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Photo d'illustration. Un cercle mineur, le 17 octobre 2023. Photo d'illustration. Un cercle mineur, le 17 octobre 2023.  (ANSA)

Le Synode, le début d'une réflexion sur la façon dont l'Église marche dans le monde

Le président de la Commission pour l'information fait le point sur les travaux de l'Assemblée, concentrés ces deux derniers jours sur des sujets tels que le ministère de l'évêque, les révisions possibles du droit canonique et la contribution des laïcs. Pour la professeure Ryan, «le sacerdoce féminin est une question de niche qui ne reflète pas les besoins des femmes d'aujourd'hui». Le cardinal Lopéz Romero prévient: «Le processus est encore long, ne vous attendez pas à des conclusions.»

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Jeûnant et priant aujourd'hui pour la paix au Proche-Orient, en réponse à l'appel du cardinal Pierbattista Pizzaballa, l'Assemblée du Synode a poursuivi ses discussions et ses réflexions sur divers sujets: du rôle des femmes au ministère des évêques, de la contribution des laïcs aux possibles réformes du droit canon. Paolo Ruffini, président de la Commission d'information, a rendu compte des travaux des cardinaux, évêques, prêtres, religieuses, religieux et laïcs, réunis depuis le 4 octobre autour de 35 tables circulaires dans la Salle Paul VI, lors d'un point presse quotidien en salle de presse du Saint-Siège. À ses côtés, quatre invités: le cardinal de Rabat, Cristobal Lopéz Romero, Mgr Anthony Randazzo, évêque de Broken Bay et président de la Fédération des Conférences épiscopales catholiques d'Océanie, la professeure René Ryan et le jeune jésuite nigérian Agbonkhianmeghe Emmanuel Orobator, parmi les théologiens les plus connus au niveau international. Tous les quatre participent à leur«premier Synode»; tous se sont dits heureux et enrichis par cette «expérience» d'écoute et d'apprentissage.

Révision du droit canon

Comme toujours au début du briefing, Paolo Ruffini a informé sur le parcours des pères et mères synodaux qui ont reçu aujourd'hui en cadeau une copie de la lettre apostolique du Pape sur sainte Thérèse de Lisieux. Entre hier et aujourd'hui, a informé le préfet du dicastère pour la Communication du Saint-Siège, ils ont discuté des thèmes prévus par le module B2 de l'Instrumentum Laboris sur la «coresponsabilité dans la mission". C'est précisément le mot «coresponsabilité" qui a été proposé pour remplacer le mot «coopération» dans le droit canon, dont une «révision» a été demandée. Il ne s'agit pas d'une révolution, mais d'une évolution: «Les choses peuvent être modifiées si les besoins de l'Église changent», souligne Mgr Randazzo, également canoniste, «des changements peuvent être apportés pour répondre aux circonstances de certaines communautés».

Diaconat féminin et rôle des femmes

En ce qui concerne les réformes, l'Assemblée synodale a discuté de la possibilité d'ouvrir le diaconat féminin, en clarifiant d'abord «la nature même du diaconat». En ce qui concerne le rôle des femmes dans l'Église, a rapporté Paolo Ruffini, «il a été rappelé que Jésus a associé des femmes à sa suite» et «la question a été posée de savoir s'il ne serait pas possible d'envisager que les femmes, qui ont donné la première annonce de la Résurrection, ne puissent pas aussi donner des homélies». Il a également été dit que lorsque les femmes sont présentes dans les conseils pastoraux, les décisions sont «plus pratiques et les communautés plus créatives», a poursuivi le préfet, citant un proverbe cité dans la salle: «Si vous voulez parler de quelque chose, réunissez une assemblée d'hommes, mais si vous voulez faire quelque chose, réunissez une assemblée de femmes».

Le thème central est donc celui des femmes, mais il n'est certainement pas le seul ni le plus prédominant. De même que la question du sacerdoce des femmes n'a pas été prédominante jusqu'à présent: la professeur Ryan l'a qualifiée de «question de niche», qui ne reflète pas les besoins réels des femmes d'aujourd'hui. «Je pense que l'on se focalise trop sur cette question et, lorsque l'on se focalise trop sur une question, on oublie ce dont les femmes du monde entier ont besoin. Un avenir dans lequel elles sont accueillies dans l'Église et dans lequel tous ceux qu'elles aiment sont accueillis dans l'Église», a-t-elle déclaré. «Nous devrions nous pencher sur d'autres questions, comme le fait que les femmes doivent choisir entre la maternité et la carrière, a-t-elle insisté, nous devrions faire plus pour nous assurer que les familles sont soutenues de toutes les manières possibles».

Laïcs, prêtres, évêques

Les rapports des cercles mineurs en différentes langues et les interventions individuelles ont également mis l'accent sur d'autres points: l'importance de la paroisse («qui n'est pas une station de service mais un lieu de communion») et de la communauté, sur les ministères laïcs qui «ne sont pas des palliatifs au manque de prêtres» et «ne doivent pas être cléricalisés» et sur le service rendu par les prêtres, dont «en tant que communauté de baptisés, nous ne pouvons pas nous passer».

Une attention similaire a été accordée ce matin au ministère de l'évêque:  «Une figure paternelle qui nous accompagne et qui exprime l'amour, l'attention, la préoccupation», a souligné la secrétaire de la Commission de l'information, Sheila Pires. L'évêque doit promouvoir le dialogue interreligieux et œcuménique, il doit gérer les finances, les aspects économiques et juridiques et, justement pour ne pas être accablé par ces questions, il a été proposé - a dit la numéro deux de la Commission pour l'information - qu'en vertu d'un "style synodal", il puisse recevoir l'aide de collaborateurs et d'experts. «L'évêque doit comprendre que le diocèse n'est pas seulement lui, il ne peut pas tout faire tout seul, mais il a besoin d'aide", peut-être de la part de professionnels».

L'assemblée s'est également penchée sur la formation continue des évêques, sur les relations entre évêques, nouveaux évêques et prêtres, et a souligné le fait que les pasteurs «ne doivent pas laisser de côté l'écoute des victimes d'abus. Au contraire, il doit y avoir du temps et de l'espace pour ce type d'écoute».

Lopéz Romero : nous sommes à mi-chemin

Nombreuses ont donc été les idées, nombreux ont été les thèmes abordés. Mais pas de conclusion, du moins dans cette première phase qui, comme l'a précisé le cardinal López Romero, n'est que la moitié d'un voyage qui a commencé en octobre 2021 et qui se poursuivra en 2024. «Ce que nous vivons ici à Rome n'est pas le Synode», a déclaré l'archevêque, rappelant les milliers de réunions organisées au cours des deux dernières années entre les paroisses, les diocèses et les communautés religieuses du monde entier. «Cela en valait la peine... Nous avons vraiment réussi à travailler avec les cendres pour qu'une nouvelle flamme puisse être allumée», a déclaré l'archevêque. «À ce stade, nous ne devons pas attendre de propositions: nous avons encore au moins un an de travail, et je suis presque certain que nous aurons des devoirs à faire. Ensuite, nous tirerons des conclusions pour arriver à des propositions plus concrètes». 

Une perspective universelle

Le professeur Ryan a également parlé d'un moment «intéressant», voire «passionnant» pour la vie de l'Église: «Dans ce synode, nous avons l'occasion, en tant qu'Église universelle, d'écouter de nombreuses voix différentes». L'implication des laïcs est cruciale à cet égard. «Nous sommes tous pareils, nous avons des enseignements différents, mais tous ensemble nous essayons d'atteindre ceux qui ne connaissent pas le Christ et l'Église. Et nous essayons de le faire "de différentes manières", y compris par le biais des technologies numériques, même si certaines populations n'y ont pas encore accès». Mgr Randazzo a repris ce thème: «Lorsque nous parlons de la synodalité du monde numérique, nous devons nous rappeler qu'il pourrait y avoir une île où les bateaux n'arrivent que très rarement et seulement pour apporter du carburant. Si le bateau n'arrive pas, ils n'ont pas de carburant, les générateurs ne fonctionnent pas et ils ne peuvent même pas allumer l'ordinateur», a-t-il déclaré, rapportant l'expérience de communautés «littéralement isolées» en Océanie. Le prélat a donc invité à ne pas voir les choses «à la manière européenne», c'est-à-dire en tenant pour acquis que tout le monde dispose de taxis et de trains pour aller d'un endroit à l'autre ou, par exemple, pour se rendre à la paroisse. On parle de communautés distantes de mille kilomètres dans une même région. C'est pourquoi il est «vraiment beau, au Synode, d'être assis à des tables ou de prendre un café avec des gens du monde entier et qui ne sont pas seulement issus des communautés ecclésiastiques européennes», a déclaré le prélat, qualifiant d'«ingénieuse» la décision du Pape de convoquer un tel Synode.

La richesse du processus

Le père Orobator a convenu que cet événement ecclésial «est l'une des choses pour lesquelles les théologiens vivent», à savoir faire partie d'un processus dans lequel ils peuvent puiser des ressources. «Je suis convaincu que le processus sera plus important que le résultat. Cela peut nous conduire à expérimenter une nouvelle manière d'être Église», car «nous bénéficierons de la sagesse, des idées, des dons uniques que la diversité offre à l'Église».

Pas d'animosité ni d'hostilité

La différence comme vertu, donc. En fait, de nombreuses «divergences» apparaissent entre les synodes, mais - a précisé le cardinal Lopéz Romero - «il ne s'agit jamais d'affrontements entre factions", ni même «d'hostilité et d'animosité». La logique est de dialoguer, pas de «répondre à l'autre». Il ne s'agit pas non plus de répondre aux journalistes: «Le synode n'est pas conçu pour répondre aux questions d'un journaliste ou d'un autre, mais il est conçu pour un discernement de l'Église qui découle d'un processus», a déclaré Paolo Ruffini en réponse à une question des journalistes. Un discernement, c'est-à-dire «sur la manière dont l'Église peut marcher dans le monde».

L'assemblée et les médias

Et justement, en parlant de la relation entre l'assemblée et l'information, un journaliste présent dans la salle a souligné le fait que certaines questions - en premier lieu les femmes et l'accueil des personnes LGBT+ - ne doivent pas être considérées comme de simples constructions journalistiques, mais comme des questions qui tiennent à cœur à de nombreux croyants qui ont «investi " du temps et de l'énergie pendant la phase consultative du processus synodal pour mener une réflexion sérieuse sur ces sujets. Des personnes qui attendent maintenant des réponses. À cet égard, Paolo Ruffini a précisé que ces questions font l'objet d'une conversation: le synode n'est certainement pas «une table ronde» ni «un talk-show», mais «une conversation dans l'Esprit». Il en sortira «un rapport de synthèse qui sera renvoyé au peuple de Dieu et ensuite il y aura une autre assemblée». Il s'agit encore d'un long processus qui, comme l'a dit le cardinal Lopéz Romero, requiert «patience et espérance».

Synode: point de presse du 17 octobre

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17 octobre 2023, 18:24