Appel du Synode pour que les trafiquants d'armes retrouvent le sens de l'humanité
Vatican News
L'autorité, qui dans l'Église est un «service» qui s'exerce «pieds nus», et la question des abus ont été parmi les thèmes abordés lors de la treizième (341 présents) et de la quatorzième (343 présents) Congrégation générale, tenues jeudi après-midi et vendredi matin, toujours selon la même modalité: des interventions des Cercles mineurs suivies par les interventions libres. C'est ce qui a été rapporté vendredi 20 octobre.
L'autorité n'est pas une domination mais un service
Se référant aux interventions d'hier après-midi et d'aujourd'hui sur la section B3 de l'Instrumentum laboris - dont le titre est «Participation, responsabilité et autorité», le président de la Commission de l’Information pour le synode, Paolo Ruffini, a expliqué qu’avait été réaffirmé l’engagement de l’Église à «éviter l'autoritarisme». «L'autorité n'est pas une domination mais un service», une expression en ce sens a été formulée: l’autorité «s’exerce pieds nus». Ainsi celui qui «a l'autorité», a-t-on dit dans l'hémicycle, «ne doit pas tout contrôler mais avoir la capacité de déléguer»; et l'évêque, a-t-on ajouté, «a le dernier mot mais n'a pas seul la parole».
Parmi les thèmes abordés, «le rôle des pasteurs dans le service des pauvres», également dans le style de la prière présidée hier soir par le Pape place Saint-Pierre pour les migrants et les réfugiés. Il faut prêter attention «au cri de ceux qui souffrent dans les rues», a-t-on noté dans les interventions. En outre, rapporte Paolo Ruffini, «les évêques doivent appeler à la conversion du cœur afin que les sentiments d'humanité soient ravivés chez ceux qui, par le trafic d'armes, contribuent à la "troisième guerre mondiale" qui fait souffrir des millions de personnes».
La coresponsabilité dans l'Église
«Coresponsabilité» est l'un des mots qui revient le plus souvent dans les interventions, et elle est comprise «comme l'implication et la coordination des charismes», a rapporté Paolo Ruffini. À cet égard, l'importance de valoriser les figures, les compétences et surtout l'engagement des laïcs a été soulignée dans les travaux.
Le préfet a ensuite voulu clarifier la question du nombre de participants au Synode: ils sont 365 avec le Pape. Rappelant les différentes modalités de participation, Paolo Ruffini a précisé qu'au total, une centaine de personnes supplémentaires sont impliquées -ce qui porte le nombre à 464- mais leur présence n'est évidemment pas comptabilisée dans les communications officielles. Il a également précisé que le secrétariat général donne la parole en priorité à ceux qui ne se sont pas encore exprimés.
Sheila Pires, secrétaire de la Commission de l'information, a ensuite affirmé que certains membres de l'Assemblée mettaient en garde contre le cléricalisme, même parmi les laïcs, parce qu'il «a conduit à des abus de pouvoir, de conscience, économiques et sexuels». Ces abus, a-t-elle insisté, ont fait perdre à l'Église sa crédibilité, à tel point qu'un «mécanisme de contrôle» est nécessaire. La synodalité, a indiqué Sheila Pires, «peut aider à prévenir les abus parce qu'il s'agit d'un processus qui a trait à l'écoute et au dialogue».
Des réformes nécessaires dans l'Église
En ce qui concerne les réformes, il a été question des changements nécessaires pour parvenir à une plus grande transparence des structures financières et économiques, d'une révision du droit canon et aussi de certains «titres» devenus anachroniques. En ce qui concerne la synodalité, l'urgence de renforcer les structures déjà existantes - comme les conseils pastoraux - a été soulignée, en veillant à ne pas céder aux dérives parlementaristes. Enfin, Sheila Pires a signalé l’importance de se tenir aux côtés des jeunes dans l'environnement numérique, véritable lieu de mission pour rapprocher ceux qui sont à la périphérie. En réalité, a-t-elle conclu, il s'agit d'aller à la rencontre de ces jeunes là où ils se trouvent déjà, c'est-à-dire dans les différents réseaux sociaux.
Mgr Grušas: formation et conversion
L’archevêque de Vilnius, président du Conseil des Conférences épiscopales d'Europe et de la Conférence épiscopale de Lituanie, a pris la parole pour évoquer tout d'abord la rencontre continentale de février à Prague. Selon Mgr Gintaras Grušas, il s'agit d'une «occasion extrêmement positive de conversation et de partage spirituel», grâce à laquelle des pasteurs de 45 pays différents ont pu se parler et se confronter ensemble à partir de perspectives différentes. Évoquant ensuite les travaux synodaux, Mgr Grušas a souligné la centralité du thème de la formation comme «une manière d'être Église, de vivre ensemble, de faire l'expérience de la communion». L'expérience synodale elle-même concrétise tout cela: «malgré la fatigue de ces jours, a-t-il dit, nous avons une grande énergie parce que, bien que nous venions de pays différents, nous nous rendons compte que nous avons beaucoup de choses en commun: avant tout, la foi». Un autre aspect important souligné par le prélat est la conversion du cœur, la volonté de «grandir en tant qu'Église» à partir de la volonté de «changer de mentalité».
Sœur Fadoul: entre souffrance et espérance
Sœur Houda Fadoul, originaire de Syrie, qui a rejoint en 1993 la communauté monastique de rite syro-catholique Deir Mar Moussa fondée par le père Paolo Dall'Oglio, a ensuite pris la parole. La religieuse - qui participe aux travaux en tant que témoin du processus synodal pour les Églises orientales et le Moyen-Orient, parmi ceux qui viennent des assemblées continentales sans recevoir le "munus" épiscopal - a parlé de son expérience personnelle et ecclésiale, marquée par des événements dramatiques tels que la guerre, la pandémie, le tremblement de terre. Son diocèse est d'ailleurs resté sans évêque pendant trois ans et le nouveau curé, qui vient d'arriver, a essayé de «rattraper le coup» en impliquant notamment les jeunes et en invitant également un évêque expert libanais à rencontrer les différentes composantes de la communauté. Quant au synode, la religieuse évoque «un moment d'échange très riche» qui nourrit la tension vers l'unité et le partage proposés dans la prière. Chaque thème, en effet, est abordé sur le mode du «marcher ensemble»: il y a un point de départ, un chemin, un but à atteindre.
L'archevêque de Tokyo: avec les yeux de Caritas
Mgr Tarcisio Isao Kikuchi -missionnaire de Verbite, archevêque de Tokyo, président de Caritas internationalis, président de la Conférence épiscopale du Japon, secrétaire général de la Fédération des Conférences épiscopales d'Asie - a souligné combien il est difficile pour les Japonais de parler en groupe, car ils préfèrent, selon leur propre style, le silence. C'est pourquoi, a-t-il noté, «le débat que nous avons ces jours-ci est très important. Dans les assemblées continentales, nous avions déjà commencé à utiliser le mode des cercles mineurs, autour d'une table, avec des rencontres organisées en Asie qui nous ont mieux préparés au Synode. En participant à cinq petits groupes, a rappelé l'archevêque, j'ai eu l'occasion de vivre pleinement la diversité dans l'unité de l'Église, sans oublier que son existence est universelle». Le langage utilisé dans les réunions, a-t-il répété, est «en fait celui de la théologie universelle, même si une solution ne peut être valable pour tous. C'est parce qu'en Asie, il y a tant de langues et tant de réalités: nous ne pouvons pas choisir une solution unique pour marcher ensemble, car la synodalité signifie aussi le respect des cultures locales». Monseigneur Kikuchi a ensuite parlé de son service en tant que président de Caritas Internationalis, soulignant que «chaque Caritas est fondamentale dans le cheminement synodal de l'Église». Toutes les organisations, a-t-il souligné, ont leur propre identité catholique, collaborent activement avec divers partenaires et ont également une valeur œcuménique et interreligieuse. «La synodalité est visible dans les différentes nationalités de ceux qui dirigent cette organisation et de ceux qui travaillent localement, dans toutes les parties du monde», a-t-il conclu.
