Une responsable aborigène australienne en visite au Vatican
Joseph Tulloch - Cité du Vatican
Miriam Rose Ungunmerr Baumann, enseignante et artiste aborigène australienne, abordera au cours de son séjour les thèmes de la spiritualité, de l'écologie et de la réconciliation entre l'Église et les Aborigènes australiens.
Elle s’est rendue mardi soir aux Musées du Vatican pour dévoiler l’une de ses nouvelles peintures, qui s'inspire - comme la plupart de ses œuvres, notamment son chemin de croix aborigène - à la fois des traditions autochtones et chrétiennes.
À la rencontre de Dieu dans la nature
Dans un entretien accordé à Vatican News, Ungunmerr Baumann explique que son nouveau tableau représente la "saison sèche" dans les Territoires du Nord, sa région d'Australie. Elle a voulu, dit-elle, illustrer les signes que la nature donne pour indiquer la fin des pluies: l'arrivée des libellules, par exemple, et l'apparition du barramundi (poisson) dans la rivière. La relation entre ces phénomènes naturels et sa foi catholique est claire: la nature est le lieu où elle rencontre Dieu.
Lorsque, avant notre entretien, un autre journaliste lui demande comment sa communauté d'Australiens autochtones en est venue à se convertir au christianisme, sa réponse est simple: «Nous avons trouvé Dieu dans la nature». Elle a d'ailleurs choisi cette phrase comme nom de son nouveau tableau.
Réconciliation avec les peuples autochtones
La visite de Ungunmerr Baumann coïncide avec la Semaine de la réconciliation en Australie, une célébration annuelle de l'histoire et de la culture aborigènes, et avec la célébration du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques entre l’Australie et le Saint-Siège.
Pendant son séjour à Rome, elle rencontrera Mgr Paul Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États du Saint-Siège, et discutera des affaires autochtones. Les ambassadeurs auprès du Vatican de divers pays ayant des populations autochtones participeront également à cette rencontre.
Ungunmerr Baumann insiste sur le fait que la construction de ponts entre les peuples autochtones et non autochtones doit être comprise en termes de «réconciliation». «Il s'agit pour nous d'apprendre à vous connaître, explique-t-elle, et pour vous d'apprendre à nous connaître».
Cinquante ans de liturgies autochtones
Ce mercredi, la responsable aborigène participe à une messe marquant le cinquantième anniversaire de la première liturgie autochtone.
À cette occasion, en 1973, un grand nombre d'Aborigènes s'étaient rassemblés à Melbourne pour la première messe intégrant des éléments des langues et de la culture autochtones. «Jésus était là pour tout le monde», affirme Ungunmerr Baumann. «Lorsqu'il se dépose dans l'hostie au moment de la communion, il est là pour tout le monde, peu importe qui».
Une audience avec le Pape François est également prévue ce mercredi. Ce n'est pas la première fois qu'un membre de la famille Baumann rencontre un dirigeant de l'Église catholique. Lors de la visite du Pape Jean-Paul II en Australie en 1986, le Souverain pontife avait rencontré la sœur d’Ungunmerr Baumann, et béni son jeune fils. Celui-ci s'est suicidé à peine vingt ans plus tard, rappelant de manière brutale les nombreuses luttes et inégalités auxquelles sont encore confrontées les communautés aborigènes d'Australie.
Discussions avec des représentants du Vatican
Ungunmerr Baumann rencontrera d’autres hauts responsables du Vatican, comme Mgr Paul Tighe, secrétaire du dicastère pour l'Éducation et la ulture. Elle s’entretiendra également avec des représentants de Caritas Internationalis et de l'Union des supérieures générales internationales, qui rassemble les responsables des ordres religieux féminins du monde entier. Avec eux, elle interviendra sur le thème "Une perspective autochtone sur l'écologie intégrale: le concept de Dadirri", du nom d’une pratique spirituelle aborigène.
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