Faux mysticisme et abus spirituel, un groupe de travail créé au Vatican
Lettre du cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la Doctrine de la Foi
Le «faux mysticisme» apparaît dans le règlement du dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) dans un contexte très précis: celui des questions liées à la spiritualité et aux prétendus phénomènes surnaturels, appartenant aujourd'hui à la Section Doctrinale: «problèmes et comportements liés à la discipline de la foi, tels que les cas de pseudo-mysticisme, les prétendues apparitions, visions et messages attribués à une origine surnaturelle...» (Art. 10, 2).
Dans ce contexte, le «faux mysticisme» se réfère à des propositions spirituelles qui nuisent à l'harmonie de la vision catholique de Dieu et à notre relation avec le Seigneur. C'est précisément dans ce sens qu'elle apparaît dans le Magistère, par exemple dans l'encyclique Haurietis Aquas, où le pape Pie XII rejette comme «faux mysticisme» la conception de Dieu présente dans les groupes jansénistes qui, dans leur spiritualité, ne tenaient pas compte du mystère de l'Incarnation.
L'Église et le «faux mysticisme»
«Il n'est donc pas juste de dire que la contemplation du coeur physique de Jésus empêche le contact le plus intime avec l'amour de Dieu et qu'elle retarde le progrès de l'âme sur le chemin qui conduit à la possession des vertus les plus sublimes. L'Église rejette certainement ce faux mysticisme, de même que, par la bouche de Notre Prédécesseur Innocent XI, elle a condamné la doctrine de ceux qui affirmaient: "Elles ne doivent pas (les âmes de cette voie interne) accomplir des actes d'amour envers la Sainte Vierge, les saints ou l'humanité du Christ; car, ces objets étant sensibles, l'amour qu'on leur porte l'est aussi. Aucune créature, pas même la Sainte Vierge et les saints, ne doit habiter dans notre cœur: car Dieu seul veut l'occuper et le posséder"». (Lettre encyclique Haurietis Aquas, 15 mai 1956, IV: AAS 48 [1956], 344). Dans le droit de l'Église, il n'y a pas de délit typifié par le nom de «faux mysticisme», bien que l'expression soit parfois utilisée par les canonistes dans un sens étroitement lié aux délits d'abus.
Phénomènes surnaturels
D'autre part, dans les nouvelles Règles pour le discernement des prétendus phénomènes surnaturels, le DDF a précisé que «l'utilisation de prétendues expériences surnaturelles ou d'éléments mystiques reconnus comme moyen ou prétexte pour exercer une domination sur des personnes ou pour commettre des abus doit être considérée comme d'une particulière gravité morale» (art. 16). Cette considération permet d'évaluer la situation décrite ici comme une circonstance aggravante si elle se produit en même temps que des crimes. Il est possible de caractériser un crime d'«abus spirituel», en évitant l'expression trop large et polysémique de «faux mysticisme».
Il est proposé de confier la tâche d'analyser cette possibilité et de faire des propositions concrètes au dicastère pour les Textes législatifs et au DDF, en créant un groupe de travail présidé par le préfet du dicastère pour les Textes législatifs.
Le préfet du dicastère pour les Textes législatifs a accepté la proposition et a procédé à la constitution du groupe de travail envisagé, composé de membres indiqués par les deux dicastères, afin de remplir la tâche qui lui a été confiée dans les meilleurs délais.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici