Synode: internet, nouveau territoire de mission, les jeunes ouvrent la voie
Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican
Pour l'Église, internet n'est pas seulement un instrument d'évangélisation, c’est également un nouveau territoire de mission, «parce qu'il transforme notre façon de vivre, de percevoir la réalité, d'expérimenter les relations». C'est ce qu'a souligné le cardinal Jean-Claude Hollerich lors de l'assemblée synodale, en expliquant que «beaucoup d'entre nous ne peuvent pas être des guides dans ces nouveaux contextes missionnaires», mais que «nous avons besoin d'être guidés par ceux qui habitent le continent numérique». La plupart des évêques, même si certains sont performants sur le web, «apprennent en cours de route des plus jeunes membres du Peuple de Dieu». Car tous les baptisés «ont une contribution irremplaçable à apporter» dans les différents aspects de la mission de l'Église.
Troisième phase du travail
Après la visite, jeudi 12 octobre, des catacombes de saint Sébastien, saint Caliste et Domitille, le cardinal archevêque de Luxembourg, rapporteur général du Synode, a ouvert les travaux de la huitième congrégation générale soulevant plusieurs points stimulants, vendredi 13 octobre, en présence du Pape François, et en introduisant le troisième module de l'assemblée. «Co-responsables dans la mission. Comment partager les dons et les tâches au service de l'Évangile?» est le thème de la section B2 de l'Instrumentum laboris, le document qui sert de cadre aux travaux des membres du synode, sur lequel se concentreront les discussions dans les cercles mineurs - à partir de vendredi 13 - et les interventions publiques.
Mario Grech: les deux vendredis théologiques à Saint-Pierre
Après la prière du matin, le cardinal Hollerich est introduit par le cardinal secrétaire général, Mario Grech, qui rappelle l'initiative promue par la basilique Saint-Pierre à l'occasion du synode, à savoir deux soirées d'étude théologique sur la synodalité, ouvertes à tous, le vendredi 13 et le vendredi 20, de 19h à 20h30, à l'autel de la Chaire dans la basilique vaticane. Les quelques mots de Mario Grech et l'introduction de la présidente déléguée, sœur Maria De Los Dolores Palencia Gomes, de la Congrégation Saint-Joseph de Carondelet, ont été suivis par l’allocution du cardinal Jean Claude Hollerich, et accompagnés d'une pause de silence, de la lecture d’extraits de l'Évangile de Luc (11:27-28) et des Actes des Apôtres, d'une méditation biblique de mère Ignazia Angelini et d'un «éclairage théologique» du professeur Carlos Galli. Après quoi, les membres du synode ont pu écouter trois témoignages partageant l'expérience des Églises locales en relation avec les thèmes de la troisième phase de travail.
Un synode pour les croyants de tous les temps
Le cardinal Hollerich souligne tout d'abord que «beaucoup a déjà été fait» en marchant ensemble, alors que depuis la veillée œcuménique «il ne s'est même pas écoulé deux semaines!». Ensemble, les participants au Synode sur la Synodalité ont effectué un pèlerinage dans les catacombes «qui nous a permis d'entrer en contact plus étroit avec les chrétiens de la communauté primitive et surtout avec les martyrs, qui ont donné leur vie pour que nous puissions recevoir la foi». Cette foi dans le Seigneur, a poursuivi le rapporteur général, «nous unit à eux, nous faisons partie de la même Église et nous partageons la même mission: annoncer au monde la Bonne Nouvelle de l'Évangile, l'amour et la miséricorde de Dieu». La prière des martyrs et des croyants qui nous ont précédés «nous soutient et nous les sentons marcher avec nous». Parce que «le synode implique toute l'Église, qui comprend des croyants en Christ de tous les lieux et de tous les temps».
Mission et communion
Le thème de ce troisième module est donc la mission. Le cardinal Hollerich rappelle qu’à tous les niveaux du processus synodal, il a été réaffirmé avec une grande clarté qu'«une Église synodale est une Église envoyée en mission». C'est le commandement du Christ aux apôtres qui «s'étend à tous les membres de notre Église apostolique». «Le thème de la mission, a-t-il souligné, a continuellement émergé dans les travaux du deuxième module», consacré à la communion, car celle-ci «n'est pas enfermée sur elle-même, mais imprégnée de l'élan vers la mission». En outre, «le but de la mission est précisément d'étendre le champ de la communion, en permettant à un nombre croissant de personnes de rencontrer le Seigneur et d'accepter son appel à faire partie de son peuple».
Missionnaires sur le continent numérique
Des travaux de ces derniers jours, les participants au synode peuvent tirer, selon le rapporteur général, l'exemple de la perspective du «continent numérique», déjà au centre de nombreux discours. Beaucoup d'entre nous, rappelle-t-il, «ne voient dans Internet qu'un outil d'évangélisation. Mais c'est plus que cela, car il transforme notre façon de vivre, de percevoir la réalité, d'expérimenter les relations. Il devient donc un nouveau territoire de mission». Jean Claude Hollerich demande si, comme François Xavier, nous sommes «prêts et préparés à voyager vers ce nouveau continent». La plupart des évêques et des autres participants, reconnaît-il, «ne peuvent pas être des guides dans ces nouveaux contextes missionnaires», mais ont besoin «d'être guidés par ceux qui habitent le continent numérique». «Nous, évêques, du moins la plupart d'entre nous, ne pouvons pas être les pionniers de cette mission, mais nous apprenons le long du chemin ouvert par les plus jeunes membres du peuple de Dieu». Pour le cardinal luxembourgeois, cela aussi «nous aide à comprendre pourquoi notre titre parle de coresponsabilité dans la mission: tous les baptisés sont appelés et ont le droit de participer à la mission de l'Église, tous ont une contribution irremplaçable à apporter». Cela vaut «pour le continent numérique», mais «aussi pour d'autres aspects de la mission de l'Église».
