Au Cameroun, Mgr Gallagher loue le dynamisme de l’Eglise et son engagement social
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Mgr Gallagher a commencé son discours en soulignant l’importance des relations humaines, appuyant son propos par deux citations des écrivains français Antoine de Saint-Exupéry et malien Seydou Badian Kouyaté. Dans le même ordre d’idées, il a rappelé les mots du Pape François qui appelle à construire des ponts qui permettent aux hommes de se joindre plutôt que de construire des murs de séparation. Dans la Constitution apostolique Praedicate Evangelium, le Saint-Père a également exprimé sa sollicitude pour toutes les Églises, en revenant sur la nécessité de créer des liens de fraternité plus étroits entre la Curie romaine et les différents épiscopats du monde entier, a fait remarquer le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales. Il a également transmis aux évêques camerounais les salutations du Successeur de Pierre, qui les a accueillis l’année dernière, à l’occasion de leur visite Ad limina.
Le Cameroun, lieu de signatures des grands accords et témoin des visites des grandes personnalités de l’Église
Mgr Gallagher a ensuite mentionné différents grands événements: les accords signés avec le Saint-Siège; la signature de l’Exhortation apostolique Ecclesia in Africa le 14 septembre 1995, lors de la visite du saint pape Jean-Paul II; les visites des prélats de la Curie romaine, dont celle du cardinal Jean-Louis Tauran, de vénérée mémoire, et de l’actuel secrétaire d’État, le Cardinal Pietro Parolin; l’établissement de façon stable, d’une nonciature apostolique depuis 1966; la signature en 1989 de l’accord avec le Saint-Siège et qui a vu naître l’Université Catholique d’Afrique Centrale, l’institut Catholique de Yaoundé regroupant les 6 pays de la Sous-Région; l’accueil, le 17 août 1995, du protocole d’accord entre le Saint-Siège et la République du Cameroun relatif à la reconnaissance des diplômes d’enseignement supérieur délivrés par l’institut catholique de Yaoundé. Mgr Gallagher a fait mention de la signature, il y a dix ans, l’accord-cadre entre le Saint-Siège et la République du Cameroun sur le statut juridique de l’Église Catholique au Cameroun. Ce pays, a-t-il indiqué, «a toujours été considéré comme une terre d’espérance».
La semence de l’Évangile qui est devenue un grand arbre
L’espérance dont il est question n’est pas seulement celle qui pourrait naitre de la richesse de son sol, de son sous-sol, de la nature ou de sa diversité culturelle et linguistique. Il s’agit surtout, a souligné le prélat, «de l’espérance qui naît de l’Évangile semé en terre camerounaise», d’abord par les communautés issues du protestantisme, et, ensuite, depuis 1890 par les pères Pallotins de Limburg. «L’humble semence alors enfouie dans les cœurs des hommes et des femmes est devenue un grand arbre avec beaucoup de branches, sur lesquelles de nombreux oiseaux sont venus et viennent encore poser leurs nids». À ce sujet, Mgr Gallagher a rappelé la célébration du premier centenaire de l’évangélisation de l’Église catholique (1890-1990), à Marienberg, berceau du Catholicisme au Cameroun, qui faisait alors partie de l’archidiocèse de Douala. C’était en présence du légat spécial du Pape Jean Paul II, le Cardinal Josef Tomko, alors Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples.
Du premier baptême à une Église dynamique
Le baptême, le 6 janvier 1889, du premier Camerounais, en Allemagne, Andreas Kwa Mbangue, fut l’un des éléments déterminants de l’entrée du catholicisme, l’année suivante, en terre camerounaise. Aujourd’hui, a poursuivi le prélat, vingt-cinq des vingt-six diocèses de ce pays sont guidés par des évêques camerounais; le nombre des paroisses, des institutions d’enseignement catholique ou encore des institutions sanitaires a augmenté de manière exponentielle, sans oublier les structures socio-caritatives. Il en est de même avec les vocations religieuses et sacerdotales. Mgr Gallagher a, par ailleurs, apprécié le dynamisme des jeunes communautés chrétiennes, des prêtres, des religieux et religieuses, des catéchistes et tous les autres agents pastoraux. Fort de ce dynamisme, le prélat a transmis aux évêques camerounais les mots du Pape qui les encourage à vivre dans un style synodal, dans la communion, la reconnaissance et l’acceptation des différences, le discernement et la reconnaissance des compétences, ainsi que la subsidiarité et la solidarité.
