Mgr Paglia en Inde pour aborder la bioéthique et l’intelligence artificielle
Prendre soin de ceux qui sont faibles et malades est une exigence intrinsèque de notre humanité même, et les soins palliatifs offrent une réponse concrète et valable parce que lorsque vient le moment où l'on ne peut pas guérir, on peut encore prendre soin des gens. C'est ce qu'a réaffirmé Mgr Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie, d’abord lors d’une rencontre pour les prêtres et les séminaristes, mardi 30 janvier, dans les locaux du Vidyajyoti College of Theology de New Delhi.
Des soins palliatifs développés en Inde
Abordant le thème "Éthique et défis pastoraux en fin de vie", Mgr Paglia a évoqué la situation en Inde. À la suite d'un récent arrêt de la Cour suprême (affaire Aruna Ramchandra Shanbaug contre Union of India), l'euthanasie fait l'objet de plus de discussions dans le pays. Mais l'Inde est aussi le pays où les soins palliatifs sont les plus développés, a soutenu Mgr Paglia. «L'approche des soins palliatifs par le biais d'un réseau communautaire basé sur le volontariat est plus pertinente qu'une approche institutionnelle. En Inde, le travail en réseau communautaire est pratiqué et encouragé dans l'État du Kerala par l’intermédiaire du docteur Rajagopal, fondateur de Pallium India et collaborateur de l'Académie pontificale pour la vie.»
«Nous savons qu'en Inde, moins d’1% des personnes dans le besoin ont accès aux médicaments opioïdes, et grâce aux efforts du Dr Rajagopal, la situation est en train de changer, mais il reste encore beaucoup à faire pour que le droit au traitement soit effectif et que les médicaments soient accessibles», a témoigné sur place Mgr Paglia.
Le défi auquel nous sommes confrontés, a insisté Mgr Vincenzo Paglia, est de parvenir à accompagner les malades, à vivre humainement même dans la mort, sans perdre l'amour qui lutte contre l'abattement. «L'Église catholique, promotrice de la défense de la vie sous toutes ses formes, saura prendre des initiatives, en collaboration avec les associations humanitaires et médicales, pour promouvoir les soins palliatifs et veiller à ce que les prestations de santé soient accessibles aux plus faibles et aux plus vulnérables. Il doit en être ainsi jusqu'au bout. L'idée humaine du soin s'oppose à l'idée de la maladie comme exclusion de la communauté et culpabilité impardonnable», a-t-il poursuivi.
Les transformations sociétales de l'IA
Le président de l’Académie pontificale s’est ensuite rendue à la cathédrale du Sacré-Cœur, à New Delhi, dans l'après-midi du mardi 30 janvier, pour s'adresser aux prêtres, religieuses, laïcs et laïques sur le thème des "défis et opportunités" que le développement de l'Intelligence Artificielle pose à l'Église.
Il a présenté «l'Appel de Rome pour l'éthique de l'IA», document promu par l'Académie pontificale pour la vie, signé le 28 octobre 2020 par Microsoft, IBM, la FAO et le gouvernement italien et approuvé ensuite par 200 universités et diverses industries et entreprises du secteur. Le président de l'Académie pontificale pour la vie a tout d'abord mis l'accent sur les avantages que le développement de l'IA apporte dans le domaine de la santé et des soins, dans le diagnostic et dans les domaines d'application, en particulier dans l'agriculture et le secteur de l'information.
Du point de vue de la transformation sociale, Mgr Paglia a noté comment l'accès à Internet, la diffusion des données et leur utilisation dans des formes de calcul et de partage de plus en plus sophistiquées, modifient les formes de socialisation, de divertissement, de jeu et de travail. D'un point de vue théologique, une société plus «horizontale» interpelle l'Église, l'invitant à une nouvelle compréhension et à une ouverture au monde d'aujourd'hui, a ajouté celui qui est aussi grand-chancelier de l'Institut pontifical Jean-Paul II sur le mariage et la famille. Même les demandes dans le domaine religieux peuvent aujourd'hui être adressées directement, sans la médiation traditionnelle des institutions, y compris l'Église. C'est pourquoi il est important de contrôler les effets des technologies, car les processus qu'elles mettent en œuvre simulent l'intelligence humaine et ne peuvent la reproduire ni même la remplacer. L'archevêque italien a aussi souligné l’importance de l’utilisation consciente des données que nous mettons nous-mêmes sur le réseau, afin qu'il y ait un contrôle efficace de leur utilisation.
La puissance des réseaux sociaux en Inde
Après Mgr Paglia, le père Andrea Ciucci, secrétaire de la fondation vaticane Renaissance portant sur l'intelligence artificielle -établie le 12 avril 2021-, a abordé le thème des effets de la transformation numérique dans la vie des jeunes et des familles. Les adultes hyperconnectés correspondent selon lui aux jeunes qui peinent à trouver des repères dans la famille.
La diffusion de la technologie numérique nécessite un monde adulte capable de savoir regarder les demandes des jeunes d'une nouvelle manière et de «témoigner des valeurs auxquelles nous croyons afin de les transmettre». «C'est un défi, et je vous invite en Inde, un pays où les réseaux sociaux sont en grand développement, à vous engager pleinement et à devenir un modèle pour tous», a-t-il assuré.
Avec plus de 1,425 milliard d'habitants, le pays-continent qui a supplanté la Chine en 2023 est aujourd’hui celui qui utilise le plus les réseaux sociaux selon le rapport 2023 du cabinet international Datareportal: 332 millions d’Indiens sont utilisateurs d'Instagram et 367 millions utilisent leur compte Facebook.
Poursuivant son déplacement, le 1er février, Mgr Paglia prononcera un discours devant les responsables de la pastorale familiale du Kerala à Changanassery, avant de rencontrer le lendemain, 2 février, les membres de la conférence épiscopale indienne au sujet de l’IA et de participer à une conférence sur les relations entre l’éthique et la technologie à Dharmaram Vidya Kshetram, université pontificale à Bangalore.
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