2e prédication de l’Avent: redécouvrir la confiance en Dieu pour raviver l'espérance
Isabella Piro - Cité du Vatican
À une époque marquée par une tendance collective à l'égoïsme, peut-on parler de confiance? Et dans les moments difficiles de la vie, dans ces passages cruciaux où nous craignons de perdre quelque chose d'immensément important, pouvons-nous encore faire confiance à quelque chose et à quelqu'un? Telles sont les questions sous-jacentes placées au centre de la deuxième méditation de l'Avent du père Roberto Pasolini, franciscain capucin et prédicateur de la Maison pontificale, proposée ce matin au Pape et à ses collaborateurs de la Curie romaine. Le thème choisi pour les trois réflexions est: «Les portes de l'espérance. Vers l'ouverture de l'Année Sainte à travers la prophétie de Noël».
La confiance, fondement des relations humaines
Après la première méditation du 6 décembre consacrée à «La porte de l'étonnement», le père Pasolini invite aujourd'hui à franchir «la porte de la confiance», cette attitude fondamentale qui soutient les relations humaines, nourrit le courage d'affronter les défis quotidiens et ouvre le regard vers l'avenir. «La confiance n'est pas un optimisme naïf», souligne le prédicateur, mais un choix courageux qui naît d'une vision profonde de la réalité et qui maintient l'espoir même dans les moments difficiles.
Le roi de Juda, Achaz
Pour en témoigner, le père Pasolini cite trois figures: le roi de Juda Achaz, un centurion romain anonyme et saint Joseph. Le premier est le monarque qui, pendant la guerre syro-éphraïmite, ne fait pas confiance au Seigneur et, au lieu de rester fermement à Jérusalem comme le lui avait demandé le prophète Isaïe, préfère s'allier à l'Assyrie, dont il devient le vassal. Achaz, en substance, ne croit pas en la providence de Dieu, mais malgré cela, Dieu ne détourne pas son regard de lui. Au contraire, le moment de méfiance du monarque ouvre la prophétie de l'Emmanuel: «La vierge concevra et enfantera un fils, qu'elle appellera Emmanuel» (Isaïe 7,9).
Le regard de Dieu nous met en route
Cette confiance dans laquelle Dieu reste proche de nous même lorsque nous nous montrons peu fiables, explique le frère capucin, va au-delà du simple optimisme, car le Seigneur est persuadé que sa voix est «comme la pluie et la neige» qui ne descendent pas du ciel sans produire d'effets sur la terre. Étant depuis le début Amour, et nous ayant créés libres, Dieu est persuadé que la confiance est toujours le regard à privilégier et à assumer, car «c'est seulement la confiance qui rend libre». Et c'est précisément son regard qui, dans les moments d'épreuve et de découragement, permet de sortir des difficultés et de reprendre la route. «Dieu respecte notre liberté et est heureux quand nous l'utilisons pour devenir comme Lui - ajoute le père Pasolini -. Il respecte cette liberté même quand nous choisissons de nous renfermer sur nous-mêmes et dans l'égoïsme. Cependant, si nous nous détournons de son regard, Dieu ne peut pas détourner le sien de nous. Il continue à nous reconnaître comme des enfants bien-aimés, faisant confiance à notre capacité de revenir à Lui et à nous-mêmes».
Le centurion romain
La deuxième figure citée par le père Pasolini est celle du centurion anonyme de l'armée romaine décrit dans l'Évangile de Luc: bien que païen, cet homme décide de faire confiance à Jésus et lui demande de guérir son serviteur malade. Attentif à la vie et aux besoins des autres, le centurion essaie également de ne pas créer d'ennuis au Sauveur évitant qu’il n’entre dans sa maison, sachant qu'un juif pratiquant comme le Sauveur se souillerait en entrant dans la maison d'un païen. En fait, il adresse à Jésus une «phrase merveilleuse» qui a été incorporée plus tard dans la liturgie chrétienne: «Seigneur, je ne suis pas digne de prendre part à ta table; dis seulement la parole et je serai sauvé». Ces mots, explique le prédicateur, expriment une grande confiance dans le Seigneur Jésus et dans le fait qu'il est la Parole définitive du salut de Dieu.
Le lien entre la foi en Dieu et l'attention au prochain
Le frère capucin souligne également un autre aspect: le centurion romain montre que la foi en Dieu et l'attention au prochain ne sont pas «séparables» ou «asymétriques». Au contraire: «Notre foi en Dieu est authentique dans la mesure où nous croyons que la confiance et la bonté ne sont jamais superflues dans les relations que nous vivons». Il ne s'agit pas simplement de faire preuve de cordialité, mais de «trouver toujours le temps et la manière de se mettre à la place de l'autre», en suivant le Seigneur qui ne nous met jamais mal à l'aise, «même lorsque nous tombons dans le péché», car «c'est l'amour qui s'approche de l'autre, la lumière qui brille toujours, même dans l'obscurité».
