Femmes africaines: une Église synodale célèbre les différences sans les cacher
Vatican News
Le texte de la Lettre au Peuple de Dieu a été distribué aux participants au Synode mercredi 25 octobre, lors de la 17e Congrégation générale de la première session de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, qui comptait 348 présents. Le texte du Document de synthèse final qui sera lu samedi matin, le 28 octobre, et voté dans l'après-midi a également été présenté et distribué mercredi matin. C'est ce qu'ont annoncé Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication et président de la Commission pour l'information, et Sheila Pires, secrétaire de cette même Commission, lors du briefing avec les journalistes.
Sheila Pires: la Lettre au peuple de Dieu
La Lettre au Peuple de Dieu, «modifiée selon les suggestions de l'Assemblée à travers des interventions orales et écrites» depuis le début de la semaine, a été remise aux membres du Synode traduite dans les différentes langues. Le projet devait être soumis au vote dans l’après-midi lors de l'ouverture de la 18ème Congrégation générale. Comme l'a dit le cardinal Grech au début des travaux ce matin, il s'agit d'un «texte simple» qui vise à raconter «l'expérience positive» vécue au synode. Au départ, a poursuivi Sheila Pires, «il a même été envisagé de l'approuver par acclamation, afin de laisser plus de temps pour la discussion sur le document de synthèse».
Paolo Ruffini: le processus du document de synthèse
Paolo Ruffini a ensuite expliqué que le document de synthèse final de cette première session du Synode a également été présenté et distribué. Ce texte de 40 pages a été distribué en italien et en anglais, avec des traductions de travail dans d’autres langues. Et «la manière dont se dérouleront la discussion et le vote sur le document a également été expliquée». En outre, a ajouté le président de la Commission pour l'information, «ce fut aussi l'occasion de réaffirmer la nature et l'autorité de l'Assemblée, y compris en ce qui concerne la présence de membres non évêques. Il s'agit - a-t-il été rappelé - d'une Assemblée consultative. La participation des non-évêques est prévue par la Constitution Episcopalis communio. La phase d'assemblée dans laquelle nous nous trouvons ne constitue pas un nouveau départ, mais une étape supplémentaire de discernement dans le cadre du processus synodal envisagé par Episcopalis communio. Le caractère épiscopal de l'Assemblée n'est pas compromis par la présence de membres qui ne sont pas investis du "munus" épiscopal. Leur présence ne change pas la nature de l'Assemblée, qui est et reste épiscopale. Leur présence se justifie dans la logique du témoignage: ils rappellent à tous que cette Assemblée n'est pas un événement isolé, mais une partie intégrante et une étape nécessaire du processus synodal, prolongeant et approfondissant au niveau de toute l'Église l'écoute et le discernement ecclésial initiés par le Saint-Père le 10 octobre 2021».
Les travaux de l’après-midi
«L'après-midi, au cours de la Congrégation générale, après le vote sur la Lettre, commencera la discussion du texte du document final, à la fois par des interventions en salle et par la discussion en cercles restreints. Seuls les membres, c'est-à-dire ceux qui ont le droit de vote, pourront prendre la parole». «La discussion se poursuivra jeudi matin en cercles mineurs et l’après-midi en Congrégation générale, initialement prévue pour recueillir des propositions sur les méthodes et les étapes de la prochaine phase du processus synodal», a ajouté le préfet. «Afin de laisser plus d'espace à la discussion, a-t-il ajouté, il a été décidé de prévoir une Congrégation générale supplémentaire, qui se tiendra vendredi matin, un jour initialement consacré à une pause. La Congrégation du vendredi matin sera consacrée à recueillir des propositions sur la prochaine phase du processus synodal avant la session de l'année prochaine». La décision de «prévoir cette Congrégation supplémentaire a été soumise au vote», a expliqué le préfet. «Chaque cercle et chaque membre individuel, a annoncé Paolo Ruffini, pourra soumettre des propositions d'élimination, d'ajout ou de remplacement de passages du rapport, avec ce que l'on appelle des "modalités"». En particulier, «les "modalités" de chaque cercle devront être approuvées une à une par la majorité absolue des membres présents ayant le droit de vote». Outre les "modalités" collectives, il est toujours possible pour les membres d'envoyer une "modalité" personnelle, non présentée en cercles mineurs ou même non approuvée par ces derniers. Le texte final du rapport de synthèse de l'Assemblée sera lu samedi matin et voté ce même jour dans l'après-midi.
