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Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, membre observateur du sommet pour la paix en Ukraine, près de Lucerne en Suisse, le 16 juin 2024. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, membre observateur du sommet pour la paix en Ukraine, près de Lucerne en Suisse, le 16 juin 2024.   (ANSA)

Le cardinal Parolin déplore l'absence russe à la conférence pour la paix en Ukraine

Le secrétaire d’État du Saint-Siège s’est rendu au Sénat italien pour la rencontre des «Colloques pour la paix» le 19 juin, commentant le récent sommet à Lucerne en Suisse auquel il s’est rendu: «J'ai entendu de nombreuses personnes dire: nous ne sommes pas en guerre avec la Russie, mais nous sommes ici pour chercher un chemin vers la paix entre la Russie et l'Ukraine. J'ai beaucoup aimé cela».

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Le cardinal Pietro Parolin est revenu satisfait de la conférence qui s'est tenue la semaine dernière à Bürgenstock, Lucerne (Suisse), dans le but de trouver une solution de paix pour l'Ukraine. Le secrétaire d’État représentait le Saint-Siège au sommet, invité en tant qu'observateur. S'exprimant mercredi 19 juin au Palazzo Madama, siège du Sénat italien, à l'occasion de l'événement Colloques pour la paix organisé par l'association "Avvocatura in Missione" avec plusieurs parlementaires italiens, le cardinal a souligné aux journalistes en marge de la réunion que la conférence en Suisse était «utile» mais avec «la limitation, notée par de nombreux orateurs, de ne pas avoir la présence de la Russie. La paix se fait toujours ensemble».

Une paix juste et le principe de fraternité

«J'ai entendu - et j'ai aimé cela - de la part de nombreuses personnes: nous ne sommes pas en guerre avec la Russie, mais nous sommes ici pour chercher un chemin vers la paix entre la Russie et l'Ukraine», a souligné le cardinal, réitérant l'importance de l'adjectif «juste» associé au mot paix: «Une paix juste... c'est-à-dire fondée sur les principes du droit international et sur le strict respect de la Charte des Nations unies». À cela s'ajoute, pour le cardinal Parolin, «le principe de fraternité, un principe métajuridique mais qui trouve aussi des applications concrètes dans les systèmes juridiques. Si nous ne faisons pas l'effort de nous sentir frères dans ce monde, nous ne pourrons jamais surmonter les conflits».

Manque de confiance

Le «grand problème d'aujourd'hui» pour lequel, selon le secrétaire d'État du Vatican, «les organismes internationaux fonctionnent peu ou pas du tout» est en fait «le manque absolu de confiance réciproque»: «Nous ne nous faisons plus confiance et c'est pourquoi les arsenaux d'armes conventionnelles, mais aussi atomiques, augmentent. Chacun veut être sûr de se protéger face à l'autre, qui n'a plus confiance et n'est plus capable d'avoir des relations basées sur la paix et le respect».

Des intérêts économiques derrière le commerce des armes

Derrière les armes, donc, «il y a de grands intérêts économiques en jeu», affirme clairement le cardinal, faisant écho aux propos du Pape. Des propos devant lesquels les gouvernements et les partis politiques semblent justement sourds: quand ce sont les critères du marché qui guident les groupes et les gouvernements, «il est logique que le Pape puisse à juste titre appeler à arrêter la prolifération des armes, mais cet appel ne sera certainement pas entendu», commente le cardinal. «Cependant, le Pape est courageux parce qu'il continue à insister. C'est un sujet sur lequel il bat et bat et nous espérons que petit à petit il parviendra à percer».

Envoi d'armes à l'Ukraine

Interrogé sur le débat entre les forces politiques italiennes sur l'envoi d'armes à l'Ukraine, le secrétaire d'État a souligné que «la seule façon de résoudre ce problème est de se réunir et de commencer à se parler sans conditions, alors nous pourrons aussi arrêter d'envoyer des armes». Mais il y a d'abord une étape à franchir qui «consiste à réussir à entamer des négociations entre les deux parties (Russie et Ukraine, ndlr), même sous une forme très discrète et confidentielle. Que les deux parties commencent à se parler». Alors oui, la présence du président russe Vladimir Poutine à une hypothétique table de dialogue est également envisagée: «Bien sûr! La paix se fait à deux, sinon s'il n'y a personne, il n'y a pas de paix».

Voyage au Liban

Le cardinal Parolin a confirmé son voyage imminent au Liban qui, comme le prévoient les médias libanais, devrait avoir lieu à la fin du mois de juin. Il ne s'agit pas d'une visite diplomatique, ni d'une mission pour la paix en Terre Sainte, compte tenu également des récentes tensions avec Israël qui semblent déplacer l'axe du conflit au Proche-Orient. «Depuis un certain temps, j'ai été invité par l'Ordre de Malte local à visiter ses œuvres, qui ont un grand impact social dans une situation de crise totale. La crise libanaise est une crise globale et nous essaierons certainement de travailler un peu, comme l'a toujours fait la diplomatie du Saint-Siège, pour aider à trouver une solution institutionnelle».

L'espérance des fruits de la paix

Un thème, celui du voyage au Liban, également repris par le cardinal Parolin dans son entretien peu après avec les journalistes devant San Salvatore in Lauro, à quelques pas du Sénat, où il a participé en fin de soirée à un événement avec le cardinal Matteo Zuppi, président des évêques italiens de retour de Terre Sainte, et des représentants du gouvernement. «Toute situation dans laquelle il existe un risque d'élargissement, d'approfondissement et d'envenimation des conflits ne peut que susciter une grande inquiétude», a déclaré le cardinal Parolin en faisant référence aux menaces d'une offensive israélienne au pays du Cèdre. «La visite a été programmée, elle n'est pas liée à la situation politique mais elle aura une dimension diplomatique», a-t-il ajouté, exprimant l'espoir que la «semaine intense» qui vient de s’achever, avec un Pape pour la première fois au G7 et le secrétaire d'État à la conférence pour la paix en Suisse, «laissera quelque chose...».

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20 juin 2024, 10:39