Recherche

Le 23 juillet 2024, rencontre à Kiev entre le cardinal Pietro Parolin et les représentants religieux de la nonciature apostolique. Le 23 juillet 2024, rencontre à Kiev entre le cardinal Pietro Parolin et les représentants religieux de la nonciature apostolique.   (Krawiec)

Le cardinal Parolin aux représentants religieux: garder l’espérance dans la foi

Le cardinal Parolin a rencontré hier à la nonciature apostolique de Kiev les membres du Conseil des Églises et des organisations religieuses du pays d'Europe de l'Est. Le Secrétaire d'État a réitéré l'engagement du Saint-Siège à mettre fin au conflit car «la guerre ne peut jamais être utilisée comme une solution». Il s'est également opposé à la mobilisation militaire des prêtres dans l'armée.

Isabella Piro – Cité du Vatican

La douleur et la souffrance d'un pays meurtri par deux ans et demi de guerre, mais aussi la foi et l'espérance pour une paix juste. C'est autour de ces deux lignes directrices que s'est déroulée ce lundi 22 juillet au soir la rencontre entre le cardinal Pietro Parolin et les représentants du Conseil des Églises et des organisations religieuses de toute l'Ukraine. Cette rencontre, marquée par de nombreux témoignages, a conclu la quatrième journée de la visite du Secrétaire d'État dans ce pays d'Europe de l'Est, où il est arrivé le 19 juillet en tant qu'envoyé spécial du Pape.

La répudiation de la guerre

«La guerre est une question très complexe», a déclaré le cardinal Parolin aux participants, «mais elle a pour dénominateur commun la douleur et la souffrance». D'où l'accent mis sur «la répudiation de la guerre» qui «est l'un des principes fondamentaux du droit international». Dans le sillage de ce qui a été réitéré tant de fois par le Pape François, le Secrétaire d'État a rappelé que «la guerre ne peut jamais être utilisée comme une solution aux problèmes présents dans la communauté internationale» car «la guerre est toujours une défaite». Mais malgré tout, a-t-il poursuivi, il y a «l'espérance que cette situation de conflit puisse se terminer le plus tôt possible et que la paix, une paix juste, puisse revenir en Ukraine». Cette espérance, a souligné le cardinal Parolin, est renforcée par la «grande joie de travailler ensemble, malgré les différences» qui existent entre les organisations religieuses, mais elle doit avant tout être enracinée dans la foi. «En tant que responsables religieux, je voudrais que nous fassions ensemble ce soir un acte de foi, a déclaré le Secrétaire d'État, car rien n'est impossible à Dieu et notre foi peut transformer la réalité».

Ne pas oublier les nombreux conflits dans le monde

S'attardant ensuite sur les activités du Saint-Siège, le cardinal a mis l'accent sur trois niveaux opérationnels: le premier consiste à «maintenir vivante la conscience de la guerre en Ukraine», car  «aujourd'hui, il y a une tendance à oublier les conflits. Combien de conflits sont ignorés? Il y en a tant et même cette guerre, avec le temps, risque de devenir une routine, un fait comme tous les autres, qui n'aura même plus l'honneur des chroniques».

Le deuxième niveau est celui de l'aide humanitaire. «Le Saint-Siège s'est engagé à aider la population ukrainienne souffrante d'un point de vue humanitaire», a-t-il déclaré. Une contribution concrète, a-t-il ajouté, est apportée par le cardinal et aumônier apostolique Konrad Krajewski, qui, au nom du Pape, «apporte une aide variée à la population locale». Le Secrétaire d'État a également réitéré l'engagement du Saint-Siège en faveur du retour des enfants ukrainiens transférés de force en Russie, ainsi que de l'aide, tant matérielle que spirituelle, aux prisonniers de guerre, dans l'espoir qu'ils soient libérés.

Le troisième niveau, a poursuivi le Secrétaire d'État, est celui de la diplomatie proprement dite. «L'existence de la diplomatie vaticane n'a pas d'autre raison que d'aider à construire la paix, à la récupérer là où elle a été perdue et à prévenir les conflits qui pourraient la mettre en jeu», a-t-il déclaré, rappelant les missions que le cardinal Matteo Maria Zuppi a menées à Kiev, Moscou, Washington et Pékin en tant qu'envoyé spécial du Pape pour l'Ukraine. Il a également rappelé la participation du Saint-Siège, sur le plan humanitaire et en tant qu'observateur, à la plateforme de paix proposée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi qu’à la conférence sur l'Ukraine qui s'est tenue en juin en Suisse. Sans oublier les appels répétés du Pape François en faveur de ce pays martyrisé. «Nous ne voulons certainement pas nous substituer à l'initiative de paix du président Zelensky, nous la soutenons», a précisé l'envoyé spécial du Pape, «mais nous pensons aussi qu'il peut y avoir d'autres formes qui, si elles sont acceptées par les deux parties, peuvent amorcer des chemins de paix».

Rencontre entre le cardinal Parolin et les représentants religieux ukrainiens.
Rencontre entre le cardinal Parolin et les représentants religieux ukrainiens.

L'importance des évêques et des prêtres pour les communautés

Enfin, le Secrétaire d'État s'est attardé sur la question de la mobilisation générale, introduite en Ukraine par une loi sur le recrutement des soldats entrée en vigueur en mai dernier. «De l'avis du Saint-Siège, les ministres du culte ne doivent pas être impliqués dans cette mobilisation», a-t-il insisté. «Nous devons trouver un moyen de les exempter, non pas pour des raisons de privilège, car nous devons tous contribuer, mais parce que, tout d'abord, les pasteurs en tant que tels ne peuvent pas prendre les armes. Ensuite parce que, si les communautés étaient privées de leurs pasteurs, cela ferait vraiment beaucoup de dégâts au sein de la société elle-même», privée de l'aide spirituelle, du réconfort et du soutien offerts par les évêques et les prêtres. «Il est donc nécessaire que les pasteurs et les prêtres restent dans leurs communautés et les soutiennent», a-t-il réaffirmé.

Enfin, le cardinal a exhorté les représentants du Conseil des Églises et des organisations religieuses de toute l'Ukraine à «aller de l'avant avec courage dans votre travail, ensemble». «Que le Seigneur bénisse tout le monde et accélère l’arrivée du jour de la paix juste en Ukraine, pour laquelle, avec l'aide de Dieu, nous travaillons tous», a-t-il conclu.

La visite à l'église Saint-Nicolas

Avant la rencontre à la nonciature, le cardinal Parolin s'est rendu à l'église catholique Saint-Nicolas, également dans la capitale. Dans cette paroisse, gérée par les Missionnaires Oblats de l'Immaculée, il a apporté les salutations du Pape François. «Vous savez que le Pape François vous suit avec tant d'affection et d'amour et qu'il a toujours une préoccupation particulière pour votre pays et la situation de guerre dans laquelle il se trouve. Il prie pour vous et ne manque pas non plus de donner des signes concrets», avait déclaré le cardinal.

«Ma présence parmi vous se veut aussi un signe de l'amour et de l'affection du Pape pour vous et pour toute l'Ukraine», avait-il ajouté, avant de conclure la rencontre par une prière pour la paix: «Souvenons-nous du Pape, souvenons-nous de l'Ukraine, prions pour la paix, prions pour cette paroisse et pour toutes vos intentions».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

23 juillet 2024, 16:05