Le Synode, «un nouveau mode d’être Église»
Vatican News
«Ne nous lassons pas de prier sans cesse pour la paix»: c'est par ces mots que le cardinal secrétaire général du Synode des évêques, Mario Grech, a ouvert les travaux du synode vendredi matin, rappelant «qu'aujourd'hui est un jour de jeûne et de prière pour la paix». le cardinal faisait référence au temps de prière organisé vendredi soir dans la basilique Saint-Pierre.
Paolo Ruffini: vers le vote du «Rapport de synthèse»
320 membres étaient présents à la Congrégation générale de vendredi matin en raison d'engagements simultanés au sein de la Curie romaine et d'autres réunions, a expliqué Paolo Ruffini dans son rapport sur les travaux du synode. Après la prière, avant la discussion en cercles mineurs et les interventions libres - consacrées à recueillir des questions, des suggestions et des propositions concernant la prochaine phase du processus synodal qui nous accompagnera jusqu'au mois d'octobre de l'année prochaine - quelques informations ont été données sur le projet final du rapport de synthèse.
Jeudi, à la fin de la discussion sur le premier projet de rapport, a expliqué le préfet, 1125 amendements collectifs ont été recueillis auprès des cercles et 126 amendements individuels. «Tous ont été et seront pris en considération. Ceci par respect pour ceux qui les ont soumis. Le travail de réception est toujours en cours. Les rédacteurs et les experts - que l'Assemblée a applaudis - travaillent, même pendant la nuit, pour préparer la version actualisée du texte».
Paolo Ruffini a expliqué que «l'intention est d'accueillir tout d'abord les amendements largement acceptés, afin qu'ils puissent trouver leur place dans la mise à jour du texte». Après avoir accepté les amendements fournis par les cercles mineurs, le texte sera examiné lors de la réunion de la Commission du rapport de synthèse.
Conformément à l'article 33 § 2 de l'Instruction sur la célébration des Assemblées synodales, la Commission sera appelée à approuver le texte à la majorité absolue, a précisé le préfet. «Ensuite, entre vendredi soir et samedi matin, la version définitive du texte sera préparée et, par conséquent, la Congrégation générale prévue dans le calendrier n'aura pas lieu samedi matin. Les membres auront le texte en milieu de matinée. Les versions officielles seront en anglais et en italien.
«De cette façon, a insisté Paolo Ruffini, nous avons essayé de donner à chacun suffisamment de temps pour pouvoir lire à l'avance le rapport de synthèse dans sa version finale, afin de pouvoir mieux préparer le vote de l'après-midi. Le texte remis aux membres doit être considéré comme strictement confidentiel et ne peut être diffusé d'aucune manière».
Samedi après-midi, la Congrégation générale commencera à 15h30 et débutera par une lecture de l'ensemble du rapport de synthèse. Cette lecture sera suivie du vote électronique, qui permettra un vote secret pour chaque paragraphe du texte. Sur la base de l'article 35 § 3 de l'Instruction sur la célébration des Assemblées synodales, l'abstention n'est pas admise. Selon le § 4 du même article 35 de l'Instruction, les paragraphes individuels sont considérés comme approuvés dès la majorité des deux tiers des membres présents lors du vote.
Paolo Ruffini a également annoncé que les méditations offertes par le Père Timothy Radcliffe lors de la retraite spirituelle à Sacrofano - qui était présent au briefing - sont rassemblées dans un livre disponible en italien et en anglais qui a été distribué aux membres du Synode. Et, selon la volonté expresse du Saint Père, un autre livre (disponible en quatre langues : italien, anglais, français et espagnol), qui rassemble les quatre lettres que le Père Radcliffe a adressées à l'Ordre Dominicain pendant les années où il a été Maître Général, a été offert aux membres du synode.
Le dimanche 29, a rappelé le préfet, la célébration eucharistique pour la conclusion du synode aura lieu à 10 heures dans la basilique Saint-Pierre.
Sheila Pires: pour une plus grande implication synodale
La secrétaire de la Commission pour l'information, a ensuite présenté le cadre et le contenu des interventions au sein des cercles mineurs, toutes axées sur la phase qui suivra la fin du prochain synode, après le mois d’octobre 2024. Le thème de la journée était en effet celui d’un partage d'idées et de propositions sur les méthodes à emprunter et les étapes de la prochaine phase du processus synodal, avant sa deuxième session l’an prochain.