Cardinal Prevost: l'expérience latino-américaine
Le cardinal augustinien américain Robert Francis Prevost, préfet du dicastère pour les Évêques et président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine, archevêque-évêque émérite de Chiclayo au Pérou, a pour sa part rappelé son expérience dans l'Ordre de Saint Augustin, certain que cette figure et la vie consacrée ont beaucoup à donner à l'Église. L'évêque d'Hippone, bien connu pour ses enseignements sur les questions théologiques relatives à l'équilibre et à la nécessité de comprendre la foi et la raison dans la recherche du divin, en unissant le cœur et l'esprit sans les séparer, a enseigné l'importance de l'écoute de la Parole de Dieu. Dans le diocèse péruvien où il a été évêque pendant neuf ans avant d'être appelé par le Pape à Rome, a expliqué le cardinal Prevost, des assemblées de style synodal ont été convoquées, avec des représentants des mouvements, des paroisses, de la vie consacrée, des prêtres, pour chercher ensemble le type d'Église qui réponde, entre autres, à la nécessité de s'occuper des pauvres et des personnes éloignées. En ce sens, le style synodal de promotion de la vie de l'Église est bien connu en Amérique latine. En ce qui concerne le synode actuel, le cardinal a rappelé l'importance d'apprendre à écouter tout le monde, à dialoguer dans la confiance, en recherchant toujours la vérité et en s'efforçant de comprendre ce que le Seigneur demande à l'Église. Il est naturel, a-t-il ajouté, qu'il y ait des difficultés, comme dans toute expérience humaine, mais le Synode «nous enseigne à faire de plus en plus confiance à Dieu, à travailler ensemble et à essayer de trouver des solutions pour répondre à la réalité et aux besoins du monde d'aujourd'hui».
Cardinal Nzapalainga: au nom de la paix
Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, religieux de la Congrégation du Saint-Esprit, archevêque de Bangui, en République centrafricaine, et membre du Conseil ordinaire du secrétariat du Synode, a souligné, en ces temps déchirés par les conflits, qu'il venait d'un pays meurtri par la guerre, qui faisait déjà rage «quand nous avons commencé le voyage synodal tous ensemble, protestants et catholiques. Ensemble, nous sommes allés parler aux rebelles, les implorant de déposer les armes dans l'intérêt de notre nation», au nom de la paix. Le cardinal a également rappelé le moment où François a ouvert la Porte Sainte de la cathédrale de Bangui: «un moment de grande émotion dans le pays grâce auquel nous tous, mais surtout les rebelles, avons compris le chemin parcouru et la contribution que chacun est appelé à apporter». Dans la situation mondiale actuelle, a poursuivi le cardinal, «nous sommes ici pour partager avec les frères et sœurs présents la douleur de nombreuses personnes». Dans le Synode, a-t-il noté, «le silence, où résonne l'Esprit Saint, et l'écoute humble de ceux qui sont en face de nous sont fondamentaux». Ce n'est qu'ainsi que «nous pouvons découvrir la beauté de l'autre, ce n'est qu'en créant le silence que nous pouvons recueillir sa richesse». Et c'est à partir de cet enrichissement mutuel, a-t-il conclu, que le «rêve de ce que doit être l'Église de demain» peut prendre forme.
Mgr Timothy Broglio: les militaires veulent la paix
L'archevêque Timothy Broglio, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, a commencé par évoquer son expérience au sein du service diplomatique du Saint-Siège, qui lui a permis de connaître «des expressions très vivantes de l'Église» et de «puiser dans les traditions de différents pays» - avant d'évoquer ses quinze années de ministère pastoral au sein de l'armée américaine. Le Synode, a-t-il noté, est aussi une expérience d'écoute et de dialogue entre des personnes issues de réalités différentes. Et «si nous écoutions davantage», a-t-il dit, «nous pourrions avoir un monde plus ouvert à notre prochain et plus respectueux de la dignité de la personne». Se référant à nouveau à son expérience récente, Mgr Broglio a assuré que «les soldats ont le plus grand désir de paix, ils savent ce qu'est la guerre et ce qu'elle coûte». En ce sens, le climat d'écoute et de dialogue vécu au Synode «pourrait vraiment être un exemple pour le monde».
