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Un Palestinien grec-orthodoxe de Gaza devant l'icône de la Vierge à l'Enfant en la basilique de la Nativité de Bethléem, le 26 décembre 2021. Un Palestinien grec-orthodoxe de Gaza devant l'icône de la Vierge à l'Enfant en la basilique de la Nativité de Bethléem, le 26 décembre 2021.   (AFP or licensors)

Un volume pour comprendre la synodalité des Églises orthodoxes et orientales

«Il y a beaucoup à apprendre des Églises orthodoxes et orientales en matière de synodalité. Toutefois, il existe de nombreuses formes de synodalité-l'Eglise catholique doit développer la sienne». C'est ce qu'a déclaré mardi 10 octobre le cardinal Kurt Koch, préfet du dicastère pour la promotion de l'Unité des chrétiens à Radio Vatican en marge de la présentation d'un livre de la fondation "Pro Oriente".

«L'Occident découvre que la synodalité n'est pas quelque chose de nouveau dans l'Église, mais qu'elle est une vieille tradition», a déclaré le cardinal suisse de la Curie, qui participe ces semaines-ci au synode des évêques sur la synodalité. Dans son exhortation Evangelii Gaudium, le Pape François avait déjà noté que l'Église catholique avait beaucoup à apprendre des Églises orientales et des Églises orthodoxes orientales «sur la collégialité des évêques et la synodalité dans toute l'Église». Toutefois, «une seule synodalité n'existe pas», a ajouté le cardinal Koch. Il existe en effet différentes formes de synodalité, et «c'est là que l'Église catholique doit chercher sa voie».

Selon le cardinal Koch, cette dimension est apparue clairement lors des deux conférences œcuméniques internationales que Pro Oriente a organisées en novembre 2022 à Rome en collaboration avec l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin (Angelicum). Les contributions des 150 spécialistes des Églises orthodoxes et orientales qui s'y sont réunis sont désormais regroupées dans le volume «Listening to the East», présenté mardi soir à Rome. Les théologies synodales et les expériences pratiques présentées dans les différentes Églises doivent également être fructueuses dans le cadre du synode actuellement en cours, selon le souhait de l'auteur.

Regard sur l'étendue des traditions orientales

«C'est le premier livre qui expose systématiquement la compréhension et l'expérience synodale des différentes Églises orientales et orthodoxes orientales, non seulement les Églises de tradition byzantine, mais aussi les Églises de tradition orthodoxe orientale, arménienne, syro-malankare, éthiopienne, assyrienne et autres», assure le père Hyacinthe Destivelle. Il dirige l'Institut d'études œcuméniques de l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin, est responsable des Églises orientales au sein du dicastère pour la promotion de l'Unité des chrétiens, dirigé par le cardinal Koch et intervient comme expert auprès du synode.

 

«La particularité de ce livre est qu’il embrasse différents aspects de la synodalité -pas seulement à la synodalité entre évêques, mais à la synodalité au sens large, comme participation de tous les baptisés à la mission et à la vie de l'Église. Il y a donc des contributions sur la synodalité dans le monde monastique, la jeunesse, la participation des femmes, des laïcs en général- dans toutes les traditions orthodoxes et orthodoxes-orientales».

Apprendre spirituellement de l'Orient

Le père Destivelle souligne lui aussi que l'Église catholique doit désormais développer peu à peu son propre type de synodalité. Elle a beaucoup à apprendre de l'Orient, moins en termes de structures et de procédures qu'en termes spirituels: «L'esprit de l'Église en tant que famille, dans laquelle tous les baptisés jouent leur rôle en fonction de leur charisme».

Les femmes, par exemple, jouent un rôle différent dans les Églises orientales et dans l'Église catholique, «et ce rôle est très important, comme le montre le livre». Toutefois, le père Destivelle recommande d'aborder la question des femmes «non pas d'un point de vue idéologique, mais au regard des pratiques qui existent déjà. Les Églises orientales sont très anciennes et là-bas, la question de la femme n'est pas idéologique, mais la femme joue simplement un rôle important de facto. Ainsi, nous voyons des femmes comme membres des synodes, des conciles, selon la tradition. Dans l'Église arménienne, le catholicos est élu par une assemblée ecclésiastique dans laquelle les femmes votent également. Et dans l'organe de décision suprême de l'Église orthodoxe russe, le concile local, il n'y a pas que des évêques, mais chaque diocèse est représenté par un laïc, homme ou femme, religieux ou religieuse, qui élit le patriarche. Ce sont des exemples non pas au niveau des ministères, mais ce sont des rôles à haut pouvoir de décision dans l'Église».

Lors de l'événement organisé à l'Augustinianum à Rome, un film documentaire portant le même titre que le livre a également été présenté: "Listening to the East". Outre le cardinal Koch et le père Destivelle, plusieurs autres participants au synode étaient présents en tant qu'invités, notamment le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, la sous-secrétaire du synode des évêques, sœur Nathalie Becquart, et le métropolite Job Getcha du Patriarcat œcuménique, qui est coprésident avec le cardinal Koch de la Commission mixte internationale de dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe.

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12 octobre 2023, 17:02