De nombreux participants ont suggéré que la durée de la prochaine Assemblée soit de trois semaines et non de quatre. Et qu'il y ait plus de temps pour la réflexion personnelle et la méditation, ce qui permettrait également une meilleure participation aux interventions au sein de l'Assemblée. Il a également été demandé que les réunions de groupe soient plus nombreuses, moins axées sur la langue que sur les antécédents de chacun.
Il a été proposé en outre que soit rédigé un bref résumé du document de synthèse dans une langue plus compréhensible pour tous, en particulier pour les jeunes. L'importance de faire entrer les «conversations dans l'Esprit dans les communautés, pour éviter le risque que les discussions soient déconnectées de la vie concrète du peuple de Dieu» a ensuite été soulignée. En outre, «il a été suggéré d'impliquer les communautés locales à tous les niveaux, en suivant un chemin synodal». Enfin, a conclu Sheila Pires, «des propositions ont été faites pour mettre en application la synodalité et la coresponsabilité, en faisant bon usage des possibilités déjà offertes par le droit canonique, pour impliquer les jeunes, les femmes et les diacres».
Mère Angelini: au Synode avec l'expérience bénédictine
Mère Maria Ignazia Angelini, bénédictine du monastère de Viboldone, a été l'assistante spirituelle du Synode. Un rôle, confie-t-elle, «qui me convient profondément, en participant à l'écoute, à la prière et à l'interaction avec les membres du Synode, aux différentes pauses entre les Cercles mineurs, à partir d'une expérience de monachisme dans l'Église, une expérience marginale depuis le début mais avec une charge prophétique, et je pense à saint Benoît».
Il a été significatif, a poursuivi Mère Angelini, «de pouvoir représenter mon absolue insignifiance dans ce fil continu de sens de l'histoire de l'Eglise, tapie à la racine des questions abordées, racine qui s'exprime dans la vision monastique de la vie de l'Eglise dans l'étude des Ecritures, la prière et la relation fraternelle, qui devient hospitalière».
De ce point de vue, la bénédictine a souligné à nouveau le caractère «révolutionnaire» du Synode, «un changement de rythme dans la vie de l'Église, dans le sens de l'inclusion des présences», avec «un rayon d'ouverture dans la capacité d'écouter les différences, dans la capacité de regarder la réalité, dans un moment complexe de l'histoire, indéchiffrable, qui demande à la foi une vision à partir de la perspective la plus élevée dans laquelle la présence de Dieu se fait chair».
«L'Écriture nous donne des critères profonds et lumineux pour interpréter des moments historiques aussi terribles», a poursuivi Mère Angelini, qui a ensuite fait l'éloge de la manière «profondément novatrice» dont les cardinaux, les évêques, les théologiens et les laïcs se sont réunis, avec toutes leurs différences, pour prier ensemble et s'écouter les uns les autres. Il sera important «de voir comment nous irons de l'avant à partir de cette expérience», a-t-elle conclu.
Père Radcliffe: avec le style d'apprendre ensemble
Le père Timothy Peter Joseph Radcliffe, dominicain du monastère britannique d'Oxford, a ensuite pris la parole. Lui aussi a participé au synode en tant qu'assistant spirituel. La synodalité fait partie de la manière d'être de son ordre, fondé il y a huit cents ans, où les décisions sont prises ensemble, a-t-il déclaré. Comme il s'agit de son quatrième synode, il a noté que celui-ci était vraiment différent des autres. «Je pense que le fait de voir des cardinaux, des jeunes femmes d'Amérique latine et d'Asie s'asseoir ensemble pour parler est déjà transformateur du point de vue de l'expérience des gens et de leur façon d'être Église».
Cependant, a-t-il assuré, «c'est certainement encore un synode d'évêques, parce qu'il révèle très clairement ce que signifie être des représentants du collège des évêques, non pas en tant qu'individus solitaires, mais en tant qu'évêques immergés dans la conversation de leur peuple» en «écoutant, en parlant, en apprenant ensemble».
Le père Radcliffe a également évoqué les changements que beaucoup attendent pour l'avenir de l'Église: «Cela signifie qu'ils ne cherchent peut-être pas la bonne chose, parce que nous nous réunissons pour déterminer comment être l'Église d'une nouvelle manière, plutôt que de prendre des décisions spécifiques ; comment nous pouvons être une Église qui écoute et dont les membres écoutent à travers les cultures, et écoutent la tradition au fil du temps. Nous apprenons à prendre des décisions ensemble, à nous écouter les uns les autres: nous sommes au début d'un processus d'apprentissage, il y aura donc des obstacles et des erreurs, et ce n'est pas grave, car nous sommes en chemin».
