Recherche

Le «Synode du sport» tenu vendredi 25 octobre au palais San Callisto à Rome. Le «Synode du sport» tenu vendredi 25 octobre au palais San Callisto à Rome.   (Vatican Media)

Le Synode du sport, «c’est marcher ensemble et briser les barrières»

L’espoir du Saint-Père est que «le sport puisse concrètement construire des ponts, faire tomber les barrières et promouvoir les relations apaisées». Une vision à laquelle adhère l’Athletica Vaticana qui a rassemblé le 25 octobre, athlètes réfugiés, paralympiques et olympiques, religieux sportifs et encadreurs à l’occasion du «Synode du sport». Les différents athlètes sont revenus sur leur parcours, partageant leurs expériences et leurs difficultés.

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

C’est dans une ambiance bon enfant que s’est tenu vendredi 25 octobre l'événement «Synode du sport», au palais San Callisto à Rome, l’une des propriétés extraterritoriales du Saint-Siège. Ce cadre de dialogue avec des athlètes réfugiés, paralympiques et olympiques organisé par l’Athletica Vaticana, a permis un partage d’expériences d’hommes et de femmes de différentes disciplines sportives.

À cet événement soutenu par le dicastère pour la Culture et l’Éducation et celui pour la Communication, ont pris part: Amelio Castro Grueso, athlète paralympique à Paris 2024 en escrime avec l'équipe des réfugiés; Monica Contrafatto, médaillée de bronze sur 100 mètres aux Jeux paralympiques de Rio de Janeiro 2016, Tokyo 2021 et Paris; Andy Diaz, médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Paris au triple saut, avec son entraîneur Fabrizio Donato, médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Londres 2012, médaillé d'or aux Championnats d'Europe 2012 et aux Championnats d'Europe en salle 2009, également au triple saut; Rigivan Ganeshamoorthy, médaillé d'or au lancer du disque aux Jeux paralympiques de Paris et détenteur du record du monde; et Mahdia Sharifi, athlète afghane de l'équipe de réfugiés de taekwondo, qui a raconté avoir quitté son pays, lorsque les Talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan.

Mahdia Sharifi, athlète afghane de l'équipe de réfugiés de taekwondo
Mahdia Sharifi, athlète afghane de l'équipe de réfugiés de taekwondo

Mahdia Sharifi, athlète afghane

Elle faisait partie de l’équipe nationale, et a fait ses premiers pas dans l’univers du sport à l’âge de 11 ans. Malheureusement, a-t-elle confié, sans l’accord de son père opposé à son évolution dans cette discipline,. «Non pas parce que je suis une femme et que je ne devrais pas pratiquer un sport, mais parce que selon lui il n'y avait pas assez d’opportunités et il y en a toujours pas en Afghanistan pour des jeunes filles qui font du sport, et qui veulent réaliser leurs rêves».

Pour la jeune afghane qui a exprimé sa joie de rencontrer les meilleurs athlètes paralympiques et olympiques, le sport est «un véritable miracle» qui lui a permis «de sauver son âme». Le partage d’expériences différentes, «change tellement notre façon de voir le monde. Lorsque nous écoutons ces expériences d’athlètes différents, cela nous aide à comprendre tout le travail et les efforts que ces personnes font pour atteindre leur but et lorsqu'elles l’atteignent, lorsqu'elles deviennent un modèle pour une autre génération, entendre leur histoire est pour moi la partie la plus belle de voir le monde». C'est pourquoi, a ajouté Mahdia Sharifi: «les initiatives comme celles-ci sont vraiment importantes et magnifiques».

En effet, «le Pape François demande à toute l’Église de vivre et de partager un “parcours synodal” comme expérience d’écoute réciproque et de tous», a rappelé l’Athletica Vaticana. «Le terme “synode” signifie “marcher ensemble”: pour les femmes et les hommes de sport, il devrait être plus facile d’accueillir l’invitation du Pape François parce qu’ils sont déjà habitués à “courir ensemble”, mais aussi à pédaler et à jouer, toujours ensemble».

Vivre la synodalité dans le sport

Ce moment fut «une occasion de rencontrer, de s’écouter, de construire ensemble dans un esprit de dialogue», a affirmé sœur Marie-Théo, religieuse dans la congrégation romaine de Saint-Dominique et membre de l'Athletica Vaticana, l'équipe sportive du Vatican. «Le sport reste cet élément qui permet la rencontre, c’est pour moi l’Église en sortie, cette Église qui est appelée à parcourir les routes dans le monde. Une rencontre comme celle-ci, c’est une occasion pour vivre tout ça», a-t-elle dit. Dans leurs disciplines respectives, a estimé la religieuse, les sportifs doivent «vivre la synodalité en étant pleinement eux-mêmes dans leur être chrétien porteurs de ce message, sans faire de prosélytisme mais en respirant leur être chrétien, c’est déjà une forme de synodalité dans le milieu dans lequel ils sont». «La synodalité ne se joue pas simplement  joue sur les paroisses ou les diocèses, mais au cœur du monde», a-t-elle fait savoir.

Courir, c’est bien le sport de sœur Marie-Théo. «Le sport est un chemin pour vivre, pour respirer la joie. Je crois que si chaque homme et chaque femme pouvait profondément croire à cette vocation de bonheur, la paix arriverait et pourrait être construite petit à petit dans le monde».

Amelio Castro Grueso interviewé par Eva Crosetta
Amelio Castro Grueso interviewé par Eva Crosetta

Ne pas créer de barrières

Au cours de cette rencontre, le père Cossimo du diocèse de Rome a évoqué l’expérience d’une église communautaire pastorale à Ostie qui va «à la rencontre des autres comme le veut le Pape, dans la rue, pour écouter et essuyer les larmes des jeunes sans faire de prosélytisme, mais plutôt transmettre la foi à travers notre credo», a-t-il raconté. Et «cela nous a conduit  à la rencontre de Rigi, également d'autres athlètes handicapés et nous a permis d'entrer dans le monde du handicap, de les accompagner pour qu'ils puissent encore s'intégrer pleinement; et surtout de ne pas créer de barrières». Le sport est selon le prêtre italien, une clé importante pour entrer dans la passion des jeunes et de les aider à s'exprimer. Et «comme l'a dit Rigi, à ne pas se renfermer, de sorte que le handicap ne soit plus considéré comme un obstacle mais comme un moyen de relance, de renaissance. Comme il l'a dit: "mon handicap m'a permis de renaître et vivre une nouvelle expérience qui a changé ma vie"».

Avoir des capacités différentes, se comprend par le fait qu’ «ils sont capables de choses que je ne peux pas faire. La personne handicapée, c'est donc moi, et non eux. Si nous partons de là, de ces capacités différentes, nous comprendrons alors que la synodalité signifie rassembler ces différentes capacités et grandir ensemble». Le père Cossimo appelle ainsi les chrétiens, «à entrer en eux-mêmes, afin d'éliminer ces barrières». Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, «aller chercher une salle de bain pour les handicapés dans une pièce du centre est un combat, alors que cela devrait déjà être une évidence, et pourtant c'est un combat, parce que nous n'écoutons pas».

La vision du Pape François

Au terme de ce «Synode du sport» qui a réuni athlètes réfugiés, paralympiques et olympiques, encadreurs et religieux sportifs, quelques déclarations du Pape François sur le sport ont été rappelées. L’espoir du Saint-Père est que «le sport puisse concrètement construire des ponts, faire tomber les barrières et promouvoir les relations apaisées».


Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

26 octobre 2024, 09:16