Le nouveau secrétaire de Caritas Internationalis tourné vers l'avenir
Linda Bordoni - Cité du Vatican
Caritas Internationalis est tournée vers l'avenir, ce qui est advenu par le passé ne changera rien à sa mission. C'est par ces mots qu'Alistair Dutton, ancien directeur exécutif de la Caritas écossaise et néo secrétaire général de l'organisation, s'est présenté aux journalistes ce mardi dans la salle de presse du Vatican, en compagnie du nouveau président de Caritas Mgr Tarcisio Isao Kikuchi. Les nouveaux dirigeants, ont été élus pour un mandat de 4 ans, jusqu’en 2027. «Nous sommes prêts à répondre aux urgences et à promouvoir le développement humain», a déclaré Alistair Dutton à Vatican News - Vatican Radio.
Alistair Dutton, vous avez été nommé à un moment crucial pour la famille Caritas. Dans quel esprit et avec quelle intention vous lancez-vous dans ce nouveau voyage au sein de la Confédération?
Je pense que ce que j'ai vu cette semaine a donné le ton. Ce qui s'est passé ces derniers mois a choqué beaucoup d'entre nous. Nous ne connaissions pas les détails et beaucoup d'entre nous se posaient des questions. Mais lorsque nous nous sommes réunis la semaine dernière, il y avait un réel désir de comprendre, de savoir, même si c'était dans la douleur et la frustration. Nous devons retrouver la confiance et la joie qui sont propres à Caritas, et c'est la bonne manière de voir les choses. L'ambiance était formidable. Je n'ai senti aucune tension. Les gens ont posé des questions, ils ont admis qu'ils ne se sentaient pas très positifs, mais en même temps, ils ont dit qu'ils voulaient regarder vers l'avant et aller de l'avant. Je pense donc qu'il est logique d'essayer d'absorber tout cela, puis d'avancer ensemble et de revenir au point de départ. Et je sais que le Saint-Père, ainsi que le Saint-Siège, souhaitent tous que cet objectif soit atteint. Nous devons donc nous rassembler en tant que famille Caritas et revenir aux bons moments, nous savons que nous pouvons le faire, nous savons que nous pouvons accomplir ce travail extraordinaire que l'organisation réalise pour apporter l'amour de Dieu au monde. Concentrons-nous sur cela et laissons le passé au passé.
Vous assumez cette fonction à un moment où les crises sont nombreuses dans le monde: Ukraine, Birmanie, Éthiopie... Les avez-vous prises en compte dans votre plan stratégique quadriennal pour l'avenir de Caritas? Comment comptez-vous y faire face?
Le monde est en constante évolution. En ce moment, par exemple, l'accent est mis sur le Soudan; à Noël dernier, nous n'aurions jamais imaginé cela, ce n'était pas dans le plan stratégique. Ce dont nous avons besoin, ce sont des structures opérationnelles et de compétences. Ainsi, lorsque survient un cas comme celui du Soudan, nous pouvons réagir. Ou lorsqu'il s'agit de l'Ukraine, nous savons comment réagir. Le monde est devenu plus fragile. Les inégalités sont beaucoup plus prononcées. L'urgence climatique touche d'abord et avant tout les plus pauvres, or ce sont eux qui ont le moins contribué à cette situation. Ensuite, il y a les conflits provoqués par l'homme, que nous voyons dans tant d'endroits différents. Caritas a un relai, une organisation, dans chacun de ces pays. Bien qu'il y ait beaucoup de choses à faire en tant que Caritas, la chose la plus belle est de travailler avec chacun, et l'Ukraine en est un merveilleux exemple. Nous avons deux antennes dans ce pays, en raison des différents rites de l'Église, et ce que ces deux agences ont réussi à accomplir dans ce pays est incroyable. Je pense pouvoir dire, à juste titre, qu'avec la Croix-Rouge, elles constituent le plus grand réseau de tout le pays en termes d'étendue et de quantité de travail qu'elles ont pu accomplir. Ce qu'il faut demander au peuple ukrainien, c'est: De quoi avez-vous besoin? De quelle aide avez-vous besoin pour repartir? Parfois, il s'agit aussi de fournir des compétences particulières, afin qu'ils puissent détacher du personnel pour remplir des rôles et, bien sûr, il y a des flux financiers qui leur permettent de remplir leurs objectifs. La prière joue aussi un rôle important et, chaque fois que nous nous rencontrons, ils savent que nous sommes avec eux. Les membres de Caritas dans le monde entier soutiennent l'Ukraine de multiples façons, et c'est ce que vous pouvez faire dans chaque situation. Pour ceux qui vivent dans un petit pays, c'est le moyen de sentir qu'ils font partie de quelque chose de plus grand, qu'ils peuvent agir.
Quel est votre plan stratégique quadriennal ?
Nous avons cinq priorités: la relation avec l'Église et la façon dont nous travaillons en étroite collaboration avec elle ; la façon dont nous répondons aux urgences; le développement humain intégral; le travail sur diverses questions de plaidoyer. Enfin, le renforcement de nos capacités et la manière dont nous nous assurons que nos organisations sont en mesure de répondre aux besoins et de s'impliquer comme elles le souhaitent.
Le Pape François a lancé à plusieurs reprises des appels en faveur des personnes et des conflits oubliés. Dans quelle mesure cela vous est-il utile dans votre travail? Comme vous l'avez dit précédemment, vous êtes l'organisation qui donne une voix aux oubliés....
Le message du Pape François est une véritable source d'inspiration pour nous et, à bien des égards, il résume notre mission et ce que nous pensons tous devoir être. Caritas doit être à la périphérie. Nous ne pouvons pas être à l'aise au centre. Nous devons être «sales et blessés». Nous devons avoir de la terre sous les ongles et être évangélisés par les pauvres. Nous devons sortir et chercher là où l'Esprit Saint nous conduit, et écouter vraiment la voix de ceux qui sont en marge, qui sont à la périphérie, qui souffrent de l'injustice, parce que nous devons les écouter pour savoir comment leur répondre. Nous ne pouvons pas rester dans de beaux bureaux. Il faut être en sortie.
Enfin, y a-t-il un appel que vous souhaiteriez lancer?
Oui. Dans chaque pays, il y a une Caritas et Caritas, c'est l'amour. Nous ne pouvons le faire que grâce aux bénévoles et au personnel de ces pays. Nous vous invitons donc à soutenir votre Caritas locale, que ce soit par des prières, du bénévolat ou des fonds. Quelle que soit votre implication, aidez-nous à étendre l'étreinte de l'amour dans votre partie du monde.
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