En effet, a-t-il souligné, un tel «processus d'apprentissage est d'une importance extraordinaire aujourd'hui. Nous vivons dans un monde plein de violence, où la communication entre les personnes est rompue, comme au Moyen-Orient, en Ukraine et dans de nombreuses régions d'Afrique, mais aussi dans nos propres pays, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, où nous assistons à une polarisation, et d'une manière ou d'une autre, nous devons apprendre à nous parler et à nous écouter les uns les autres». L'espoir est donc que ce Synode ne soit pas seulement «utile pour guérir les blessures de l'Église, mais aussi pour l'humanité».
Frère Alois : une nouvelle manière d'être Église
Frère Alois, prieur de la communauté de Taizé depuis 2005, après le décès de frère Roger (le 3 décembre il laissera la place à frère Matthieu) - qui participe au synode comme " invité spécial " - a commencé par citer une expression qui lui a été confiée par un pasteur réformé présent dans la salle comme délégué fraternel : " Ce synode est une profonde expérience de communion ". Des paroles significatives qui témoignent de ce que l'Assemblée synodale a été véritablement " ouverte à tous les chrétiens et au monde ". À cet égard, frère Alois a rappelé la veillée œcuménique qui s'est déroulée sur la place Saint-Pierre le 30 septembre en présence de représentants de différentes Églises et communautés chrétiennes : " c'est une image - a-t-il dit - de ce que nous vivons actuellement dans l'œcuménisme, c'est un kairos, une ouverture, un moment qui nous permet d'avancer dans l'œcuménisme spirituel " en partant de la conscience que " nous sommes tous baptisés dans le Christ " et que " nous faisons partie d'un seul corps ". Cela, a-t-il ajouté, "était palpable tout au long du Synode", en particulier dans l'écoute, la simplicité, la volonté de dialogue, la joie d'être ensemble. J'espère vraiment que ce style, a-t-il souhaité, pourra se répandre dans de nombreux endroits du monde, parce que le processus synodal nous conduit à une nouvelle manière d'être Église".
La méthode synodale ne fait pas peur
À la première question des journalistes - qui lui demandaient si, d'une certaine manière, étant donné ses livres sur la communication que le pape François a beaucoup appréciés, il se considérait comme l'un des " bâtisseurs " de ce Synode - le père Radcliffe a répondu qu'il n'avait pas de rôle particulier à jouer, mais qu'il avait participé au dialogue commun. Interrogé ensuite sur la capacité du Synode à faire entrer l'Église dans une nouvelle phase malgré le scepticisme de certains, frère Alois a redit qu'il avait apprécié dans les travaux de ces semaines une certaine évolution du dialogue entre des personnes de milieux culturels différents qui avaient cherché à se comprendre, se disant certain que le Synode avait opéré une transformation dans leurs âmes selon " ce chemin que nous devons prendre tous ensemble ".
Le père Radcliffe lui a fait écho en affirmant que de nombreuses personnes craignent la méthode synodale parce qu'elles ne la comprennent pas, craignant que le débat synodal soit de nature politique et provoque des schismes, alors que c'est le contraire qui se produit. "Le synode est un événement de prière et de foi", a-t-il fait remarquer.
Interrogé sur les suggestions pratiques qu'il donnerait à un curé pour mettre en œuvre les concepts de ce synode, le père Radcliffe a déclaré que le thème récurrent du synode était la critique du cléricalisme ; cependant, cela ne devrait pas alarmer les prêtres, mais plutôt souligner tous les aspects positifs du sacerdoce diocésain, sa beauté, en soutenant le travail de ceux qui évangélisent.
Interrogé sur d'éventuelles lectures politiques du synode, le père Radcliffe a souligné qu'il ne pensait pas qu'un conflit idéologique ait émergé des débats. Ce qui est ressorti, ce sont les différences culturelles. Et la beauté du catholicisme est d'accueillir des personnes du monde entier, parce que les cultures ont une belle diversité qui enrichit. Ce qui peut être une préoccupation pour un environnement culturel ne l'est pas pour ceux qui vivent ailleurs. Apprendre à être respectueux des préoccupations des autres, a-t-il dit, est donc une question beaucoup plus importante que les questions idéologiques qui n'ont pas été abordées lors du Synode.
A cet égard, a observé frère Alois, nous vivons dans un monde où il y a de plus en plus de peurs et d'angoisses. La tentation de s'enfermer dans des idéologies existe, mais dans l'Église, on peut vraiment aller à contre-courant, traverser les frontières.On le voit, a-t-il dit, avec les jeunes de Taizé, qui veulent être plus compréhensifs, plus respectueux des différentes manières d'exprimer la foi.Dans l'Église, a-t-il conclu, il faut trouver une manière encore plus claire de vivre la beauté de la diversité.
