Le cardinal Czerny tente de rassurer les délégués de Caritas
Xavier Sartre – Cité du Vatican
C’est peu dire que la mise sous tutelle de Caritas Internationalis (CI) en novembre dernier et le renvoi de sa direction élue en 2019, avec la nomination d’une administration provisoire avait créé la stupeur et secoué l’organisation. Le cardinal Michael Cznery, qui dirige le dicastère de tutelle de Caritas, a donc voulu dans son discours rassurer les délégués venus des quatre coins du monde. «Vous avez besoin d’être rassurés sur le fait que les changements étaient nécessaires et appropriés», a-t-il reconnu d’emblée, espérant convaincre son auditoire.
C’est donc à un exercice d’éclaircissements que s’est prêté le cardinal jésuite. L’intervention du Pape François à l’automne dernier ne fut pas un «examen» de CI en général, ni une remise en question du travail accompli par les organisations membres de cette confédération. Et de citer, pour mieux rassurer, les activités menées en pleine pandémie pour aider les travailleurs immigrés.
Des dysfonctionnements relationnels
Pour mieux comprendre ce qui a poussé le Pape à prendre une décision si radicale, le cardinal Czerny est revenu sur les faits, sans entrer dans les détails. «Tout simplement, des personnes travaillant au Secrétariat général se sont plaintes de problèmes sur leur lieu de travail.»
Ces problèmes, a-t-il affirmé, n’étaient pas isolés comme l’a révélé l’audit mené. Cette enquête interne «n’avait pas d’objectif caché ni de résultat prédéterminé» a-t-il justifié, insistant sur le fait que les mécontentements étaient nombreux.
Autant d’éléments qui ont confirmé que le Secrétariat général ne fonctionnait pas correctement à cause de «modèles de relations et de processus sur le lieu de travail» qui en plus, sapaient «le bien-être du personnel». «Ils ont mis en danger les opérations, le nom et la réputation, non seulement de Caritas Internationalis mais de toutes les Caritas», a poursuivi le préfet, justifiant ainsi le changement de direction opéré par le Saint-Père, mais aussi la révision et la rédaction de nouveaux statuts afin de prévenir à l’avenir ce genre de problèmes. «Le travail a commencé immédiatement; la guérison a commencé, les statuts ont été révisés, le Secrétariat a pu préparer cette Assemblée, et CI est prête à mieux fonctionner et à mieux servir à l'avenir» a synthétisé le cardinal Czerny.
Loin de se contenter de ces quatre points, le préfet du dicastère pour le Développement humain intégral a insisté. «Des schémas de défaillances représentaient des dangers clairs et réels qui nécessitaient une réponse vigoureuse», et des «changements drastiques» qui ont touché la précédente direction. Malgré ces explications, le cardinal a reconnu que certains pouvaient encore se sentir «tristes, déçus, ou amers».
Nouveaux statuts nécessaires
Alors, pour mieux convaincre du bien-fondé de la mise sous tutelle et rassurer l’assemblée, il a utilisé une sorte de parabole, celle de «Cari Inter», personnage fictif représentant l’organisation, malade et qui a besoin d’un traitement, ce qui attriste ses amis. Comment les prévenir et les mettre au courant de la situation? Le cardinal Czerny en profite pour justifier la manière dont la mise sous tutelle a été annoncée. Le cardinal Tagle et lui-même ont estimé que la conférence du 22 novembre, en présence tous les membres était le meilleur moment. La nomination d’un administrateur provisoire «fut un acte d’amour et de soin, non une dénonciation, parce que Caritas est proche du cœur du Pape, de l’Église et du dicastère pour le Service du développement humain intégral», a-t-il précisé.
Cette parabole a une fin heureuse, car les délégués reprennent maintenant la main avec de nouveaux statuts qui placent CI sous la tutelle du dicastère que dirige le cardinal Czerny. Ce dernier a appelé «à la patience», car faire fonctionner une telle organisation n’est pas simple et des frictions peuvent apparaître comme dans n’importe quelles grandes familles. «Il y a de l’espace pour des améliorations» a-t-il reconnu et pour que ces nouveaux statuts soient vraiment efficaces, il faut la collaboration et l’engagement de tous les membres, comme il l’a exhorté.
L’administration provisoire a toutefois permis que Caritas soit «un réseau plus fraternel avec des niveaux régionaux et internationaux mieux intégrés». «Changer pour l’avenir ne signifie pas nier les réalisations du passé» a encore affirmé le cardinal Czerny qui a conclu en invitant à «promouvoir la réconciliation», «à laisser derrière soi les divisions et les tensions du passé».
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