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Salle de presse du Saint-Siège ce vendredi 11 octobre 2024. Salle de presse du Saint-Siège ce vendredi 11 octobre 2024.  

Synode: écoute, silence et prière en mémoire du Concile

Les participants à la conférence de presse portant sur les travaux du Synode de ce vendredi 11 octobre, date anniversaire du début du Concile Vatican II, étaient le cardinal Tobin, Mgr Mackinlay et le professeur De Simone, selon qui «la méthode de cette session est révolutionnaire et a beaucoup à dire au monde».

Roberto Paglialonga et Edoardo Giribaldi – Cité du Vatican

«Le 11 octobre est une date symbolique qui commémore l'anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II», en 1962. C’est en faisant mémoire de cette journée historique qu'a commencé le point presse sur les travaux du Synode. En Salle de presse du Saint-Siège, plusieurs membres de l'assemblée étaient présents: le cardinal Joseph William Tobin, archevêque de Newark aux États-Unis, Mgr Shane Anthony Mackinlay, évêque de Sandhurst en Australie, et la professeure Giuseppina De Simone, professeur de philosophie de la religion et coordinatrice de la spécialisation en théologie fondamentale à la Faculté pontificale de théologie du sud de l'Italie.

Prendre soin des relations

Depuis hier après-midi, 10 octobre, «on travaille sur le troisième module qui, comme les précédents, a été présenté par le cardinal rapporteur général Jean-Claude Hollerich», a indiqué la secrétaire de la Commission pour l'information du Synode. 346 personnes étaient présentes en salle Paul VI. Le thème central du module est "prendre soin des relations". Il a été en particulier affirmé que «les relations dans l'Église doivent être basées sur la confiance, la transparence et la cohérence». «Une formation intégrale est nécessaire pour préparer les témoins à la mission de l'Église», a souligné le cardinal Hollerich, rappelant toutefois que le discernement ecclésial est différent des techniques de gestion. En somme, il s'agit d'une invitation «à développer des processus de décision participatifs et transparents au sein de l'Église», en considérant que «l'évaluation régulière du travail des responsables est fondamentale».

La rencontre entre Jésus et la femme Cananéenne

L'intervention du cardinal Hollerich hier après-midi a été précédée d'une méditation du père Timothy Radcliffe, futur cardinal. En particulier, «le dominicain», rapporte Sheila Pires, «a exploré les processus de transformation de l'Église à travers la page de l'Évangile de la rencontre de Jésus avec la femme cananéenne. Le silence de Jésus est perçu comme un moment d'écoute profonde». Et précisément, «ce silence représente une opportunité pour l'Église d'affronter des questions complexes et d'accueillir les cris de ceux qui cherchent de l'aide».

«Qu'il vous soit fait comme vous voulez»

En outre, «le père Radcliffe nous a invités à réfléchir à des questions fondamentales, telles que la relation entre l'égalité et la différence et le rôle de l'Église en tant que communauté de baptisés ayant des hiérarchies, des vocations et des rôles différents. Ces questions, a souligné la secrétaire de la Commission de l'information, exigent une vie commune attentive et une prière continue, plutôt que des réponses simplistes et immédiates». Ainsi, «la réponse de Jésus - “Qu'il vous soit fait comme vous voulez” - est un signe d'ouverture et d'inclusion, qui montre la créativité divine dans le dépassement des barrières et l'accueil de l'identité, du regard de ceux qui sont différents», a déclaré hier le père Radcliffe.

La veillée œcuménique

Ce vendredi matin, après la prière, la discussion dans les cercles mineurs initiée hier après le rapport du cardinal rapporteur général, s'est poursuivie et achevée, a expliqué le préfet du dicastère pour la Communication et président de la Commission pour l'information du Synode. Au total, 341 personnes étaient présentes dans l'hémicycle. Cet après-midi, les rapports des tables linguistiques ont été présentés. Après le vote sur l'ordre du jour de la discussion, des interventions libres ont suivi. Depuis 19 heures ce vendredi, les membres du Synode participent à la veillée œcuménique au Vatican - «en présence du Saint-Père», a précisé le préfet - sur la place des Protomartyrs romains. Participent à cette veillée les délégués fraternels présents au Synode ainsi que les représentants des différentes Églises résidant à Rome, «un lieu où se vit déjà l'unité des chrétiens», a souligné Paolo Ruffini. En outre, a-t-il conclu, «en association avec la célébration au Vatican, des prières locales ont été organisées dans 80 lieux différents sur tous les continents».

Une écoute plus profonde

Écoute, silence, prière. Ce sont trois des critères méthodologiques les plus évidents sur lesquels se base le travail du Synode. C'est ce qu'a expliqué le cardinal Tobin. «Cette fois-ci, par rapport au passé, poursuit le cardinal, qui est également membre du Conseil ordinaire et de la Commission d'information, l'écoute a été profonde, non seulement au sein des organisations ecclésiastiques mais, avec elles, il y a eu un réel effort pour atteindre le monde entier». Cela a également favorisé une «participation beaucoup plus large, ce qui a permis de suivre le déroulement des travaux et l'approfondissement des thèmes d'une manière différente».

