Cardinal Nichols: le couronnement de Charles III, une synthèse de tradition et de nouveauté
Vincent Gerard Nichols
Les premiers mots du couronnement du roi Charles III, qui aura lieu aujourd’hui dans l'abbaye de Westminster, sont très significatifs. Le premier à prendre la parole est un choriste qui dira: «Votre Majesté, en tant qu'enfants du Royaume de Dieu, nous vous accueillons au nom du Roi des Rois», et le Roi Charles répondra: «En son nom, et selon son exemple, je ne viens pas pour être servi, mais pour servir». La cérémonie qui va suivre ensuite, est profondément chrétienne dans tous ses sentiments et dans toutes ses actions, combinant histoires et innovations, actions et paroles, musiques et prière silencieuse.
On m'a dit que les archives du Palais de Lambeth contenaient des enregistrements de couronnements de rois et de reines remontant au XIe siècle. Dans ces couronnements, il y a quatre éléments constants: l'onction du monarque, le couronnement, la remise de l'épée de justice et la réception de la communion. Tous ces éléments sont également présents dans ce couronnement, enrichi de nombreux autres gestes traditionnels, notamment la remise de l’orbe et du sceptre, ainsi que d'autres insignes. C'est une cérémonie qui exprime la richesse de la tradition, et donc, la continuité et la stabilité.
Mais elle est aussi pleine de nouveauté, intégrant la tradition avec des éléments qui expriment les changements de la société britannique d'aujourd'hui. Des représentants d'autres religions se sont également vu confier un rôle, à savoir la remise des insignes. Une chorale nouvellement composée sera entendue, et chantera dans les différentes langues. Des personnes de tous horizons ont été invitées, ainsi que des dirigeants de nombreuses nations. L'ensemble des confessions chrétiennes est présent, et certaines d'entre elles auront un rôle actif à jouer. À la fin de la cérémonie, avant de quitter l'abbaye de Westminster, le roi sera salué par les chefs religieux des autres confessions, qui s'adresseront à lui en tant que «prochain dans la foi» et recevront à leur tour un signe de reconnaissance de sa part.
L'histoire de ces territoires est profondément marquée par notre histoire religieuse. Jusqu'au XVIe siècle, le couronnement était catholique. Depuis quatre cents ans, il est célébré par l'Église d'Angleterre et continue de l'être. Mais cette fois-ci, de nombreux aspects de l'événement reflètent et renforcent la relation profondément modifiée entre nos deux Églises.
Comme on le sait, le Pape François a offert au roi Charles une relique de la vraie croix du Christ. La relique a été enchâssée dans une croix en argent, qui sera portée en tête de la première procession le jour du couronnement. Le Pape sera représenté au couronnement par le cardinal Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, accompagné du nouveau nonce apostolique, l'archevêque Maury Buendia. La cérémonie elle-même contient de nombreuses traces de ses origines catholiques: le chant du Kyrie, du Veni Sancte Spiritus, du Te Deum et du Gloria, avec un arrangement écrit au XVIe siècle par William Byrd pour les catholiques récusants. En tant que cardinal-archevêque de Westminster, j'ai été invité à participer à la bénédiction du roi nouvellement couronné, une nouveauté qui représente une étape supplémentaire dans la guérison de nos anciennes blessures communes.
Notre histoire, en effet, est une histoire de division, et ceci est également évident dans le présent couronnement. Le serment prêté par le roi avant l'onction et le couronnement est au cœur de la tradition. Il le prête en répondant aux questions suivantes: «Ferez-vous tout ce qui est en votre pouvoir pour maintenir le Royaume-Uni dans la religion protestante réformée, telle qu'elle est établie par la loi? Voulez-vous maintenir et préserver inviolable l'institution de l'Église d'Angleterre, ainsi que sa doctrine, son culte, sa discipline et son gouvernement, tels qu'ils sont établis par la loi en Angleterre?» Le roi prête ensuite le serment de la déclaration d'adhésion.
Récemment, le roi Charles a déclaré qu'il prêtait ce serment en tant que membre pleinement engagé et dévoué de l'Église d'Angleterre. Il a souligné que si ce devoir solennel est son devoir constitutionnel, il a également d'autres devoirs, moins solennellement exprimés mais tout aussi sincèrement accomplis. Le roi Charles a expliqué qu'il s'agissait du devoir de maintenir l'exercice de la liberté de religion au Royaume-Uni et l'accueil des personnes d'autres confessions religieuses et de toutes les confessions.
L'une des innovations les plus importantes de ce couronnement est que le roi priera publiquement, afin que tout le monde puisse l'entendre. Cette prière interviendra immédiatement après le serment. Le roi dira: «Fais que je sois une bénédiction pour tous tes enfants, de toutes confessions et convictions, afin qu'ensemble nous puissions découvrir les voies de la bonté et être guidés sur les chemins de la paix, par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen».
Dans ce couronnement, la complexité de la vie britannique, dans son histoire, ses traditions, ses changements et transformations modernes, est donc clairement exprimée. Mais c'est une expression méticuleuse et fidèle de la foi et de l'espérance chrétiennes. En son centre se trouve la prière, celle silencieuse du roi devant le maître-autel lors de l'ouverture, placée là pour exprimer le désir du roi Charles de montrer clairement que sa première loyauté est envers Dieu, jusqu'à la prière publique qu'il récitera, en passant par l'onction de chrême, les bénédictions et la célébration de la Sainte Communion. Quiconque y assistera n'aura aucun doute sur le fait que la foi et l'espérance chrétiennes sont la base de notre vie.
On m'a dit qu'en dehors de l'État de la Cité du Vatican, il n'y a qu'un seul autre pays au monde où l'investiture du chef d'État se déroule dans le cadre d'une cérémonie religieuse. Pour nous, ici, il s'agit d'une tradition ancestrale qui contribue fortement au sentiment d'identité et de continuité de cette société moderne complexe et à tout ce que nous apportons au monde entier.
Que Dieu bénisse le roi Charles.
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