Sens et contenu de la mission
Le rapporteur général a ensuite passé en revue les cinq fiches relatives à la section B2 de l’Instrumentum laboris, en rappelant que «chaque groupe n'en traitera qu'une seule, en faisant confiance au travail des autres cercles mineurs sur les autres fiches, dont nous partagerons les fruits en plénière». La première fiche concerne «la nécessité de nous confronter au sens et au contenu de la mission» qui, dans notre Église, «se transmet à travers une pluralité de langages et d'images». Car la mission d'annoncer l'Évangile «ne concerne pas seulement nos lèvres, mais doit impliquer les multiples dimensions de notre vie quotidienne». Ainsi, «L'engagement pour une écologie intégrale, la lutte pour la justice et la paix, l'option préférentielle pour les pauvres et les périphéries, la disponibilité à l'ouverture vers tous» font partie de la mission de l'Église.
La ministérialité dans l'Église
Une deuxième thématique concerne «la ministérialité dans l'Église», sur laquelle le cardinal Hollerich renvoie aux témoignages de la matinée, afin de se consacrer davantage sur les trois autres thématiques, qui doivent être abordées avec une attention particulière. Car, sur ces trois sujets, explique-t-il, «chacun de nous est porteur d'un point de vue essentiel, mais pour les traiter efficacement, nous sommes aussi appelés à être conscients de notre partialité».
Promouvoir davantage la dignité baptismale des femmes
Le troisième sujet porte sur une plus grande promotion de «la dignité baptismale de la femme». Le cardinal souligne que «le baptême des femmes n'est pas inférieur à celui des hommes». Comment faire en sorte, demande-t-il, «que les femmes se sentent partie intégrante de notre Église missionnaire? Percevons-nous, nous les hommes, la diversité et la richesse des charismes que l'Esprit Saint confère aux femmes? Ou bien sommes-nous souvent liés dans notre comportement par l'éducation que nous avons reçue, le milieu familial dans lequel nous avons grandi, ou par les préjugés et les stéréotypes de notre culture?» Enfin, «nous sentons-nous enrichis ou menacés» lorsque «les femmes sont coresponsables de la mission de l'Église, sur la base de la grâce du baptême que nous partageons?»
La relation entre le ministère ordonné et le ministère baptismal
Le quatrième aspect a pour thème l'appréciation, dans une perspective missionnaire, de la relation entre le ministère ordonné et le ministère baptismal. Nous connaissons tous, rappelle le rapporteur du synode, «l'image du corps proposée par saint Paul. Sommes-nous prêts à accepter que toutes les parties du corps sont importantes?» Et à accepter «que le Christ est la tête du corps, et que le corps ne peut fonctionner que si chaque partie est en relation avec la tête et les autres parties? Le corps de notre Église est-il capable d'agir harmonieusement ou ses parties se tordent-elles dans tous les sens?»
Un nouveau ministère des évêques, synodal et missionnaire
Le cinquième et dernier thème concerne plus directement les évêques, «dont le ministère, par la volonté du Seigneur, structure la communion de l'Église» et comment «il doit être renouvelé et promu» afin «d'être exercé d'une manière appropriée à une Église synodale». C'est une question qui interpelle une grande partie des Pères synodaux, en qualité d'évêques, «car la réponse - souligne Mgr Hollerich - aura un impact direct sur notre vie concrète, sur la manière dont nous gérons notre temps, sur les priorités de notre agenda, sur les attentes du peuple de Dieu à notre égard et sur la manière dont nous concevons notre mission». Lorsque les évêques se retrouvent profondément impliqués dans une question, comme le conseillait le cardinal Hollerich, «il nous faut encore plus de courage pour prendre du recul afin d'écouter authentiquement les autres, de faire place en nous à leur parole et de nous demander ce que l'Esprit nous suggère à travers eux». Cela vaut à la fois pour l'écoute «de ceux qui ne sont pas évêques, et qui sont donc porteurs d'un point de vue différent, mais aussi pour l'écoute des autres évêques», car chacun «a sa propre manière d'être évêque».
Écouter et faire place à la parole de l'autre
Le cardinal luxembourgeois a conclu son introduction par quelques suggestions concernant la méthode de travail en assemblée. En commençant par mettre l'accent sur la nécessité de «faire place à la parole de l'autre», car «la méthode de la conversation dans l'Esprit nous devient plus familière». Et de souligner la fatigue que les groupes des cercles mineurs éprouvent lors de la deuxième série d'interventions, lorsque chacun doit «mettre de côté son propre point de vue, ses propres pensées, pour prêter attention aux résonances que l'écoute de l'autre suscite en lui». En effet, il ne s'agit pas «d'un prolongement de la première série, mais d'une occasion de s'ouvrir à quelque chose de nouveau, que l'on n'avait peut-être jamais envisagé de cette manière».
Présenter toujours les points de convergence et de divergence
L’attention à l'écoute qui «doit ensuite se poursuivre lors des congrégations générales» est un don de l'Esprit. Dans ces congrégations générales «les interventions libres doivent manifester les résonances avec ce que les groupes ont partagé juste avant». C'est pourquoi il sera important, a souligné Mgr Hollerich, que les rapports des groupes et les interventions des orateurs présentent de plus en plus «les points de convergence et de divergence, mais surtout les questions à approfondir et les propositions de pas concrets à réaliser» en vue de la deuxième session en 2024. L'invitation finale du cardinal est de ne pas donner «des réponses hâtives qui ne considèrent pas tous les aspects» de certains des points clés de ce Synode, et de «consulter les théologiens qui sont avec nous», de prier et d'approfondir les questions à porter jusqu'en 2024.
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