La théologie à l'épreuve de la réalité

«À mon avis, a poursuivi la professeure De Simone, la méthode qui caractérise ces deux sessions est véritablement révolutionnaire et constitue en soi un signe d'espoir. C'est une méthode qui a beaucoup à dire au monde». Le professeur a également rappelé l'aspect de l'écoute «d'où découle une réflexion sérieuse et rigoureuse», et du silence: «C'est en soi la capacité d'habiter la question. On ne cherche pas immédiatement la réponse définitive, mais on se situe à l'intérieur de la question qui émerge des blessures que l'humanité nous présente et nous offre». Il est également impressionnant, a poursuivi la professeure De Simone, qu'aux tables de travail «tout le peuple de Dieu soit rassemblé, grâce à cela nous faisons l'expérience du sens de l'unité». De cette manière, la théologie, elle aussi, «acquiert une présence et un poids significatif, parce qu'elle s'insère directement dans la réalité, dans le tissu vivant des relations».

Une nouvelle façon de faire

Mgr Mackinlay a parlé de l'expérience synodale dans son diocèse et sur son continent. «Le Conseil plénier australien, a-t-il dit, a entamé un voyage quelques années avant le Synode actuel, réunissant environ 250 personnes, dont des évêques, des religieux et des fidèles. À cette occasion aussi, nous avons fait l'expérience d'une pluralité de sujets à traiter, en touchant de nos propres mains les préoccupations des gens». L'essentiel de notre travail a donc été «d'intervenir dans la culture de l'Église en ce qui concerne la façon dont nous traitons les questions»; et c'est ce que «nous essayons de faire ici au Synode également», a expliqué Mgr Mackinlay, membre élu du Comité pour la rédaction du document final. Il s'en explique, il s'agit d'«essayer de convertir la communauté ecclésiale à une nouvelle façon de faire les choses». «C'est un chemin d'engagement dans la coresponsabilité et le discernement qui nous amène à prendre ensemble des décisions aussi efficaces que possible».

La rencontre avec le Pape François

Comme à l'accoutumée, les journalistes présents dans la Salle de presse ont pu poser leurs questions. Le cardinal Tobin a rendu compte de la rencontre de jeudi matin avec le Pape François en compagnie de deux autres cardinaux américains. «Nous devions nous rencontrer à 7h30 et nous n'avons même pas été les premiers à le voir. Je pense qu'il se réveille à 4 heures du matin», a noté le cardinal, indiquant qu'il avait demandé un entretien parce que «l'Église trouve toujours des moyens de mieux faire ce que nous sommes appelés à faire». «Tout comme vous avez des collègues avec lesquels vous êtes plus proches», a déclaré le cardinal Tobin, faisant directement référence aux journalistes, «nous aussi». L'archevêque de Newark a ensuite été interrogé sur la question des abus. Comme il l'a rappelé, certains incidents dans son diocèse avaient été la cause de son absence au synode de 2018 consacré aux jeunes. «Je pense que le Pape veut faire ce qu'il y a de mieux pour l'Église et pour les personnes qui ont été affectées. Les solutions proposées sont pour le bien de tous», a-t-il déclaré, faisant également référence aux événements dont il eut la charge comme délégué apostolique en 2016, liés à la société péruvienne de vie apostolique Sodalitium Christianae Vitae.

Un synode moins eurocentrique

Les questions ont ensuite porté sur le synode en cours. Mgr Mackinlay, qui représentera l'Océanie au sein du Comité désigné pour la rédaction du document final, a noté une vision moins eurocentrique et une intégration de différentes «dimensions culturelles, en particulier l'Amérique du Sud et l'Afrique», dans le dialogue au sein de l'Assemblée des évêques. «Nous entendons parler d'une responsabilité partagée dans la vie et les décisions des communautés», a-t-il ajouté. L'évêque australien a rappelé son cas particulier: la préparation des réunions impliquant également les peuples indigènes locaux, à travers des processus qui prennent «même deux ou trois ans», mais qui «nous permettent d'avancer dans la justice et la réconciliation» entre les différentes communautés.

Prendre en compte les différentes sensibilités

Une question a ensuite été posée sur l'approche du Synode concernant les questions LGBT+. Le cardinal Tobin a souligné la manière dont ces questions sont traitées, même si «ce n'est pas aussi évident que certains le souhaiteraient», rappelant un passage de la méditation écrite par le père Timothy Radcliffe, pour qui «si l'on n'est pas satisfait de la réponse que l'on reçoit, il ne faut pas quitter la table. Il y a toujours la possibilité de dialoguer». Le professeur De Simone a souligné le principe fondamental selon lequel il ne faut pas s'attendre à des «solutions uniques» sur le sujet, appelant à une «compréhension des différentes sensibilités culturelles».

Avec les femmes, les discours changent

Ce concept a été soutenu par Mgr Mackinlay, qui a souligné que sur ce sujet, nous ne partons pas «de zéro» étant donné les discussions passées, et que d'autres questions «délicates» sont également abordées lors de l'Assemblée des évêques. «Je ne pensais pas, a déclaré l'évêque australien, que la polygamie trouverait autant de place». Convaincu de l'efficacité de la synodalité en tant qu'outil pour faire face au contexte actuel, le cardinal Tobin a relevé deux éléments clés pour travailler à la paix: «Mettre tout le monde autour de la table et inclure les femmes». Le professeur De Simone a encore élargi son propos: «Avec les femmes, le discours change. Je dirais que c'est le cas lorsqu'il y a une dimension affective et relationnelle. Quand vous vous regardez dans les yeux et que les mots, même s'ils sont abstraits, racontent la vie. C'est alors une autre histoire».

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11 octobre 2024, 19:11