Sœur Barron: la synodalité africaine naturelle
Sœur Mary Teresa Barron d'Irlande, supérieure générale de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame des Apôtres, présidente de l'Union Internationale des Supérieures Générales, a introduit son intervention en évoquant la devise en anglais: «No one person reads the same book as the other» (Personne ne lit le même livre que l'autre). «La réflexion sur le Synode, a-t-elle confié, m'a amenée à voir et à vivre les choses à partir de mon expérience de moniale, mûrie en Afrique de l'Est dans une paroisse rurale, où j'ai vécu la première expérience d'une Église synodale, dans une Église "jeune" avec deux prêtres pour 35 villages et un catéchiste pour un territoire grand comme la moitié de l'Irlande». La synodalité vécue dans les cercles mineurs, poursuit la religieuse, est semblable à celle vécue en Afrique «en communauté, avec les fidèles laïcs, tous les dimanches à l'extérieur des huttes de terre, nous nous asseyions en cercle pour prendre des décisions tous ensemble», même avec des personnes qui «n'avaient pas d'éducation et nous partagions la foi du fond du cœur. Mais chaque voix avait le même poids». Sœur Barron a ensuite proposé «d'écouter davantage les églises plus jeunes où la participation de la base est forte» et a également confirmé que la vie religieuse au sein de sa congrégation est basée sur la synodalité.
Chacun a son rôle dans l'Église
Répondant aux questions des journalistes, Sœur Fadoul a évoqué l'apport du témoignage de vie commune en ce qui concerne la synodalité. Elle a notamment rappelé qu'elle n'avait pas abandonné les chrétiens syriens avec sa communauté, en les aidant dans la prière, en leur faisant sentir la solidarité. Elle a été rejointe par sœur Barron, qui a souligné l'implication des supérieures générales dans le processus synodal. D'autre part, a-t-elle ajouté, la vie consacrée reconnaît l'importance de la formation pour comprendre comment vivre la synodalité. Sœur Barron a fait référence à l'«effet d'entraînement» de la formation en ligne, qui est utile pour élargir le partage et la construction de la communauté.
Réflexion sur le diaconat féminin
En réponse à une question concernant le diaconat féminin, sœur Barron a fait remarquer que la question est à l'ordre du jour du discernement synodal. Il est caractéristique de la beauté de l'Église catholique qu'il y ait des opinions différentes, mais alors qu'elles sont discutées, a-t-elle ajouté, il ne serait pas juste de parler en dehors de cet espace. À cet égard, sœur Fadoul a souligné que chacun doit assumer son rôle dans l'Église, hommes et femmes, en apprenant à utiliser les dons du Seigneur. Mgr Grušas a ajouté que le débat sur les différents ministères dans l'Église fait partie de cet échange très large au sein du Synode. D'habitude, a-t-il souligné, on cherche une réponse comme oui ou non, noir ou blanc. Il est clair qu'il y a des différences d'opinion qui dépendent aussi du contexte culturel, il est donc trop tôt pour prendre une décision à ce stade.
Réflexion du Synode en Europe et en Asie
Mgr Grušas a par ailleurs indiqué que les présidents des conférences épiscopales ont réfléchi à un certain nombre de structures qui sont déjà synodales en droit canon et qui peuvent être mises en œuvre efficacement dès maintenant. L'archevêque de Tokyo a expliqué que pendant la pandémie, il n'y avait pas beaucoup d'occasions de réunir les gens pour marcher de manière synodale, et que c'est donc le mode en ligne qui a été choisi. Il a ensuite appelé à une réflexion sur le fait que si l'on veut vraiment impliquer les laïcs, il faut tenir compte de leurs activités et de leurs familles. Répondant à une question d'un journaliste philippin sur la proposition contenue dans le document continental asiatique sur l'hospitalité et l'inclusion dans l'Église, l'archevêque de Tokyo a répété ce qui avait été proposé dans les cercles mineurs, à savoir la coutume orientale consistant à «enlever ses chaussures pour entrer dans la maison» en signe d'accueil et d'hospitalité.
Le processus synodal, plus important que les décisions
En réponse à une dernière question sur les décisions finales de l'Assemblée, Mgr Grušas a souligné l'unité de l'Assemblée «sur la méthode de la synodalité». Sur des sujets spécifiques, «je ne crois pas qu'à ce stade, ou même avant 2024, il y aura des décisions finales. Mais si nous grandissons et vivons dans la synodalité, elles viendront, car nous ne cherchons pas de conclusions dogmatiques, il n'y a pas d'idée préconçue sur ce que ce Synode devrait être. Bien que tout le monde veuille des décisions, le processus est plus important que les décisions». Enfin, sœur Fadoul a ajouté que l'écoute, le partage et le discernement, sont des mots clés pour l'ensemble de l'Église.
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