Il a aussi encouragé la collégialité des évêques au sein de la Conférence épiscopale et a apprécié les efforts des évêques pour l’autonomisation progressive et la coopération entre les diocèses, ainsi que l’amélioration des conditions de vie des prêtres.
L’insécurité empêche des actions dans la pastorale sociale
En parlant de l’engagement dans la pastorale sociale, le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales a félicité l’Église camerounaise pour son courage à aller dans les périphéries existentielles, notamment à travers l’éducation et la santé. Les personnes consacrées sont également impliquées dans la pastorale sociale des migrants, des réfugiés, des personnes âgées et des orphelins. Mgr Gallagher a déploré l’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, plusieurs fois dénoncée par les évêques, et qui empêche d’accomplir plusieurs actions pastorales sociales. En août dernier, les évêques de Bamenda ont notamment dénoncé «la torture, l'extorsion, les pertes importantes en vies humaines et en biens matériels, les déplacements forcés, l'obstruction du droit de séjour et de circulation dans ces régions et bien d'autres situations de frustration». L’extrême-Nord du pays est menacé par les violences terroristes de Boko Haram, et la région Est subit les effets collatéraux des troubles sporadiques dans la République centrafricaine voisine. Face à la violence, la seule réponse valable est la prédication de l’Évangile, car elle peut emmener à la conversion des cœurs, à la réconciliation et à la paix, pour une nouvelle fraternité fondée sur le pardon et la solidarité.
Être unis pour défendre la justice et le bien commun
Mgr Gallagher a, en outre, encouragé les évêques à ne pas hésiter à faire entendre la voix de l’Église qui est au Cameroun pour défendre la justice et la paix, surtout dans les moments difficiles que traverse le pays ou lorsque les circonstances l’exigent. Pour cela, a-t-il recommandé, les évêques doivent parler d’une seule voix et être unis, même lorsqu’ils ont l’impression de ne pas se faire entendre.
Relation Église et État au Cameroun
S’exprimant sur les relations entre l’Église et l’État camerounais, le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales a salué «les relations de cordialité et de coresponsabilité dans le respect réciproque qui règnent entre nos deux institutions». Il a rappelé le principe de respect de l’autonomie que chacune de ces deux parties doit à l’autre. Dans cette optique, l’Église qui est au Cameroun doit être considéré comme «un partenaire de l’État qui s’est établi, non seulement grâce aux relations diplomatiques nouées au lendemain du Second Concile du Vatican, mais encore grâce aux accords de haut niveau entre le Saint-Siège et l’État du Cameroun».
Dans ce sens, il a rappelé que l’accord cadre du 13 janvier 2014 sur le statut juridique de l’Église Catholique au Cameroun, dont on célèbre le dixième anniversaire, est «un instrument d’une importance capitale devant consolider les liens étroits entre vos actions et celles de l’État en faveur du développement intégral de tout Camerounais, en faveur de la paix, et en faveur de la prospérité commune». Le souhait du Pape François, comme celui de ses prédécesseurs, a-t-il dit, «est que ces instruments juridiques et diplomatiques puissent aussi aider vos fidèles à intégrer pleinement, dans leur foi et dans ses expressions, les valeurs de l’âme africaine».
Mgr Gallagher a encouragé les évêques camerounais «à continuer de prendre toute votre place dans le dialogue social et politique, et à rencontrer sans hésiter les pouvoirs publics qui ont eux aussi besoin, grâce au témoignage de notre foi et de l’annonce courageuse des valeurs chrétiennes, de connaître l’enseignement social de l’Église. En en appréciant la valeur, ils pourraient bien s’en inspirer dans la conduite des affaires publiques». Il les aussi appelés à l’espérance, à l’aube du jubilé de 2025, tout en confiant l’Église du Cameroun à l’intercession de la Vierge Marie, comme le firent Mgr Heinrich Gerhard Vieter et ses frères Pallotins le 8 décembre 1890.
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