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Indonésie, une photo dans les bidonvilles de Jakarta. Indonésie, une photo dans les bidonvilles de Jakarta.   (ANSA)

Le Saint-Siège à l'ONU: «la pauvreté est le plus grand défi mondial»

L’Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, s’est exprimé ce 9 juillet lors du Forum politique de haut niveau sur le développement durable promu par le Conseil économique et social, qui se tient à New-York jusqu'au 18 juillet. Dans ses deux interventions, Mgr Gabriele Caccia a réaffirmé l’impératif pour la communauté internationale de prendre des mesures radicales et transformatrices en matière d'endettement afin d'atteindre l'objectif d'un monde sans pauvreté d'ici 2030.

Augustine Asta – Cité du Vatican

Les deux interventions de l’Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies lors du Forum politique de haut niveau sur le développement durable promu par le Conseil économique et social rentrent dans le cadre de l'examen des objectifs de développement durable (ODD) 1 et 2. Dans sa toute première communication, Mgr Gabriele Caccia a tenu tout d’abord à rappeler qu’il est évident que «l'effroyable réalité de la pauvreté persistante dans toutes ses dimensions existe toujours». Le diplomate estime que si les tendances actuelles se poursuivent, «seul un tiers des pays aura réduit de moitié la pauvreté nationale d'ici 2030». Il est donc impératif, voire urgent, «de réaffirmer que la pauvreté est le plus grand défi mondial auquel nous sommes confrontés et qu'elle constitue l'objectif primordial de l'Agenda 2030», précise-t-il.

Pour Mgr Gabriele Caccia, la pauvreté est un «phénomène à multiples facettes» qui se manifestent dans tous les aspects de l'existence humaine mais qui ne se «limite pas aux ressources financières dont les gens dépendent pour leur survie». Car ajoute-t-il, la pauvreté «se manifeste sous diverses formes et nécessite une approche globale qui associe des mesures monétaires à des politiques globales visant à remédier aux privations non monétaires subies quotidiennement par des millions de personnes». 

Dans le même temps, l’Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies pense que «la prise en compte des aspects multidimensionnels de la pauvreté est hors de portée de nombreux pays en développement». Une réalité qualifiée par Mgr Gabriele Caccia de «scandaleuse», qui contraint ces pays à consacrer «des ressources précieuses au remboursement de dettes insoutenables». Pour lui «Il existe une disparité significative entre la proportion des dépenses publiques allouées aux services essentiels, tels que l'éducation, les soins de santé et la protection sociale, dans les économies avancées et celles des économies émergentes et en développement».

Des appels pour réduire efficacement la pauvreté dans le monde

Face à ce décor peu reluisant, Mgr Gabriele Caccia appelle la «communauté internationale à prendre des mesures radicales et transformatrices en matière de dette afin d'atteindre l'objectif d'un monde sans pauvreté d'ici 2030». Cela doit inclure, dit-il, «la mise en œuvre de stratégies de restructuration de la dette qui donnent aux pays en développement la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour investir dans leur population». L’Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies plaide aussi pour la «réduction des taux d'intérêt et l'extension des périodes de remboursement représentent des moyens potentiels pour les pays en développement d'orienter les investissements vers des domaines tels que l'éducation, les soins de santé et la protection sociale, brisant ainsi les cycles de la pauvreté ».

Le Pape François en compagnie de Mgr Gabriele Caccia.
Le Pape François en compagnie de Mgr Gabriele Caccia.

Mgr Gabriele Caccia n’a pas manqué de réitérer l'appel lancé par le Pape François aux pays riches pour qu'ils «remettent les dettes des pays qui ne seront jamais en mesure de les rembourser», réitéré dans la bulle d'indiction du jubilé 2025. Il faut «veiller  à ce que les pays en développement ne soient pas accablés par une dette insoutenable, il est possible de réaliser les investissements nécessaires pour mettre fin à la persistance de la pauvreté, améliorer la vie de millions de personnes et parvenir à un développement humain intégral pour tous», atteste Mgr Gabriele Caccia.

Quête commune d'un monde sans faim

La deuxième communication du représentant du Saint-Siège était l’occasion de réfléchir sur l'objectif de développement durable (ODD) 2 et les progrès accomplis dans la quête commune d'un monde sans faim. Le constat fait par Mgr Gabriele Caccia est que «la vision d'un monde libéré de la faim» s’éloigne.

Selon lui, «la communauté mondiale se trouve à un moment critique, confrontée à des niveaux alarmants de faim et de malnutrition dans le monde. Le paysage mondial, ravagé par les crises économiques, le changement climatique et les conflits, exacerbe les vulnérabilités de millions de personnes». Et le pire c’est que «la faim et la malnutrition perpétuent des niveaux de pauvreté encore plus élevés», déplore-t-il.

L’apport de l’Église pour un monde libéré de la faim

Pour atteindre l'objectif de la «faim zéro» dans le monde, Mgr Gabriele Caccia à souligner à grand trait le rôle essentiel joué par les acteurs non étatiques dans les efforts déployés pour atteindre l'ODD 2. Précisément «l'Église catholique par le biais de nombreuses organisations, initiatives et œuvres caritatives est présente sur le terrain dans le monde entier, en première ligne des efforts déployés pour lutter contre la faim en distribuant des repas quotidiens», explique-t-il. Seulement, il ne suffit pas de «s'en remettre à des solutions à court terme», l’atteinte de l'ODD 2 d'ici à 2030 implique «non seulement de soulager la faim dans l'immédiat, mais aussi de transformer les systèmes alimentaires afin d'en assurer la durabilité, la résilience et l'équité», explique l’Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies.

Répondre aux besoins des populations vulnérables

Il faut surtout une nouvelle façon d’agir qui prend en compte les populations vulnérables durement touchées par l'insécurité alimentaire. Elles doivent être «au premier plan de tous les efforts», martèle Mgr Gabriele Caccia. Il mentionne dans la foulée qu’il s’agisse des petits exploitants agricoles, des communautés autochtones ou des femmes, toutes ces catégories sociales jouent un rôle crucial dans l’agriculture mais malheureusement «n'ont souvent pas accès aux ressources et aux processus décisionnels». C’est pourquoi il est « nécessaire et urgent d'accélérer l'action et de renforcer les partenariats afin de répondre aux besoins immédiats de ceux qui souffrent de la faim», conclut-il.  

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10 juillet 2024, 12:54