Célébration eucharistique du cardinal Grech pour la solennité du Sacré-Coeur de Jésus

Adriana Masotti - Cité du Vatican

La solennité du Sacré-Cœur de Jésus introduit de manière particulière la réflexion sur l'écoute du «cœur de Dieu» pour essayer de l'imiter, et sur le processus synodal en cours qui demande précisément à l'Église d'apprendre à écouter. L'Université catholique de Rome a célèbré cette solennité par une concélébration eucharistique présidée par le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, qui a prononcé l'homélie en la centrant sur la nécessité «d'éduquer» le cœur à écouter. Aux côtés du cardinal Grech, était présent l'assistant général de l'Université, Mgr Claudio Giuliodori. Parmi les personnes présentes à la célébration figuraient le préfet du Dicastère pour la Communication, Paolo Ruffini. 

Dans son homélie, le cardinal Grech s'est adressé aux jeunes étudiants, en les définissant comme «une parole vivante de Dieu qui nous interroge». L'expérience qu'ils vivent ensemble, dans la formation donnée et reçue, dans la recherche, dans le travail quotidien, dans la construction de leur vie et dans l'engagement d'être au service de l'autre et au service du bien commun, a-t-il dit, est la plus grande contribution qu'ils puissent apporter à l'Église et à la société. Elle peut être aussi un «laboratoire de synodalité».

Éduquer le cœur à écouter

Il a rappelé les paroles de Jésus : «Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur» et, précisé que dans la Bible le cœur «est le lieu de l'intelligence, de la conscience, des décisions. Et pour ce faire, on écoute d’abord dans le cœur et avec le cœur». Pour une écoute véritable, a-t-il poursuivi, il faut «éduquer» le cœur, c'est-à-dire «faire place à Dieu et aux autres», faire une pause dans le rythme effréné du quotidien. Faites place à Dieu, d'abord dans la prière et l'adoration en Lui demandant de grandes choses. «Un jeune, a encore dit le cardinal Grech, doit nécessairement se sentir appelé à faire de grandes choses ! Il ne serait pas jeune s'il n'en était pas ainsi. Il faut faire des jeunes des audacieux, qui voient grand. On ne peut pas faire autrement car même Dieu pense ainsi pour eux pour leur existence».

La prière la plus audacieuse est de demander un cœur docile

L'exemple que le cardinal Grech a cité est celui du jeune Salomon mentionné dans la Bible. « Le nouveau roi fait preuve d'audace dans la prière ». Il demande un cœur docile qui sache distinguer le bien du mal. Et « un cœur docile » signifie un cœur capable d'écouter la Parole de Dieu et donc disponible pour faire sa volonté, se libérant « de toute résistance, de toute tentation de fuir les difficultés ». La Parole de Dieu s'incarne dans le Peuple saint, surtout chez les petits. Cependant, la Parole de Dieu ne se trouve pas seulement dans les Saintes Ecritures, mais aussi en prêtant « attention à la voix du Peuple de Dieu » et en particulier à celle des plus petits et des exclus. « La voix du Saint Peuple de Dieu est souvent négligé par ceux qui veulent connaître le dessein de Dieu », observe le Cardinal Grech. Dans les pauvres nous rencontrons le Christ qui est le Verbe incarné. Si nous faisons de la place et prêtons attention aux pauvres, nous laissons aussi place dans notre cœur à la Parole.

Douceur et humilité, les voies vécues par Jésus

Deux voies indiquées par Jésus pour avoir un cœur capable d'écouter vraiment Dieu et ses frères c’est la douceur et l'humilité. « La douceur est un chemin difficile pour nous », souligne le cardinal Grech, car la logique du monde est opposée, elle nous pousse à mener la vie, précieuse devant Dieu, comme une compétition ». La seconde voie c’est celle de l'humilité. Les humbles sont « les petits », ce sont ceux qui se présentent « désarmés » dans la vie. Et le cardinal de poursuivre : « Souvent, nous pensons le contraire et nous nous armons le plus possible lorsque nous entrons en dialogue avec quelqu'un, pour pouvoir lui répondre, pour défendre nos positions. Mais, selon le secrétaire général du Synode, nous nous rendons compte à travers notre expérience que cette « course aux armements », ne peut pas nous conduire à la paix ; elle ne peut pas nous mener à l'expérience d'une écoute vraie et authentique, car nous sommes plus soucieux de répondre que engagés à écouter. Au lieu de cela, le secret de la vraie sagesse est un cœur désarmé.

Écouter et enseigner l'écoute

«Des mots simples mais exigeants», douceur et humilité. Comment les vivre au quotidien ? «En se tournant vers ceux qui nous entourent - répond le cardinal Grech - travaillant pour eux sans réserve, se réjouir avec ceux qui se réjouissent, pleurer avec ceux qui pleurent, se mettre à leur service avec nos muscles et notre intelligence… ». Revenant sur l'expérience de l'Université, il a réitéré qu'elle «est une école d'écoute, un laboratoire de synodalité authentique. Un laboratoire de vie». Le cardinal Grech a exhorté les jeunes étudiants à accepter l'invitation de Jésus à «apprendre de lui»: apprendre «à écouter et enseigner l'art d'écouter». Et il a conclu en déclarant que «c'est un aspect de la mission des Universités au sein  de l'Église : devenir une école de « synodalité », parce qu’elles sont  des  laboratoires de véritable écoute, à l'exemple de Jésus, dans la douceur et  l’humilité».

Remise des prix de l'Université

A la fin de la célébration eucharistique, le recteur de l'Université catholique, Franco Anelli, a présenté les hommages de l'Université au cardinal Grech et au préfet Paolo Ruffini, exprimant l'appréciation et l'admiration de toute la communauté universitaire pour les deux personnalités choisies cette année. Des figures qui, de différentes manières, incarnent les valeurs qui sont à la base de l'Université elle-même : les deux, a affirmé le recteur, sont un exemple et un guide pour leur travail et notre comportement. Il a lu, par la suite, les motifs des deux prix.

En lisant les raisons de la reconnaissance accordée au préfet du dicastère pour la Communication Sociale, le recteur a affirmé que l'Université catholique lui rend hommage «pour son engagement pluriannuel et articulé dans le domaine de la profession de journaliste et de communicateur», alliant toujours «la rigueur professionnelle d'un journaliste et la créativité artistique du directeur de réseau avec son trait personnel de grande humanité et son souci constant de construire des relations personnelles authentiques».