Le Synode, une opportunité dans la diversité
Lorena Leonardi et Roberto Paglialonga – Cité du Vatican
Les travaux synodaux ont débuté dans la salle Paul VI par le souvenir de José Carlos de Sousa, le poète brésilien qui a vécu dans la pauvreté sous la colonnade de la place Saint-Pierre, décédé en août et dont les funérailles ont été célébrées ce mardi matin. Le préfet du dicastère pour la Communication a indiqué qu’hier ainsi que ce mardi, 347 personnes étaient engagées dans les travaux des cercles mineurs.
Des lieux relationnels comme espaces de rencontre
En particulier, «ce matin, il y a eu la prière et la méditation de Mère Maria Ignazia Angelini et l'intervention du cardinal Hollerich», a souligné la secrétaire de la Commission pour l'information. Concernant la méditation de la bénédictine, Sheila Pires a souligné quelques points. Tout d'abord, l’importance «des racines ecclésiales», à savoir que «l'Église doit s'incarner dans un contexte concret». Ensuite, «le dynamisme de l'Évangile », avec «des lieux de relation qui représentent des espaces de rencontre humaine où l'Évangile peut être vécu et annoncé».
Une vision dynamique
Dans son rapport, le cardinal Hollerich a souligné l'importance de la troisième partie de l'Instrumentum laboris, consacrée aux lieux. Il s'agit d'une discussion sur le caractère concret des lieux de mission, avec un regard sur les villes et les mégapoles, dans une vision non statique mais dynamique qui inclut également les migrations. Il s'agit également d'une réflexion sur les «territoires où marcher ensemble», «les liens qui façonnent l'unité de l'Église» et «le service à l'unité de l'évêque de Rome». Ce module, a souligné le cardinal rapporteur général dans son intervention, «nous invite à considérer la concrétude des contextes dans lesquels les relations sont vécues, contre l'idée d'un universalisme abstrait». Il a ajouté, que «l'Église ne peut être comprise sans être enracinée dans un lieu et dans une culture».
Et «un autre point important est la reconnaissance des relations entre les lieux et les cultures, qui ne sont pas des entités séparées mais sont interconnectées».
En conclusion, le cardinal Hollerich a rappelé aux délégués synodaux de ne pas garder cette expérience pour eux mais de faire en sorte que la richesse de la rencontre synodale soit accessible au peuple de Dieu.
Regarder vers l'avenir et poursuivre le voyage
C'est une «richesse qui grandit dans la diversité» qui est vécue «et respirée» au Synode. «Une expérience unique», selon la supérieure générale des Sœurs du Carmel apostolique, Nirmala Alex Maria Nazareth. La religieuse indienne a parlé de «l'extraordinaire opportunité» offerte aux participants de l'assemblée synodale de pouvoir entrer en relation avec de nombreux représentants et membres des Églises locales du monde entier. «Maintenant, il sera important pour nous de comprendre comment entrer en relation avec les Églises de nos nations, une fois que nous serons rentrés chez nous».
«Nous sentons que nous avons une grande espérance: nous avons commencé un voyage et nous ne pouvons pas revenir en arrière, mais seulement regarder devant nous et continuer le voyage. Le vrai défi, avec discernement, sera de comprendre comment le faire au mieux», a conclu Sœur Nirmala.
L'Église doit être enracinée
Le cardinal franciscain Leonardo Ulrich Steiner, archevêque de Manaus, au Brésil, a parlé de «nouvelles voies qui s'ouvrent et qui nous aident à comprendre ce qu'est concrètement la synodalité». Ce qui est en train de naître, «c'est une nouvelle manière d'être Église pour annoncer le Royaume de Dieu et l'Évangile. Et ceci, est un processus que nous serons appelés à vivre aussi et surtout après le Synode».
Le franciscain relate que le processus a déjà commencé au Brésil, notamment en Amazonie où de «nombreuses femmes sont déjà à la tête de leurs communautés, il y a beaucoup de diacres permanents». En conclusion, «je crois que nous sommes appelés à vivre de plus en plus l'interculturalité et l'interreligieux, car l'Église doit être enracinée».
Les «lieux, qui sont le thème du module 4 des travaux du synode», sont donc ceux «dans lesquels nous vivons au quotidien et qui nous aident dans la compréhension de notre rôle» au sein de l'Église. «Demandons-nous quelle est la place des conférences épiscopales, quelle est la place des migrants... et ainsi de suite», a conclu le cardinal.
