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La statue de Laocoon vandalisée au Vatican. La statue de Laocoon vandalisée au Vatican. 

Vatican: des activistes condamnés pour s'être collés à une sculpture des Musées

Plus de 28.000 euros de dommages et intérêts et 9 mois de prison avec sursis, c’est la sanction affligée par le tribunal du Vatican, ce lundi 12 juin, à deux activistes italiens du mouvement "Dernière Génération". Le 18 août 2022, ces militants pour le climat avaient littéralement collés leur main à une célèbre statue des Musées.

Vatican News

Les deux activistes italiens du mouvement pour le climat "Dernière Génération" avaient, le 18 août 2022, collé leurs mains au socle de la sculpture représentant la mort tragique du prêtre troyen, Laocoon, et de ses deux fils ; une œuvre datant d'environ 40 ans avt JC autour duquel les Musées du Vatican ont été fondés il y a plus de 500 ans.

Ce lundi, quelques mois après les faits, les militants ont été reconnus coupables et condamnés par le Tribunal du Vatican à neuf mois d'emprisonnement et à une amende de 1500 euros, pour délit de dégradation aggravée, et à verser 28.148 euros de dommages et intérêts au Gouvernorat de la Cité du Vatican.

L'exécution de la peine, pour Guido Viero, 62 ans, et Ester Goffi, 26 ans, reste cependant suspendue pendant cinq ans. Tout comme est suspendue pendant deux ans l'exécution d'une amende de 120 euros infligée à Guido Viero et Laura Zorzini, une troisième militante qui a filmé ses deux accolytes, pour avoir résisté à l'ordre de la gendarmerie Vaticane de les suivre au poste.

La sentence prononcée par le président du tribunal, Giuseppe Pignatone, a marqué la fin d'un procès ouvert le 9 mars dernier.  

Réquisitoire du ministère publique

De son côté le promoteur de justice, Catia Summaria, avait demandé, pour les deux principaux accusés, une peine de 2 ans et 5 jours de reclusion pour Guido Viero et de 2 ans pour Ester Goffi, assortie d'une amende de 3 mille euros et d'un mois de prison pour Laura Zorzini.

À titre subsidiaire, en cas de condamnation avec sursis, Catia Summaria avait demandé que celle-ci soit assortie de dommages et intérêts. Guido Viero et Ester Goffi, outre les dommages et intérêts, devront également payer les frais de justice et les honoraires des avocats de la partie civile, le Gouvernorat, réglés à hauteur de mille euros.

La défense voulait l'acquittement 

La défense, désignée d'office, avait plutôt invoqué l'acquittement, leur action ne constituant pas un crime selon elle. L'avocate de Guido Viero, Rita Claudia Baffioni, a parlé de «saleté» et non de «dégâts», soulignant que le solde final des frais de restauration était de 3 148 euros, contre les 150 mille du devis. De plus, il s'agit pour l'avocate d'une faute simple, non consciente et non intentionnelle. Les deux accusés ont déclaré à plusieurs reprises qu'ils n'ont jamais voulu, par leurs actes, «nuire ni aux personnes ni aux objets». L'avocate d'Ester Goffi, Cristiana Arru, a elle réitéré la thèse selon laquelle le socle et l'œuvre, «d'une valeur incommensurable», ne peuvent être mis sur le même plan, car même le principal témoin de l'accusation, le chef du laboratoire de restauration marbre et matériaux de pierre des Musées du Vatican, Guy Devereux, aurait parlé du bloc de marbre comme d'un simple cadre pour permettre le mouvement de l'œuvre et non l'abîmer. Le restaurateur a également reconnu avoir moins travaillé que prévu, avec une légère intervention esthétique.

Les conclusions de l'accusation

Le promoteur de justice, Catia Summaria, en justifiant les sanctions demandées, a contesté les déclarations de Guido Viero qui  dénonçait le manque d'assistance de l'État italien aux citoyens pour les protéger des catastrophes environnementales telles que la dernière inondation dans la région italienne de l'Emilie Romagne. Nous sommes ici au Vatican, a-t-elle rappelé, et dans cet État, pour une prétendue défense des valeurs universelles, de nombreuses règles simples ont été violées, en ne respectant pas l'interdiction d'approcher une œuvre d'art et puis aussi de fournir des informations générales correctes à les autorités. 

Ils savaient qu'ils allaient causer des dommages

Lors de la dernière audience, la partie civile était représentée par l'avocate Floriana Gigli, qui a déposé les conclusions de son confrère du bureau juridique du Gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican. L'avocatie a rappelé qu'aucun des deux accusés ne se sont jamais excusés pour le dommage qu'ils savent avoir causé à un bien des Musées du Vatican, qu'ils ont banalisé en prétendant qu'il n'est pas visible du côté des visiteurs. Pourtant, a-t-elle poursuivi, ils savent bien que le dommage est permanent. Pour une œuvre, le socle, qui date d'ailleurs de 1815, fait aujourd'hui partie intégrante du Laocoon.

Selon le plaignant, il y a beaucoup d'indignation dans l'opinion publique, face aux déclarations selon lesquelles cela causerait des dommages mineurs par rapport à ce que l'environnement subit avec le changement climatique. Mais il n'est pas correct, pour les avocats du Gouvernorat, d'opposer l'art et la nature. L'encyclique du Pape Laudato sì, citée par les accusés, ne justifie pas les actions violentes et dommageables. «Le résultat de leur action n'est que leur visibilité publique». Ici, le dommage est certain, et il est établi. Les deux accusés, conclut l'avocate, «savaient que la colle cyanoacrylate causerait des dommages, c'est pourquoi ils l'ont appliquée sur le support. Ils ont accepté le risque d'un dommage esthétique».
 

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13 juin 2023, 12:22