En Pologne, Mgr Gallagher défend la liberté religieuse
Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican
Dans un monde où la persécution des minorités religieuses, en premier lieu des chrétiens, augmente et où la liberté de religion est violée dans un tiers des pays, la diminution de la protection de ce droit de tout homme «est le symptôme d'une crise universelle qui concerne l'État démocratique». En effet, chaque fois que les droits liés à la dignité et à la primauté de la personne humaine «sont supprimés ou oubliés, l'État prend rapidement une tendance autoritaire». C'est ce qu'a souligné Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales du Saint-Siège, s'exprimant ce matin à Varsovie lors d'une conférence sur «la liberté de conscience et de religion dans un État démocratique», organisée par le Sénat de la République de Pologne.
Soixante ans de magistère papal sur la liberté religieuse
Dans son discours, consacré au thème de la «liberté de conscience et de religion dans le contexte de la Doctrine sociale de l'Église», Mgr Gallagher, invité par la présidente du Sénat Małgorzata Kidawa-Błońska, a rappelé les déclarations magistérielles les plus importantes de l'Église catholique au cours des soixante dernières années sur le sujet: de l'encyclique Pacem in Terris de saint Jean XXIII à l'encyclique Fratelli tutti du Pape François, en passant par la déclaration conciliaire Dignitatis Humanae.
Liberté religieuse et recherche de la vérité
Le magistère «souligne que la liberté religieuse implique la capacité d'exercer, sans contrainte et sans menace de persécution, ses convictions religieuses, tant en privé qu'en public». Mais -citant les mots du cardinal Secrétaire d'État, Pietro Parolin, lors du Symposium sur la défense de la liberté religieuse en septembre 2020-, Mgr Gallagher a indiqué qu'«il est également important de reconnaître que “la liberté religieuse est, en même temps, la liberté de chercher la vérité”». En effet, «nous sommes tous créés pour connaître et choisir le bien, chacun selon sa propre conscience», et sans cette finalité objective, «nous ne pouvons espérer trouver autre chose qu'une société en crise, où chacun est incapable d'embrasser quelqu'un d'autre que lui-même».
Quand la conscience individuelle devient le juge suprême
L'archevêque britannique l’a précisé après avoir souligné, toujours en citant le cardinal Parolin, que «dans nos sociétés contemporaines, surtout en Occident, il y a une tendance à exalter la liberté au point qu'elle devienne un absolu», la «source des valeurs». Cela se produit en particulier sur internet, «le nouvel espace mondial de rencontre», où la valeur de la liberté d'expression, de conscience et de religion «est souvent vantée comme une liberté totale de choix», qui «sans son lien avec la vérité universelle concernant le bien et le mal», basée uniquement sur le «moi», «se transforme en licence ou devient une excuse pour limiter les droits d'autrui». «Lorsque cela se produit, a-t-il expliqué, citant le cardinal Parolin, la conscience individuelle est élevée au rang de tribunal suprême du jugement moral qui émet des décisions catégoriques et infaillibles sur ce qui est bien et ce qui est mal». Une telle conception du bien et du mal «conduit à une compréhension limitée de la liberté religieuse» et entrave la réalisation d'un «pluralisme authentique et la recherche de la vérité objective».
L'équilibre délicat avec la laïcité de l'État
Observant la situation actuelle, Mgr Gallagher a déploré que même dans les États occidentaux, fiers de leur démocratie, «la mise en œuvre de la protection de la liberté religieuse soit entravée par des facteurs qui ne semblent pas influencer les autres droits fondamentaux». En effet, il n'est pas rare, a-t-il expliqué, «que les autorités civiles nient ou limitent toute forme de propagande ou de promotion religieuse, sous prétexte de maintenir la neutralité, la laïcité ou la séparation de l'Église et de l'État», oubliant que ces principes «ont été établis pour garantir la liberté religieuse pour tous». Certes, a reconnu le secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales, «il est parfois nécessaire de poser des limites pratiques à certaines expressions néfastes de la liberté religieuse, mais cela se fait précisément dans le but de garantir la même liberté à d'autres». Mais si «les principes positivistes de l'État sont placés au-dessus des droits fondamentaux de l'homme, l'application de ces principes peut devenir arbitraire».
Reconnaître l'apport éthique de la religion en politique
Il est faux, selon l'archevêque, de penser qu'un «État laïque» devrait «neutraliser la religiosité ou marginaliser les expressions publiques de la religion», au nom de ce que Benoît XVI a appelé une «laïcité malsaine», semblable au fondamentalisme religieux «puisque tous deux, écrivait-il dans son message pour la Journée mondiale de la paix 2011, représentent des formes extrêmes de rejet du pluralisme légitime et du principe de laïcité». Pour Mgr Gallagher, l'État laïque «devrait reconnaître et mettre en œuvre les valeurs fondamentales qu'une société a héritées de sa tradition religieuse», afin d'apprécier, comme l’a toujours dit le Pape Benoît XVI, «la contribution éthique de la religion dans la sphère politique (...) à la promotion du bien commun».
Liberté religieuse et fraternité humaine
Enfin, résumant le magistère du Pape François sur le sujet, Mgr Gallagher a rappelé que pour l'actuel Souverain pontife, la liberté religieuse «est une défense contre le totalitarisme et une contribution décisive à la fraternité humaine». Il s'agit en effet, a-t-il déclaré lors d'une rencontre interreligieuse à Tirana en septembre 2014, d'un «espace partagé, d'une atmosphère de respect et de coopération qui doit être construite avec la participation de tous, même de ceux qui n'ont pas de convictions religieuses». Pour promouvoir la liberté religieuse, a indiqué le Pape en Albanie, «nous devons considérer chaque homme et chaque femme comme des frères et des sœurs», puis travailler «au service du bien commun». En effet, «lorsque l'adhésion à une tradition religieuse spécifique donne lieu à un service» adressé à l'ensemble de la société «sans faire de distinctions, alors on fait l'expérience d'une liberté religieuse authentique et mûre». Car elle se présente «non seulement comme un espace où défendre légitimement son autonomie, mais aussi comme un potentiel qui enrichit la famille humaine au fur et à mesure qu'elle progresse. Plus les hommes et les femmes sont au service des autres, plus leur liberté est grande».
Mgr Gallagher a ainsi rappelé que la liberté religieuse est «le droit de tout être humain de manifester et de vivre librement ses convictions religieuses devant toute autorité sociale, sans autres limitations que celles qui sont nécessaires au maintien d'un ordre public juste».
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