Office de la Passion: Dieu est ce pouvoir illimité d’effacement
Myriam Sandouno - Cité du Vatican
Au cœur de la Semaine Sainte, les chrétiens catholiques du monde entier commémorent aujourd’hui Vendredi Saint, la Passion et la mort du Christ sur la croix. Celui qui se définit comme «JE SUIS» a accepté de se sacrifier, de mourir et d’être humilié pour sauver le monde.
«Mais quel repos peux-tu nous apporter, ô homme sur la croix, toi plus abandonné et fatigué que ceux que tu veux soulager?». Voici une question que se sont posés les contemporains de son époque l’ayant livré, et que pourraient se poser encore aujourd’hui de nombreuses personnes. Dans son homélie, au cours de la Liturgie de la Parole présidée par le Pape François, et devant 4 500 fidèles présents dans la basilique Saint-Pierre, le prédicateur de la Maison pontificale est revenu sur la figure de «JE SUIS». Celui qui appelle à venir à lui: «Oui, venez à moi, car JE SUIS. Je suis Dieu! J'ai renoncé à votre idée de toute-puissance, mais je garde ma toute-puissance qui est la toute-puissance de l'amour». Il est écrit, a rappelé le cardinal Cantalamessa «ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes» (1 Co 1, 25).
«Venez à moi et je vous procurerai le repos»
À tous ceux qui peinent sous le poids du fardeau: aux malades, aux personnes âgées, à ceux que «le monde laisse mourir dans la pauvreté, la faim, sous les bombes; vous qui, à cause de votre foi en moi, ou de votre combat pour la liberté, languissez dans une cellule de prison, vous femmes victimes de la violence», le Christ promet sans exception à tous la consolation, rassure le cardinal.
«JE SUIS», le Fils de l'homme
«Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS» (Jn 8, 28). S’appuyant sur ces propos de Jésus tenus à la fin d’une vive dispute avec ses adversaires, le cardinal capucin attire l’attention sur le «JE SUIS », qui «donne à sa déclaration une portée métaphysique absolue». La nouveauté de cette parole du Christ ne se découvre que si l'on prête attention à ce qui précède l'affirmation du Christ, répète le cardinal: «Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous comprendrez que JE SUIS». Comme pour dire, affirme-t-il, on ne saura ce que je suis –et donc «ce que Dieu est»– qu’à partir de la croix. L'expression «être élevé» dans l'évangile de Jean fait référence, on le sait, à l'événement de la croix.
Il indique que «Jésus n'est pas venu retoucher et perfectionner l'idée que les hommes se sont fait de Dieu» mais, dans un certain sens, «pour la renverser et révéler le vrai visage de Dieu». Poursuivant, le cardinal fait remarquer la portée universelle de la parole du Christ qui interpelle ceux qui la lisent, quelles que soient l’époque et la situation, «y compris la nôtre».
Un Dieu puissant, pouvoir illimité d'effacement de soi
Dans son homélie, le cardinal relève la puissance de Dieu. Mais de quelle puissance s'agit-il?, interroge-t-il. Face aux créatures humaines, «Dieu se retrouve dépourvu de toute capacité, non seulement coercitive, mais aussi défensive. Il ne peut pas intervenir avec autorité pour s'imposer à eux», indique le cardinal, puis de préciser qu’il ne peut que respecter, dans une mesure infinie, le libre choix des hommes. Ainsi, déclare-t-il, «le Père révèle le vrai visage de sa toute-puissance dans son Fils qui s'agenouille devant ses disciples pour leur laver les pieds; dans son Fils qui, réduit à l'impuissance la plus radicale sur la croix, continue d'aimer et de pardonner, sans jamais condamner».
C’est une «leçon pour nous qui, plus ou moins consciemment, voulons toujours nous faire voir», mais aussi pour les puissants de la terre, et pour ceux d’entre eux qui ne pensent même pas au service, mais seulement au pouvoir pour le pouvoir, dit le prédicateur de la Maison pontificale, ceux qui «commandent en maîtres» et qui, en outre, «se font appeler bienfaiteurs».
Le triomphe du Christ
En ce qui concerne Jésus, il ne fait aucun doute d’un «triomphe définitif et éternel». Mais comment ce triomphe se manifeste-t-il? Ici, le cardinal tente d’apporter quelques éclaircissements: la résurrection se produit dans le mystère, sans témoins. Sa mort –comme indiqué dans le récit de la Passion- a été vue par une foule nombreuse et a impliqué les plus hautes autorités religieuses et politiques. Une fois ressuscité, Jésus n’apparaît qu’à quelques disciples, à l’abri des projecteurs.
«Il a voulu ainsi nous dire qu'après avoir souffert, il ne faut pas s'attendre à un triomphe extérieur et visible, comme une gloire terrestre», explique le cardinal, soulignant que le triomphe est donné dans «l'invisible et est d'un ordre infiniment supérieur car il est éternel». En effet, les martyrs d’hier et d’aujourd’hui en sont la preuve.
«Le Ressuscité», à travers ses apparitions, a voulu offrir un fondement de foi très solide, à ceux qui ne refusent pas de croire a priori. Mais, précise le cardinal Cantalamessa, ce n'est pas une revanche qui humilie ses adversaires. «Il n’apparaît pas parmi eux pour leur prouver qu’ils se sont trompés et pour se moquer de leur colère impuissante», fait-t-il savoir. Puis de souligner que «toute vengeance serait incompatible avec l'amour que le Christ a voulu témoigner aux hommes par sa passion». Jésus Ressuscité avait un autre souci, celui de rassurer ses disciples égarés et, avant eux, les femmes qui n'avaient jamais cessé de croire en lui.
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