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Primauté et synodalité, deux dimensions constitutives de l'Église

Il n'y a pas de concurrence entre la primauté de l'évêque de Rome et la dimension synodale, au contraire: toutes deux sont deux réalités ecclésiales constitutives. C'est ce qui ressort de la conférence de présentation du document "L'évêque de Rome", qui s'est tenue jeudi 13 juin en Salle de presse du Saint-Siège.

Isabella Piro - Cité du Vatican

«Évidemment ensemble»: l'invitation lancée par saint Jean-Paul II aux autres chrétiens à trouver ensemble les formes dans lesquelles le ministère de l'évêque de Rome «peut réaliser un service d'amour reconnu par les uns et les autres» résonne encore aujourd'hui. Presque trente ans se sont écoulés depuis l'encyclique Un unum sint, publiée en 1995, et la réflexion sur la question de la primauté et de la synodalité est toujours vivante, de même que l'urgence de l'unité de l'Église et la demande de trouver une manière d'exercer le ministère pétrinien qui soit partagée par les Églises. Le sujet est plus fondamental que jamais, également en vue de la commémoration du 1700ème anniversaire du Concile de Nicée, le premier Concile œcuménique, qui sera célébré en 2025.

 

La question de la primauté comme occasion de réflexion commune

C'est donc sur ce point que le document "L'évêque de Rome", publié aujourd'hui, tente de tirer des conclusions. C'est ce qu'a rappelé ce matin le cardinal Kurt Koch, préfet du dicastère pour la Promotion de l'unité des chrétiens, en présentant le document aux journalistes en Salle de presse du Saint-Siège. «La conclusion la plus importante, a-t-il déclaré, est qu'il existe désormais un accord sur la "nécessité d'un service de l'unité au niveau universel», bien que selon des modalités «sujettes à des interprétations différentes». Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, «la question de la primauté n'est plus considérée seulement comme un problème, mais aussi comme une occasion de réflexion commune sur la nature de l'Église et sa mission dans le monde».

Le ministère pétrinien intrinsèque à la dynamique synodale

Une idée «particulièrement intéressante», a expliqué le cardinal Koch, est que «le ministère pétrinien de l'évêque de Rome est intrinsèque à la dynamique synodale, tout comme l'aspect communautaire qui inclut l'ensemble du peuple de Dieu et la dimension collégiale du ministère épiscopal». Ainsi, la primauté et la synodalité peuvent être comprises «non pas comme deux dimensions ecclésiales concurrentes, mais plutôt comme deux réalités mutuellement constitutives». Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, s'est particulièrement attardé sur ce point: «S'il existe un "lieu", un contexte qui peut aujourd'hui manifester -et qui manifeste- une nouvelle manière d'exercer la primauté, a-t-il déclaré, c'est précisément le processus synodal». «Le Pape ne se trouve pas seul au-dessus de l'Église, mais en son sein, en tant que baptisé parmi les baptisés et en tant qu'évêque parmi les évêques, a souligné le cardinal maltais, faisant écho au discours prononcé par François à l'occasion du 50e anniversaire de l'institution du Synode des évêques, le 17 octobre 2015.

Communion des fidèles, des églises et des évêques

Cette affirmation, a-t-il ajouté, renverse en fait la perspective du Concile Vatican I, qui assigne à la primauté d'être «le rempart contre les prétentions des États modernes à subordonner l'Église aux lois constitutionnelles», selon un modèle d'Église parfaite en forme de pyramide, «supérieure à toute société humaine» et au sommet de laquelle se trouve le Souverain pontife. Le Concile Vatican II a cependant imposé une véritable contrainte en insérant «le chapitre sur le peuple de Dieu dans la constitution sur l'Église». Le peuple de Dieu, en effet, «en tant que sujet du sensus fidei, ne sera jamais une somme de personnes, une masse anonyme, mais la totalité des baptisés qui vivent et marchent dans les Églises». Ce qui signifie, selon le cardinal Grech, que désormais «on ne peut pas parler de primauté et de collégialité sans les lier à la synodalité». Et cela est d'autant plus évident dans la «présence discrète» et dans la «fonction d'accompagnement et de confirmation du processus» du synode mené par le Pape et qui laissent entrevoir «une nouvelle manière d'exercer le ministère pétrinien», c'est-à-dire la manière de la «dynamique synodale», développée sur le registre de la «communion des fidèles, des Églises et des évêques», qui montre comment «il serait possible d'arriver à un exercice de la primauté au niveau œcuménique».

Un texte précieux pour le dialogue œcuménique

Son Éminence Khajag Barsamian, représentant de l'Église apostolique arménienne auprès du Saint-Siège - Catholicosat d'Etchmiadzine, a parlé d'un «texte de référence pour le dialogue œcuménique» et d'un «point de départ précieux pour une discussion renouvelée sur l'exercice de la primauté et de la synodalité». Relié à distance, il a réitéré que «la synodalité de l'Église catholique est un critère important pour les Églises orthodoxes orientales sur le chemin de la pleine communion», d'autant plus que ces dernières ont une «expérience séculaire de la synodalité». La référence aux «diverses propositions du document visant à renforcer la synodalité 'ad extra'», qu'il a qualifiées de «prometteuses», ainsi que l'idée de «distinguer plus clairement les différentes fonctions du Pape, d'une part, en tant que patriarche de l'Église latine, d'autre part, en tant que ministre de l'unité entre les différentes Églises et, enfin, en tant que chef d'État», ont été au cœur de son discours.

 

À cet égard, Khajag Barsamian s'est félicité de «la réintégration du titre de "Patriarche d'Occident" parmi les titres historiques du Pape», car cela «témoigne de sa fraternité avec les autres patriarches», ainsi que «l'insistance du Pape François sur son ministère d'évêque de Rome, car c'est en tant qu'évêque de Rome, l'Église "qui préside à la charité", comme le dit Ignace d'Antioche dans la Lettre aux Romains, que le Pape est appelé à servir la communion des Églises». L'Église apostolique arménienne souhaite donc que ce document «donne un nouvel élan pour réfléchir ensemble à un nouveau modèle, un modèle non pas de juridiction mais de communion».

La proposition de reformulation de Vatican I

L'archevêque Ian Ernest, directeur du Centre anglican de Rome et représentant personnel de l'archevêque de Canterbury auprès du Saint-Siège, a également pris la parole à distance. Il a souligné l'importance de la proposition de synodalité "ad extra" contenue dans le document et d'une «reformulation ou d'un commentaire officiel de l'enseignement de Vatican I», qui représente «une pierre d'achoppement majeure entre nos Églises». En particulier, Mgr Ernest a déclaré «qu'il est encore nécessaire de présenter l'enseignement de Vatican I à la lumière d'une ecclésiologie de communion, en clarifiant la terminologie utilisée».

Partage avec les Églises chrétiennes

Tous les intervenants ont souhaité que l'Évêque de Rome soit partagé avec les différentes Églises chrétiennes -ce que le dicastère en charge et le Secrétariat général du Synode ont l'intention de faire- afin que la réflexion puisse se poursuivre «évidemment ensemble».

 

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13 juin 2024, 16:48