«Faire découvrir l'amour de Dieu», la mission du futur cardinal Bychok
Deborah Castellano Lubov - Cité du Vatican
«L'Église doit être proactive dans son rôle de médiateur pour une paix juste, non seulement en Ukraine, mais aussi au Proche-Orient et dans d'autres parties du monde qui connaissent des guerres et des conflits. La paix mondiale ne viendra que lorsque les gens auront la paix dans leur cœur, une vraie paix qui vient de l'amour du Christ». Ainsi s’est exprimé Mgr Mykola Bychok, évêque de l'éparchie des Saints Pierre et Paul à Melbourne pour les catholiques ukrainiens d'Australie, de Nouvelle-Zélande et d'Océanie, auprès de Radio Vatican-Vatican News. Il est l'un des 21 nouveaux cardinaux qui seront créés lors du consistoire annoncé par le Pape François le 7 décembre 2024. À 44 ans, Mgr Bychok sera le plus jeune membre du Collège des cardinaux.
Comment avez-vous reçu la nouvelle de votre nomination comme cardinal par le Pape François et comment comprenez-vous votre responsabilité en ces temps de guerre?
J'ai reçu la nouvelle alors que je visitais notre paroisse à Brisbane (Australie). C'est arrivé pendant le dîner, alors que mon téléphone était éteint. Lorsque je l'ai rallumé, j'ai reçu une avalanche de messages. Pour être honnête, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'une blague. Il m'a fallu un certain temps pour commencer à comprendre. Je comprends l'ampleur de la responsabilité que cette nomination me confie, la responsabilité de la vie et de l'avenir de toute notre Église. Sachant les moments difficiles que mon peuple ukrainien traverse à cause de la guerre, je continuerai à informer constamment le monde catholique de ce qui se passe dans notre pays.
Quelle expérience passée ou présente vous a le mieux préparé à ce rôle de proche collaborateur du Pape?
En fait, je n'étais pas prêt pour cette nomination. Je dirai même plus: je n'étais même pas prêt à être évêque pendant mon séjour au séminaire. Nous ne sommes jamais préparés à devenir évêques ou cardinaux. Dans l'Église catholique, un cardinal est une nomination honorifique au service du Saint-Père. Il s'agit d'un rôle consultatif qui exige d'être attentif aux besoins de l'Église dans le monde d'aujourd'hui. Pour l'instant, je ne sais pas quel rôle ou quelle responsabilité le Pape a placé sur mes épaules, mais je sais qu'il y aura une grande opportunité d'avoir un contact direct avec le Pape. Je voudrais mentionner ici Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk (chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne, ndlr), avec qui nous parlerons d'un seul cœur et d'une seule bouche au Pape François, à l'Église catholique, au monde et à la communauté mondiale.
Le Pape François appelle souvent à mettre fin aux souffrances de l'Ukraine «martyrisée». Que faut-il faire, selon vous, pour œuvrer concrètement dans ce sens?
Il y a une semaine, après la prière de l'Angélus, le Pape a mentionné à deux reprises le peuple martyr d'Ukraine, en exprimant sa profonde préoccupation pour la situation dans le pays. Le Saint-Siège et le Pape ont pris de nombreuses bonnes initiatives pour arrêter la guerre. Comme chacun sait, le Saint-Siège s'est engagé à libérer les prisonniers, à prier pour les personnes souffrantes et blessées et pour celles qui ont disparu sans laisser de traces. Beaucoup a été fait, mais on peut faire encore plus à l'avenir.
Pouvez-vous nous parler de votre spiritualité et de la manière dont vous avez découvert votre vocation?
J'ai découvert ma vocation à l'âge de 15 ans, alors que j'étais encore à l'école. La communauté rédemptoriste m'a aidé à reconnaître ma vocation, car c'est dans leur paroisse que je me rendais régulièrement aux offices. Plus tard, j'ai commencé à servir et à voyager avec les pères en mission et en retraite. L'exemple de leur vie et leur grand zèle à prêcher la Parole de Dieu m'ont impressionné. Ils consacraient leur service à Dieu et suscitaient mon émerveillement et mon admiration, qui se sont transformés en un désir ardent d'être l'un d'entre eux. Les récits de mon premier maître spirituel, le père Mykhaylo Shevchyshyn, m'ont fait découvrir les géants de notre Église, le service de nos pères et de nos frères dans l'Église clandestine, l'endurance et le courage dans les circonstances difficiles de l'époque. En revanche, mon deuxième maître spirituel, le père Volodymyr Vons, un représentant de la jeune génération de Rédemptoristes, est devenu pour moi un exemple vivant de la façon dont on peut consacrer sa jeune vie entièrement à Dieu. Aujourd'hui encore, la communauté rédemptoriste est d'une grande importance pour moi en tant qu'évêque et futur cardinal.
Les cardinaux ukrainiens ont marqué l'histoire, notamment le cardinal Lubomyr Husar. Y a-t-il quelque chose de particulier qui vous a frappé dans leur façon de diriger les fidèles ou d'aborder les difficultés auxquelles le pays est confronté?
Le cardinal Husar était une personne extraordinaire. Il était le patriarche de l'Église gréco-catholique ukrainienne et également cardinal. Il a toujours su rester simple et accessible. J'aimerais citer une de ses phrases les plus célèbres: «Mon rêve dans la vie est d'être un être humain, mais je ne suis pas sûr à 100 % de ce que cela signifie d'être humain, bien que ce soit toujours mon rêve et ma prière d'être un être humain bon et normal». Ces paroles du cardinal m'aideront beaucoup dans mon ministère.
Quelles sont vos principales préoccupations pastorales en Australie et quelles devraient être, selon vous, les priorités de l'Église en général?
Je pense qu'il y a deux priorités. La première me touche particulièrement d’abord en tant que cardinal ukrainien. L'Église doit être proactive en tant que médiatrice pour une paix juste, non seulement en Ukraine, mais aussi au Proche-Orient et dans d'autres parties du monde qui connaissent des guerres et des conflits. Deuxièmement, nous devons lutter contre la sécularisation. En tant que prêtre aux États-Unis et évêque en Australie, j'ai vu comment la sécularisation a affecté la société et l'Église. Nous sommes appelés à être des missionnaires pour aider les gens à redécouvrir l'amour de Dieu et de son Fils Jésus-Christ, afin qu'ils puissent voir que l'Église est le lieu où l'on peut rencontrer le Dieu vivant de la plus belle des manières, à travers les saints sacrements, la confession et la sainte communion. La paix dans le monde ne viendra que lorsque les gens auront la paix dans leur cœur, une paix véritable qui vient de l'amour du Christ.
Concrètement, avez-vous des suggestions à faire pour que la foi atteigne les gens?
Tout d'abord, nous devrions montrer par notre vie que nous vivons dans le Christ,pour que lorsque les autres regardent notre vie, ils puissent le voir à travers nous, en particulier dans les pays qui sont des pays laïques. Là, il est particulièrement important que nous ayons un lien direct avec Jésus, que les autres peuvent redécouvrir en nous.
Y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter?
La meilleure façon de montrer le Christ aux jeunes est de suivre l'exemple de Jésus dans sa vie personnelle, en étant proche des gens, en particulier de ceux qui sont abandonnés et marginalisés. Le Pape souhaite que les cardinaux désignés soient davantage des serviteurs que des éminences. Que Dieu nous aide à accomplir ces tâches.
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