À San Andres Larrainzar, les fidèles se succèdent les uns aux autres pour saluer une dernière fois le père Marcelo, assassiné le 21 octobre alors qu'il venait de célébrer la messe. À San Andres Larrainzar, les fidèles se succèdent les uns aux autres pour saluer une dernière fois le père Marcelo, assassiné le 21 octobre alors qu'il venait de célébrer la messe.  (AFP or licensors)

Le Synode en prière pour le père Marcelo tué au Mexique

Au Mexique, la violence sous toute ses formes doit être dénoncée. Après l'assassinat du père Marcelo au Chiapas, une religieuse mexicaine de la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph, sœur María de los Dolores Palencia Gómez, souligne le besoin et la quête nécessaire de justice. En Salle Paul VI, les participants du Synode ont exprimé leur solidarité, rapporte la présidente déléguée de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques.

Renato Martinez - Cité du Vatican

Une prière a été récitée lundi 21 octobre en Salle Paul VI pour le repos éternel du prêtre mexicain. Le père Marcelo Pérez Pérez, curé de la paroisse de Cuxtitali à San Cristóbal de Las Casas, dans l'État du Chiapas, au Mexique, a été assassiné le 20 octobre dernier après avoir présidé la messe dans le secteur de Cuxtitali. «Je crois que la nouvelle a été reçue, en général, de manière empathique. Les membres du Synode ont embrassé la douleur non seulement de l'Église et du peuple mexicain, mais aussi de ce que signifie la violence dans ce pays». Sœur María de los Dolores Palencia Gómez, mexicaine de la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph et présidente déléguée de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, est revenue sur la figure du père Marcelo «un combattant pour la paix, un homme qui cherchait la paix et la justice pour les plus pauvres». Lui-même était de la communauté, Tzotzil, souligne la religieuse, «il avait consacré sa vie à être avec les plus pauvres et à rechercher le dialogue, la rencontre, la réconciliation dans les communautés où il y avait des divisions pour quelque raison que ce soit. Le fait qu'il ait été assassiné est un signe de plus que certains veulent que les gens soient divisés, désunis, et que la paix et la justice ne règnent pas. C'est très douloureux».

Sœur María de los Dolores Palencia Gómez, religieuse mexicaine de la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph.
Sœur María de los Dolores Palencia Gómez, religieuse mexicaine de la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph.

Un territoire touché par les migrations forcées

Concernant les causes de la violence au Mexique, en particulier dans l'État du Chiapas, la religieuse de la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph a indiqué que ce territoire est affecté par le phénomène de la migration forcée. «L'État du Chiapas compte trois diocèses: Tuxtla, Tapachula et San Cristóbal de las Casas. Il s'agit d'un État frontalier avec le Guatemala, où l'on observe une entrée continue et fréquente de migrants en provenance de nombreux pays, non seulement d'Amérique du Sud, mais aussi d'Asie, d'Afrique et d'Europe de l'Est. Il s'agit d'une présence très massive, très forte, et nous devons garder à l'esprit que nous parlons de migration forcée, qu'il ne s'agit pas d'une migration pour le tourisme, ou pour les relations, ou pour les études, non, il s'agit d'une migration forcée, de personnes qui arrivent avec de nombreux besoins et avec beaucoup de souffrances».

La lutte pour les territoires de la drogue


Sœur María de los Dolores a également souligné que le Chiapas est un état avec une énorme population autochtone, avec de nombreux peuples natifs et divers groupes ethniques, et «ce sont des peuples qui ont traditionnellement vécu dans la marginalisation, dans la pauvreté, et qui ont souffert de tous les manques qui peuvent exister dans ces conditions», et qui sont maintenant frappés par le fléau de la drogue et d’un extractivisme déshumanisé.

L'assassinat du père Marcelo a eu lieu au Chiapas, mais d'autres États du Mexique, comme le Guerrero, le Michoacán, le Zacatecas ou le Sinaloa connaissent une forte concentration de violence due à la lutte pour le territoire entre les cartels de la drogue. «Il s'agit malheureusement d'une présence très forte dans notre pays. Et ce problème se double de l'implantation de grandes industries, minières et extractivistes, qui, lorsqu'elles arrivent, établissent leurs propres façons de faire, notamment vis-à-vis de ceux qui se mettent en travers de leur chemin, les peuples qui sont les propriétaires originels de ces territoires. Ainsi, la présence des groupes cherchant à contrôler les territoires de la drogue, tout comme cette autre question de l'extractivisme, génère de la violence, des divisions, des enlèvements, des vols, des déplacements et cela provoque également des déplacements internes, mais aussi, malheureusement dans certains cas, la division des peuples, la méfiance entre des peuples frères qui ont vécu ensemble pendant longtemps et qui génèrent des luttes pour le pouvoir ou la reconnaissance qui sont très dangereuses».

Provoquer une prise de conscience

La religieuse mexicaine a également souligné qu'il est nécessaire d'élever la voix pour ceux qui ne peuvent pas le faire directement en ce moment ou pour ceux pour qui il est risqué de le faire. Elle a également demandé que l’assassinat du père Marcelo ne reste pas impuni. «Je pense qu'il est très important de montrer notre solidarité et notre désir de justice pour que ces questions ne restent pas impunies». De tels événements ne doivent pas n’ont plus être tus. Il faut communiquer. En rendant ces crimes ou ces luttes de pouvoir visibles cela permettra une prise de conscience, affirme la religieuse. Celle—ci, note-t-elle, se développe dans la société civile, dans les différentes églises, et «nous devons élever nos voix, nous devons crier et dire et faire en sorte que le monde comprenne et entende qu'il y a une série de situations qui vont à l'encontre de l'humanité et aussi de la création, de notre maison commune».

Le Synode, une annonce prophétique pour l'humanité

Enfin, en ce qui concerne la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, qui se trouve dans sa dernière ligne droite, la présidente déléguée a indiqué que sa participation «a été une grâce, un don de pouvoir être dans un moment ecclésial comme celui-ci et de participer à partir de ce que je suis, de ce que j'ai vécu pendant de nombreuses années, pour pouvoir réaliser que l'espérance est possible et que rêver est possible». Après le Concile Vatican II, beaucoup d’espoirs de changements n’ont pas été mis en pratique, estime-t-elle, or «aujourd’hui, nous revenons aux fondements du Concile mais pour aller plus loin, pour aller au-delà». Le monde n’est plus le même qu’il y a 60ans, et «nous devons voir où l'Esprit veut que nous soyons présents, et je crois que le chemin de la synodalité est un chemin qui nous aide à nous écouter les uns les autres, à dialoguer, à chercher ensemble, à aller vers des décisions et des processus de prise de décision ensemble et que cela peut aussi être une annonce prophétique pour l'humanité». D’autant que le monde, juge-t-elle est «si polarisée, si extrême». Alors qu’il est «si difficile de dialoguer, prendre un chemin synodal, s'écouter les uns les autres, dialoguer, chercher des chemins ensemble et ne pas se diviser ou se séparer quand on n'est pas tout à fait d'accord, peut aussi avoir un impact social important».


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22 octobre 2024, 10:49