Des navires parties prenantes de l'accord sur les céréales de la mer Noire attendent de passer le détroit du Bosphore au large des côtes de Yenikapi à Istanbul, en Turquie, le 31 octobre 2022. Des navires parties prenantes de l'accord sur les céréales de la mer Noire attendent de passer le détroit du Bosphore au large des côtes de Yenikapi à Istanbul, en Turquie, le 31 octobre 2022.  

Mgr Gallagher: l'accord sur les céréales ukrainiennes, exemple de dialogue

Le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États est intervenu lors de la rencontre Panem et Pax, organisée conjointement par les ambassades ukrainiennes et turques près le Saint-Siège pour promouvoir l'accord qui garantit l'exportation des céréales de la mer Noire, jeudi 4 mai. Il s'agit du seul accord conclu entre les parties depuis l'invasion russe, qui a permis de garantir l'approvisionnement de millions de personnes dans les pays les plus pauvres.

Michele Raviart - Cité du Vatican

S'il est vrai «qu'il n'y a pas de paix sans pain», car le manque de biens de première nécessité génère des tensions sociales, il est tout aussi vrai «qu'il n'y a pas de pain sans paix». En témoigne la guerre en Ukraine, «qui non seulement offre le triste bilan de tant de morts, de blessés, de disparus, de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur du pays, ainsi qu'une grande destruction d'infrastructures et de bâtiments civils», mais a également provoqué une crise alimentaire mondiale, liée au blocage des exportations de céréales à partir des ports de la mer Noire, qui a affecté 47 millions de personnes dans certaines des nations les plus pauvres de la planète en 2022. C'est ce qu'a rappelé Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales, lors de l'événement «Panem et Pax» organisé à l'Institut Yunus Emre de Rome par les ambassades d'Ukraine et de Turquie près le Saint-Siège. L'objectif de la réunion était de soutenir l'Initiative céréalière de la mer Noire, accord négocié par la Turquie et les Nations unies qui, depuis le 22 juillet dernier, avec l'approbation de Kiev et Moscou, permet à nouveau aux céréales ukrainiennes de quitter la mer Noire.

 

Un accord difficile, crucial pour les plus pauvres

En effet, l'Ukraine est l'un des plus grands fournisseurs de céréales au monde, avec une production totale de près de 24 millions de tonnes par an, ce qui en fait le septième producteur mondial. Selon les chiffres de 2020, plus des deux tiers de cette production étaient destinés à l'exportation, auxquels s'ajoutent 27 millions de tonnes de produits agricoles et d'engrais, principalement destinés aux pays en développement d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie. L'accord signé à Istanbul, qui n'a pas été facile à mettre en œuvre, a permis de surmonter le blocus portuaire, même si les difficultés de mise en œuvre et les menaces de non-renouvellement de l'accord n'ont pas manqué.

Protéger l'accord de l'instrumentalisation

C'est pourquoi l'initiative ne doit pas seulement être saluée, «mais surtout soutenue, en sauvegardant sa nature et en la protégeant d'une instrumentalisation et d'un abus potentiels», a rappelé le diplomate britannique. Deux aspects de l'accord sont particulièrement importants pour le Saint-Siège. Le premier est que l'accord «a été motivé et voulu comme un projet humanitaire».

En effet, il s'agissait non seulement de ne pas perdre les céréales déjà récoltées ou à récolter, mais aussi de stabiliser le marché et de garantir l'alimentation de tant de pauvres de la planète, en tenant compte de leur situation privilégiée par rapport aux autres consommateurs.

Ne pas oublier l'objectif humanitaire de l'initiative

L'accord doit donc bénéficier d'une stabilité maximale, notamment parce que s'il est vrai que les prix des céréales ont baissé, le retard dans les exportations reste important et qu'il est donc essentiel de maintenir constant le flux de sortie des céréales ukrainiennes. Comme l'a rappelé le Pape quelques jours avant l'accord, les céréales ne peuvent pas être utilisées comme arme de guerre, ce qui signifie qu'il faut non seulement éviter d'utiliser les exportations comme moyen de chantage, mais aussi utiliser l'accord à d'autres fins qui ne sont pas directement ou indirectement humanitaires. 

Exemple d'engagement diplomatique fructueux

L'autre aspect clé est que l'accord sur le blé «représente le premier et le seul accord majeur entre les parties depuis l'invasion de l'Ukraine». Il démontre «que les efforts diplomatiques valent la peine et peuvent être fructueux». Même si, après un an et deux mois, les efforts pour rétablir une paix juste n'ont toujours pas abouti, rappelle Mgr Gallagher, cette entente, si elle est bien entretenue et mise en œuvre, «peut servir à reconstruire le climat de confiance qui fait tant défaut et qui pourrait se transformer en un dialogue fructueux également sur d'autres questions qui font l'objet d'un consensus de principe, comme la nécessité d'assurer la sécurité nucléaire et d'empêcher une escalade militaire de cette nature». Comme l'a rappelé le Pape lors de l'Urbi et Orbi de Noël 2022, l’alimentation peut être un instrument de paix et reprendre le chemin perdu le 24 février 2022, le chemin contre la guerre, le chemin de l'humanité.

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06 mai 2023, 13:09