Relancer l'Évangile
Comprendre comment relancer concrètement le message de l'Évangile est l'une des plus grandes sollicitations qui «émergent et émergeront au cours des travaux de ces jours», et que nous «rapporterons ensuite à nos Églises locales». Le cardinal élu Roberto Repole, archevêque métropolitain de Turin et évêque de Suse, lui a fait écho en confiant que dans son Église «il y a des phases de changement qui doivent être lues aussi à la lumière de la synodalité vécue ici à Rome».
La situation climatique au Brésil
Après ces déclarations, les journalistes ont posé des questions sur l'environnement, le rôle des femmes dans l'Église et l'inclusion des personnes en situation de handicap.
Au sujet de l'urgence climatique, le cardinal Steiner a évoqué la situation dramatique que connaît actuellement l'Amazonie en raison du manque de pluie. La pénurie d'eau touche également d'autres régions du Brésil. La pêche prédatrice et la pollution de l'eau au mercure complètent le tableau d'une vulnérabilité environnementale qui pèse sur un écosystème délicat qui a besoin d'être protégé. «Même si nous ne nous en occupons pas spécifiquement», a déclaré l'archevêque de Manaus, «nous savons que l'environnement fait partie de la synodalité selon le Pape François, qui, dans Querida Amazonia, en esquisse une véritable herméneutique. Au niveau diocésain, nous traitons également ce sujet avec soin».
L'activité des femmes dans l'Église brésilienne
En ce qui concerne le rôle «essentiel» des femmes dans l'Église, le cardinal Steiner a souligné que dans la région brésilienne dont il est originaire -où pendant plus de 100 ans les gens ont vécu sans prêtres- «les communautés se sont organisées et ont continué à prier. Les femmes ont joué un rôle fondamental dans ce processus». Beaucoup d'entre elles, dans l'immense archidiocèse qui s'étend sur plus de 90 000 mètres carrés, «sont responsables de la communauté, elles reçoivent aussi la pastorale de l'Eucharistie et de la parole de Dieu, elles sont actives dans la Caritas, dans la pastorale des prisons, avec les gens de la rue». Face à un nombre énorme de fidèles -la seule ville de Manaus en compte 2 300 000, dont 30 000 Vénézuéliens et 75 000 indigènes- et à un grand besoin de rencontres avec les différentes cultures, la composante féminine n'est pas secondaire, les femmes «représentent notre Église, qui ne serait pas telle qu'elle est aujourd’hui sans elles». Et sur la question très controversée du diaconat féminin, il a déclaré: «Nous aimerions que même les communautés les plus éloignées puissent célébrer certains sacrements, comme le baptême. Beaucoup de nos femmes sont en fait des diacres. Pour nous, elles sont diacres à tous les égards, même si ce n'est pas officiel. Nous n'avons pas de mot pour désigner ce rôle, mais elles le font et c'est admirable. Pourquoi ne pas rétablir le diaconat féminin ordonné? Nous avons déjà eu une Église avec ce visage, le diaconat féminin peut aller de pair avec le diaconat masculin. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une question de genre, mais plutôt de vocation», a-t-il conclu.
La richesse des formes de ministère
À une question sur le célibat des prêtres - l'un des sujets les plus discutés en 2019 lors du Synode spécial sur l'Amazonie - l'archevêque brésilien a admis la difficulté de travailler avec seulement 172 presbytres pour un millier de communautés, et la nécessité d'approfondir la relation entre la communauté et le ministère. Sur ce point, le cardinal élu Repole a ajouté que déjà dans l'assemblée synodale, grâce à la présence d'évêques des Églises orientales qui comptent dans leurs communautés des prêtres mariés, «il y a une richesse de formes de ministère», tandis que la religieuse indienne a expliqué que sur certaines questions dans son pays, il pourrait y avoir un besoin de plus de temps.
Répondant à une question, Paolo Ruffini a mentionné l'inclusion du handicap: «Au moins dans mon entourage, on en discute, et nous verrons dans les prochains jours si la Congrégation générale en discutera. Il est certain que le sujet tient à cœur à tout le monde et que l'on peut faire plus. Mais quand nous parlons des petits, des marginaux, nous parlons aussi des personnes handicapées».
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