En réponse à une question sur l'admission des homosexuels au séminaire, le père Radcliffe a souligné que le problème n'est pas l'exclusion, mais le fait que certaines personnes ont fait de l'homosexualité "un élément central de leur identité", ce qui soulève des doutes quant à leur aptitude à la prêtrise.Interrogé ensuite sur les fruits que peut porter le Synode, le théologien dominicain a rappelé qu'il ne s'agissait pas seulement d'un exercice de dialogue mais surtout de partage, appréciant l'ouverture de tous "à la vie et à l'expérience de personnes qui viennent d'endroits différents". Dans la même veine, le prieur de Taizé a souligné que la méthode d'écoute "a été fructueuse", même s'il faut du temps pour voir les fruits de ce qui a été semé, et il a apprécié le fait que "dans cette assemblée, cet espace d'écoute a été donné selon une méthode profondément évangélique ».
Répondant à une question sur les jeunes, Mère Angelini a dit que n'ayant pas participé aux Cercles mineurs - définis comme un moment fécond où l'on peut expérimenter le "passage du 'je' au 'nous'" - son point de vue est partiel, mais il lui permet au moins de saisir la gravité du problème.Il s'agit, a-t-elle expliqué, de la nécessité pour l'Église de trouver un langage approprié, surtout dans le monde numérique et la communication par les nouveaux médias, mais aussi le langage liturgique, qui est absolument obsolète pour les nouvelles générations. Et c'est sur ce point, a-t-il ajouté, qu'un besoin de conversion a émergé au sein du Synode.En ce sens, la présence des frères de Taizé à la prière œcuménique du 30 septembre a été un moment fort. "Tout dépend maintenant de la capacité des membres du Synode à porter ces instances dans les Eglises locales", en identifiant des lieux d'écoute mutuelle pour porter ce grand problème de l'absence des jeunes dans la vie de l'Eglise. Si un tel besoin s'est manifesté au cours du Synode, a poursuivi Mère Angelini, il est maintenant nécessaire d'agir comme médiateur et de prier pour qu'il y ait des lieux où les jeunes se sentent appelés, attirés et impliqués dans un processus de conversion ecclésiale, et pas seulement de dialogue personnel, parce qu'ils ont besoin de raconter leurs histoires et doivent aussi être inclus dans des chemins de discernement, de lecture de l'histoire, de décisions à un niveau pratique dans les Églises locales".
A la suite d'une question, Paolo Ruffini a rappelé qu'il n'était pas possible de s'abstenir lors du vote et a évoqué les propositions que chaque cercle était invité à discuter. En pratique, le chemin à parcourir d'ici la prochaine assemblée est tout tracé et un discernement ultérieur est nécessaire dans les diocèses. De manière significative, la question a été soulevée de savoir comment impliquer le peuple de Dieu - qui vit dans des lieux très différents, qui peuvent être des lieux de guerre ou de souffrance - dans un voyage dans lequel il est impliqué. Cependant, conclut-il, les commentaires doivent parvenir d'ici ce soir à la commission, qui les traitera, pour les faire siens ou pour faire des propositions. Le Père Radcliffe est intervenu pour ajouter "que c'est la première fois que des non-évêques ont le droit de vote".
A une question sur l'importance de guérir les blessures de l'humanité, le Père Radcliffe a répondu qu'il était nécessaire de "tendre la main aux personnes blessées, en prenant soin d'elles". Il a également mentionné l'expérience de Luca Casarini, participant au Synode, qui est impliqué dans le sauvetage des migrants en mer. Prendre soin de notre prochain nous permet de guérir les blessures des autres, tout comme il est très important d'écouter la voix des personnes blessées, ce qui nous permet de les aider dans leur guérison", a-t-il conclu.
Quant à une éventuelle relation directe entre la réflexion du Synode et le communiqué de ce matin concernant le père Rupnik - avec la décision du pape de renoncer à la prescription pour permettre la tenue d'un procès - le préfet Ruffini a déclaré : "Je ne crois pas qu'il y ait une relation avec ce que le Synode a dit à plusieurs reprises et ce que l'Église fait depuis des années pour s'attaquer au fléau des abus et pour faire un chemin de pénitence, qui n'a pas commencé aujourd'hui, et pour travailler aux nouvelles normes qui ont été approuvées". Le Synode, cependant, ne traite pas les cas individuels, a ajouté M. Ruffini, rappelant l'importance du travail du pape François dans la lutte contre les abus.
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