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Lever de soleil sur la prison fédérale de Terre Haute, dans l'Indiana, aux Etats-Unis, le 9 juin 2001. Lever de soleil sur la prison fédérale de Terre Haute, dans l'Indiana, aux Etats-Unis, le 9 juin 2001.  (AFP or licensors)

Mgr Paglia: l'Église est prophétique dans la lutte contre la peine de mort

Le président de l'Académie pontificale pour la vie réagit à la publication du rapport d'Amnesty International sur la peine de mort, qui fait état d'un nombre croissant d'exécutions dans toutefois un nombre restreint de pays. «Le Magistère nous donne espérance, concorde et force, tout en soulignant l'opposition de l’Église à cette incroyable cruauté, que les Écritures interdisaient déjà à l'époque de Caïn».

Francesca Sabatinelli - Cité du Vatican

L’Église espère que l'exemple dont témoignent les pays qui ont abandonné la peine de mort, en l’abolissant ou en décidant d’un moratoire, puissent inspirer ceux qui la pratiquent encore. Ainsi réagit Mgr Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie, aux données publiées mercredi par Amnesty International. Son rapport 2023 sur la peine capitale dans le monde indique que l’année dernière, 1153 exécutions connues ont été enregistrées, un chiffre qui marque une augmentation de 30% par rapport à 2022. Jamais un tel record n’avait été atteint ces dix dernières années. Toutefois, l’ONG souligne que le nombre de pays pratiquant la peine de mort est le plus bas jamais enregistré, ils sont 16 au total. Cette année encore, le classement place l'Iran et l'Arabie saoudite en tête de liste, avec 89 % du nombre total d'exécutions, mais il manque les chiffres de pays comme la Chine, la Corée du Nord et le Vietnam, qui ne publient pas de données.

Mgr Paglia, le rapport 2023 d'Amnesty International indique que les chiffres sur la peine de mort restent élevés, mais qu'en réalité, seule une petite minorité de pays l'applique. L’ONG espère que ces pays évolueront et aboliront ce châtiment une fois pour toutes.


Bien sûr, le rapport montre un aspect positif puisque, si certains intensifient malheureusement cette pratique cruelle, le nombre de pays ayant suspendu la peine de mort en décidant de son abrogation augmente. J'espère que l'exemple qui se répand pourra aider à vaincre ce fléau dans d’autres pays, par exemple, en République démocratique du Congo, où la peine de mort a été réintroduite récemment. J'espère vraiment que cette pratique, dont la cruauté émerge de plus en plus, sera abolie. Et je suis convaincu que les progrès accomplis nous y aideront. Mais ma préoccupation se situe ailleurs: c'est celle du dédouanement -si je puis dire- de la guerre, des armes, d'une sensibilité qui confie précisément aux armes ce que la politique devrait faire. Il me faut souligner cette grave préoccupation, même si par ailleurs des progrès sont notables.

La marche vers l’abolition a toujours été l’objet d’une attention particulière de l'Église qui enseigne que la peine de mort est inadmissible à tout point de vue.

C'est une belle prophétie. On se souvient de saint Jean-Paul II qui, dans les années 1990, intercédait partout lorsqu’il fallait bloquer, freiner, différer, abolir. On a aussi aujourd’hui à l’esprit la modification du Catéchisme par le Pape François et sa déclaration très lucide réitérée dans Dignitas Infinita avec une grande clarté. (ndlr: «La peine de mort viole la dignité de tout être humain, inaliénable en toutes circonstances. Il faut au contraire reconnaître que «le rejet ferme de la peine de mort montre à quel point il est possible de reconnaître l’inaliénable dignité de tout être humain et d’accepter sa place dans cet univers. Étant donné que si je ne la nie pas au pire des criminels, je ne la nierai à personne, je donnerai à chacun la possibilité de partager avec moi cette planète malgré ce qui peut nous séparer.» (34))

Et je peux apporter un petit témoignage personnel. Je me souviens que, dans les années 1990, nous avons essayé, avec la Communauté de Sant'Egidio, d'inciter l'épiscopat américain à s'engager dans ce domaine et nous avons été prudemment retenus. Mais, la semaine dernière alors que j'étais aux États-Unis, j’ai vu un mouvement de chrétiens mobilisés contre la peine de mort et soutenus par l'épiscopat, et c'est un excellent petit exemple de la façon dont cette perspective de l'Église catholique est vraiment au service d'un nouvel humanisme où la dignité signifie le respect et la protection de toutes les vies humaines.

C'est ce qu'a dit Benoît XVI lorsqu'il a attiré l'attention de tous les dirigeants des sociétés sur la nécessité, précisément, de faire tout ce qui est possible pour éliminer la peine de mort. Benoît XVI, Jean-Paul II avant lui et maintenant le Pape François, tous parlent d’une seule voix contre la peine capitale ?

Oui, il me semble que le Magistère de l'Église s'exprime désormais clairement dans cette perspective, et cela donne de l'espoir, bien sûr, la concorde et la force de souligner l'opposition de l'Église à cette cruauté inouïe, que les Écritures interdisaient déjà à l'époque de Caïn. Cette prophétie de tout le Magistère, le Pape Benoît XVI a bien fait de nous le rappeler aussi, je crois que c'est vraiment comme il est écrit dans l'Évangile, cette semence mise en terre et, je dirais, que le cultivateur dorme ou veille, cette semence produira certainement son fruit. C'est une grande espérance, parce que c'est une vérité tellement belle, tellement forte que, à mon avis, elle est vraiment imparable.

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31 mai 2024, 09:23