de nouvelles formes de solidarité façonnées par nos traditions religieuses respectives, vers lesquelles nous nous tournons pour trouver "la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui agitent profondément le cœur humain». Pour lui, en tant que frères et sœurs, co-habitants interdépendants de la terre, «nous sommes tous liés les uns aux autres», formant une seule famille humaine qui navigue le même bateau, où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde. «Nous nous sommes rappelés que personne ne se sauve tout seul, qu’il n’est possible de se sauver qu’ensemble», affirme le cardinal, mettant en évidence l’importance de rappeler le potentiel des traditions religieuses respectives, pour offrir des remèdes capables de «guérir nos blessures douloureuses, ainsi que celles de nos familles, de nos nations et de notre planète».
Le Karuna
Poursuivant, le cardinal Ayuso fait savoir que les bouddhistes offrent la guérison lorsqu’ils incarnent le karuna - la compassion envers tous les êtres, enseignée par le Bouddha, ou encore, «lorsque vous agissez de manière désintéressée» comme l'a fait le Bodhisattva, qui a renoncé à entrer dans le Nirvana, et qui est resté dans le monde pour œuvrer à l'allègement de la souffrance de tous les êtres jusqu'à leur libération.
Le Bouddha décrit une personne entièrement informée par le karuna, déclare-t-il, «il demeure avec un esprit accompagné de compassion, imprégnant une direction. Puis une deuxième direction. Puis une troisième direction. Puis une quatrième direction». Ainsi, ajoute -t-il, «au-dessus, en-dessous, autour, partout, s'identifiant à tous, il demeure imprégnant le monde entier des (êtres) avec un esprit accompagné de compassion, vaste, sublime, illimité, sans inimitié, sans malveillance». Ceux qui demeurent avec un esprit accompagné de compassion, estime le cardinal, offrent un antidote aux crises mondiales, en offrant une compassion globale en réponse à des maux répandus et interconnectés. De même, pour les chrétiens, souligne-t-il, il n'y a pas de remède plus efficace que la pratique de l'agapè (l'amour désintéressé), le grand héritage que Jésus a laissé à ses disciples. Le cardinal rappelle que Jésus a fait à ses disciples le don de l'amour divin – l'agapè – et leur a enseigné de s'aimer les uns les autres.
Service, amour et compassion
Le préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux réitère l’appel du Pape François, qui est celui de «servir les autres avec compassion, aimer concrètement et non abstraitement, avec un amour qui est grâce, générosité, désir d’être proche et qui n’hésite pas à se donner, à se sacrifier pour ses créatures bien-aimées». La charité et l’amour, affirme-t-il, signifient partager en tout le sort du bien-aimé. Ainsi, «l’amour rend semblable, crée une égalité, et abat les murs et les distances» (Message de Carême 2014). De même, l'accent mis par le Bouddha sur «l'entraînement du cœur est particulièrement précieux alors que nous avançons ensemble dans nos efforts pour apporter la guérison».
«Développez la méditation sur la compassion, car lorsque vous développez la méditation sur la compassion, toute cruauté sera abandonnée», exhorte le cardinal, invitant également à vivre avec plus d’amour et de compassion, et à travailler ensemble à la construction d'un monde plus juste, plus pacifique et plus uni. «Puissiez-vous rayonner d'un amour sans limite envers le monde entier – en haut, en bas et à travers – sans entrave, sans malveillance, sans inimitié, puissiez-vous profiter, chers frères et sœurs bouddhistes, de bénédictions abondantes et de la joie de contribuer à la guérison des blessures de la société et de la terre, notre maison commune», conclut le cardinal Ayuso.
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