Nora Kofognotera Nonterah: la sagesse des femmes africaines
La théologienne ghanéenne et professeure d'université, a ensuite pris la parole en tant que témoin du processus synodal pour l'Afrique. Elle est de ceux qui proviennent des assemblées continentales sans "munus" épiscopal. «Je me suis sentie écoutée en tant que laïque, en tant que femme et en tant que femme africaine dans une Église qui, souvent, dans le passé, n'a pas donné de la voix et n'a pas pu s'enrichir de la sagesse des femmes africaines», a-t-elle déclaré. «Je suis venue au synode avec de l'espoir, avec les joies, les peines, les angoisses et aussi la résilience des femmes africaines et des laïcs qui ne parviennent pas à s'asseoir aux tables où sont prises les décisions importantes», a-t-elle poursuivi. Elle se dit convaincue que la synodalité est la meilleure façon de vivre l'Église et par laquelle elle peut vraiment témoigner de l'Évangile. «Je crois que les femmes africaines peuvent enseigner à l'Église comment être une mère pour tous», a-t-elle encore dit, avant d’ajouter qu’«on ne peut avoir une Église synodale que s'il y a une formation spirituelle authentique, célébrant nos différences et ne les cachant pas». La promotion d'une culture de la coresponsabilité en théologie, en droit canonique et en leadership «doit devenir une pratique de l'Église dans le monde d'aujourd'hui, avec le baptême comme point de départ, dans l'espoir que la synodalité nous aidera à découvrir la nécessité du rôle des femmes dans la gouvernance et dans les structures de l'Église à tous les niveaux» et à donner la priorité à l'éducation des femmes et des jeunes. En conclusion, la théologienne a rappelé la sagesse des femmes africaines, citant une chanson africaine qui dit: «C'est une femme qui a donné naissance à ce héros». Alors comment est-il possible, s’est-elle interrogée en concluant, de laisser derrière soi la femme qui a donné naissance à cette personne?
Le Synode est une expérience spirituelle
Au cours de l’échange avec les journalistes, Mgr Prévost a répondu à une première question sur les abus en disant qu'ils avaient été discutés dans des cercles plus restreints. Sheila Pires a ajouté que les travaux avaient montré comment les Conférences épiscopales avaient créé des bureaux pour traiter ce problème, précisant que ce modèle était stimulant pour les Conférences épiscopales qui n'en disposent pas. Nora Kofognotera Nonterah a aussi souligné la peur des victimes et des enfants de parler. La synodalité doit donc commencer par les familles chrétiennes: «Quand les familles deviendront des églises domestiques synodales, alors la synodalité aura fait son travail», a-t-elle dit. Une question posée à Mgr Prévost concernait l'ouverture éventuelle à une participation des laïcs aux consultations sur la nomination des évêques. Le préfet du dicastère pour les Évêques a répondu que le processus restait confidentiel, mais que des instructions ont été données pour inclure des laïcs et des religieux dans les procédures d'examen. En réponse à une question sur les éventuelles divisions exprimées au cours du synode, le cardinal augustinien a préféré évoquer «des différences d'opinion» et «une écoute respectueuse». Ce qui selon lui est plutôt normal étant donnée la diversité des participants. «Il y a toujours eu une recherche d'unité, qui n'est pas l'uniformité», a affirmé Timothy Broglio, estimant qu'il faudrait à l'avenir encourager une plus grande participation. Pour sa part, le cardinal Nzapalinga a ajouté que la différence n'est pas un handicap mais une source de richesse, et que les points de vue divergents ne sont pas synonymes d'inimitié, mais à prendre en considération.
À une question sur la révision des structures de l'Église, Mgr Prévost a rappelé que l'Église a de nombreuses dimensions, précisant que ce Synode ne concerne pas la dimension institutionnelle, mais les dimensions charismatique, spirituelle, humaine et relationnelle. Il a ensuite été demandé à Mgr Broglio si les évêques américains avaient encouragé la participation au Synode. À cet égard, le prélat s’est dit disponible à écouter «de bonnes idées pour encourager une participation plus large». À une autre question sur une plus grande participation des femmes à la gouvernance de l'Église, Mgr Prevost a répondu que la question est bien en cours de traitement, «nous sommes tous conscients de l'importance et de la longue tradition de l'Église, mais que nous devons peut-être envisager une nouvelle compréhension du leadership, du pouvoir, de l'autorité et du service dans l'Église à partir de différentes perspectives qui peuvent être apportées par les femmes et les hommes». «L'une des choses qui est apparue clairement, au cours de ce mois mais aussi au cours de la période précédente, a-t-il poursuivi, est que le fait que les femmes soient reconnues d'une certaine manière dans la société - une femme peut être présidente, jouer un certain nombre de rôles de leadership dans le monde - ne signifie pas que cela conduise nécessairement à un parallèle en miroir au sein de l'Église». Parce qu'il y a des catégories dans la vie de l'Église qui sont différentes et qui doivent être différentes, certaines de ces questions continueront à se poser; une réflexion est en cours, «mais nous ne pouvons pas dire de manière simpliste qu'à ce stade, nous allons changer la tradition de l'Église qui dure depuis deux mille ans» sur cette question. Entre-temps, dans l'Église, les femmes continuent d’assumer de nouvelles responsabilités, a conclu le président des évêques des États-Unis. Interrogé sur les personnes LGBT, Mgr Broglio a parlé d'inclusion. Enfin sur la messe traditionnelle, il a estimé que l'Église était suffisamment grande pour accueillir tout le monde.
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