Père Radcliffe: le Synode, un arbre à soigner
Alessandro De Carolis - Cité du Vatican
Alors que le Synode entame sa dernière semaine de travail et de confrontations, le père Timothy Radcliffe, religieux dominicain, chargé à plusieurs reprises d'offrir une lecture sapientielle de ce qui a été construit au cours des deux dernières années et en particulier depuis le 4 octobre dernier, dessine avec des images efficaces le scénario de l'après-Synode.
Langage d'espérance
«Dans quelques jours, nous rentrerons chez nous pour 11 mois. (...) Cela sera probablement le temps le plus fertile du Synode, le temps de la germination», déclare le religieux à l’entame de la 16e Congrégation générale, lundi 23 novembre. Il cite l'exemple biblique de Sarah, une femme âgée à qui l'on promet, avec Abraham, une descendance aussi nombreuse que le sable de la mer, sans que rien ne se passe au départ, et qui devient ensuite mère d'Isaac au bout d'un an. «Les dons les plus précieux ne s'obtiennent pas en allant les chercher, mais en les attendant...», ajoute-t-il, tout en alertant les participants sur le risque de «succomber» une fois rentrés dans leurs régions respectives, aux pressions de ceux qui tendent à polariser toute confrontation par une «pensée partisane», excluant l'opinion des autres.
«Nos paroles, demande le père Radcliffe, porteront leurs fruits ou seront-elles venimeuses? Serons-nous les jardiniers de l'avenir? ou enfermés dans de vieux conflits stériles? Chacun de nous choisit.»
Tout comme le père Radcliffe, la moniale du monastère de Viboldone, Maria Ignazia Angelini a pris la parole ce lundi 23 novembre, elle croit aussi que le «travail» effectué de ces jours-ci, conduira le Synode «à ouvrir un chemin vers la réforme - une nouvelle forme - que la vie exige».
Tradition et avenir
La comparaison avec le Concile Vatican II faite par le théologien australien Ormond Rush, soulignant la responsabilité de cette assemblée sur la synodalité, a également été incisive ce lundi en salle Paul VI. «En vous écoutant au cours de ces trois semaines, dit-il à l'assemblée, j'ai eu l'impression que certains d'entre vous se débattaient avec la notion de tradition, à la lumière de votre amour pour la vérité». Et «si leurs réponses sont devenues "l'autorité qui guide nos réflexions" sur les questions d'aujourd'hui, cela indique que le Concile Vatican II a quelques leçons pour ce Synode, alors que vous apportez maintenant la synthèse de votre discernement sur l'avenir de l'Église».
Revenant sur les réflexions de Benoît XVI faites à l'époque sur la question de la «tradition» - l'un des «points de tensions» du Concile Vatican II - le père Rush a rappelé que la question fondamentale était de savoir s'il fallait essentiellement insister sur «l'antimodernisme» - ou sur le «refus presque névrotique de tout ce qui était nouveau» - ou «si l'Église, après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour protéger la foi, tournerait la page et s'engagerait dans une rencontre nouvelle et positive avec ses propres origines, avec ses propres concitoyens et avec le monde d'aujourd'hui».
La majorité s’est prononcé en faveur de la deuxième alternative et, selon le théologien australien, «on peut même parler du Concile comme d'un nouveau départ», le passage, comme l'a dit Benoît XVI, d'une «compréhension "statique" de la tradition» - «légaliste, propositionnelle et anhistorique (c'est-à-dire pertinente pour tous les temps et tous les lieux), - à une «compréhension dynamique", "personnaliste, sacramentelle et enracinée dans l'histoire", qui ne s'arrête pas comme la première au passé, mais la voit "réalisée dans le présent" et "ouverte à un avenir qui doit encore être révélé».
«Dieu attend votre réponse»
Le père Rush - souligne que «ceci est important pour comprendre la synodalité et le but même de ce Synode» - la révélation divine elle-même «est présentée comme une rencontre permanente dans le présent, et pas seulement comme quelque chose qui s'est passé dans le passé», à travers laquelle Dieu «par l'illumination et la puissance de l'Esprit Saint lui-même» fait avancer «l'humanité vers de nouvelles perceptions, de nouvelles questions et de nouvelles intuitions». Ce Synode aussi, conclut-il, «est un dialogue avec Dieu». «Cela a été le privilège et le défi de vos conversations dans l'Esprit. Dieu, dit-il aux participants, attend votre réponse».
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