Le courage de Jean-Paul II, secret de sa sainteté selon le cardinal Comastri
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Le dimanche 27 avril 2014, plus de 800 000 personnes étaient massées sur la place Saint-Pierre et aux alentours pour assister à la canonisation de Jean-Paul II et de Jean XXIII. Dix ans plus tard, ce samedi 27 avril, une messe a été célébrée dans la basilique Saint-Pierre à l’initiative de la Fondation du Vatican dédiée à Karol Wojtyła.
Le doyen du collège des cardinaux, le cardinal Giovanni Battista Re qui présidait la messe, a demandé au cardinal Angelo Comastri de prononcer l’homélie sur le thème de la sainteté de Jean-Paul II. Prédicateur de la retraite de carême au Vatican en 2003, alors que Jean-Paul II était déjà très malade, le cardinal Angelo Comastri a été marqué par la figure spirituelle du Pape. Il lui a même dédié un livre «Jean-Paul II, au cœur du monde», publié en 2011.
Un Pape contre la guerre
Devant les fidèles, laïcs ou clercs venus rendre hommage à Jean-Paul II, le cardinal Comastri a insisté sur le courage du saint, «homme décidé et cohérent». Rappelant les paroles du Pape polonais, «les saints ne veulent pas être applaudis mais imités», le cardinal italien a illustré les facettes de la force de caractère de saint Jean-Paul II.
D’abord, a-t-il insisté, «Jean-Paul II a eu le courage de défendre la paix alors que soufflaient les vents de la guerre». Élu Pape en 1978, il n’a pas cessé de promouvoir la paix. «Quelquefois, il semblait être un prophète criant dans le désert», s’est souvenu le cardinal Comastri. À propos du Proche-Orient, déjà à Noël 1990, saint Jean-Paul II assurait que «la guerre est une aventure sans retour». Il le disait avec d’autant plus de gravité qu’il avait connu la guerre à Cracovie en Pologne, jeune étudiant puis séminariste entre 1942 et 1946. Aujourd’hui, alors que le bruit des armes continue plus que jamais au Proche-Orient, les paroles de paix de Jean-Paul II sont répétées inlassablement par son successeur François.
Le lien entre société et famille
Ensuite, le cardinal évoque la courageuse défense de la famille du Pape polonais, «dans une époque où la conscience de la dualité indépassable époux-épouse et père-mère s'est perdue». Citant les nombreux engagements du Pape en faveur de la famille, comme les Journées mondiale de la Famille, le Jubilé des Familles, les différents messages aux époux et aux familles, le cardinal assure que «son enseignement pour la défense de la famille était insistant et passionné».
Le droit à la vie était sacré pour le saint Pontife, malgré les nombreuses attaques. Il estimait que «plus la famille est sainte et unie, plus la société l'est aussi. Au contraire, l'effondrement de la société commence par l'effondrement de la famille». Le Pape François n'a pas dit autre chose, lorsque, en Géorgie en 2016, il explique qu’«une guerre mondiale est menée contre la famille». Toutefois, malgré les luttes passées et actuelles des Papes, «le droit à la vie n’existe plus», selon le cardinal Angelo Comastri, qui prend l’exemple de l'inscription dans la Constitution française de la liberté de recourir à l’avortement, votée par le parlement le 4 mars dernier.
Ainsi, saint Jean-Paul II consacrait le caractère sacré de la vie, notamment dans sa lettre apostolique Familiaris consortio. Mais plus encore, il était prêt à donner la sienne. Le cardinal Comastri se souvient du 9 mai 1993 quand le Pape lance un appel aux mafieux depuis la Sicile, «Hommes de la mafia, convertissez-vous», s’exposant au risque d’un nouvel attentat.
Jean-Paul II et la jeunesse
Enfin, saint Jean-Paul II est salué par le vicaire émérite du Pape pour la Cité du Vatican, comme un homme de courage auprès des jeunes. Alors que l’Église semblait incapable de parler aux jeunes au début de son pontificat, «Jean-Paul II n'a pas accepté la fuite ou la politique de l'autruche».
Le Pape créa les Journées mondiales de la Jeunesse et se fit un devoir de discuter avec les jeunes et de leur apporter des réponses, dans un monde qu’il voyait se séculariser de plus en plus. «Aujourd'hui, il n'est plus possible de parler de la foi sans tenir compte de l’absence de foi», répétait-il.
Totuus tuus (Tout à toi, Marie), devise de Jean-Paul II
Enfin, l’homélie s’est conclue par une évocation de la dévotion singulière de saint Jean-Paul II à la Vierge Marie. S’il était particulièrement attaché à Notre-Dame de Fatima, notamment après son attentat en 1981, puis pour la consécration au Cœur immaculée de Marie de la Russie le 25 mars 1984, «la raison de la dévotion mariale de Jean-Paul II est antérieure et indépendante de Fatima», assure le cardinal car «elle se fonde sur l’Évangile». «L'héritage marial que Jean-Paul II nous a laissé est toujours valable», a-t-il conclu.
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