Être croyant, c'est élargir notre humanité
Le centurion qui fait confiance à tout et à tous, même dans un contexte où les difficultés ne manquent pas, est la manifestation d'une humanité «limpide, ouverte, saine, visible», c'est «un rappel fort pour nous et pour nos chemins de foi» dans lesquels l'on se trouve souvent fermés, méfiants et égoïstes. Être croyant, répète le père Pasolini, signifie dilater et «augmenter notre humanité et notre amour bienveillant, sinon nous nous trompons en nous réfugiant «à l'ombre de Dieu pour nous permettre d'avoir un peu moins confiance» en Lui, en notre prochain et en nous-mêmes.
Saint Joseph, icône de la confiance
Le frère capucin s'attarde ensuite sur saint Joseph - auquel le Pape François a dédié la lettre apostolique Patris corde - en le décrivant comme «une icône de la confiance» dans la mesure où il est prêt à «se redéfinir non pas à partir de lui-même, mais à partir des circonstances». Ce n'est pas un hasard si, dans une société où les femmes étaient définies par les hommes, Joseph est plutôt appelé «l'époux de Marie». Bien que déconcerté par l'inconcevable grossesse de Marie, il ne réagit pas avec colère, il ne s'enfuit pas, mais reste et se tient aux côtés des plus faibles: la Vierge et l'enfant. Joseph ne demande pas et ne se fait pas justice à lui-même, répète le père Pasolini, mais s'adapte à la situation dans laquelle il se trouve. Loin de toute attitude passive ou de renoncement, il est donc un exemple de «protagonisme courageux».
Excéder dans l'amour
En faisant confiance au Seigneur, le père présumé de Jésus s'est rendu compte d'une chose importante: il faut aimer plus qu'il ne l'avait imaginé. «Un enseignement qui vaut aussi pour nous: lorsque nous nous trouvons dans des situations compliquées», remarque le capucin, «pris par la panique ou la colère, nous ne nous arrêtons pas pour réfléchir, mais nous essayons seulement d'éviter le problème, effrayés que nous sommes de regarder la réalité en face, parce que nous ne voudrions pas être obligés de reconnaître en elle un appel à nous impliquer davantage dans la vie des autres». Mis au pied du mur, «nous avons tendance à vouloir changer les circonstances».
La lumière de Dieu brille même dans les moments les plus sombres
Cependant, rappelle le père Pasolini, «l'acte de justice le plus authentique ne consiste jamais à réparer ce qui nous dérange ou ce que nous n'aimons pas, mais à essayer de nous changer nous-mêmes, en remodelant nos attentes en fonction des besoins ou des difficultés de ceux qui nous entourent». Comme saint Joseph, donc, dans «les passages cruciaux et les plus sombres de notre vie, lorsque nous semblons perdre quelque chose d'immensément important, Dieu éclaire toujours, stimulant notre créativité et nous apprenant à ne pas renoncer à nos rêves, mais à les vivre différemment».
La chasteté est l’abstention de l'égoïsme
Le père Pasolini poursuit en insistant sur un autre point: la disponibilité incarnée par saint Joseph à accepter la réalité n'est rien d'autre que la chasteté, entendue non pas au sens strictement physique mais, dans un sens plus large, comme abstention de l'égoïsme et «capacité de rester en relation avec l'autre en respectant ses rythmes et ses temps», «dans un échange de soins et d'attentions réciproques». «À une époque marquée par une plus grande attention à nous-mêmes, en évitant les sacrifices inutiles et nuisibles à notre humanité, - ajoute le prédicateur, - le risque collectif peut être celui de glisser vers un égoïsme où l'autre est relégué au second plan. Cela explique pourquoi tant de chemins d'amour et de consécration sont facilement interrompus». Pourtant, c’est précisément en ce moment de l'histoire, «que nous ressentons tous un profond désir de relations authentiques, enracinées dans un cœur libre, comme celui de Joseph», qui est «un témoin lumineux de la gratuité».
Accueillir la réalité en faisant confiance au Seigneur
Au moment de l'Avent, conclut le prédicateur, l'invitation est donc de franchir cette «porte de la confiance» indiquée par les prophètes, le centurion romain et saint Joseph, car «ce n'est qu'en orientant notre regard vers Dieu et en trouvant en Lui la confiance en nous-mêmes et dans les autres, nous saurons voir le bien autour de nous» et «embrasser la réalité même quand elle est inconfortable et presque repoussante, en essayant non pas de chercher la justice, mais d'ajuster nos cœurs». En comprenant comment elle peut être «un espace de bonheur, parce que c'est le lieu où le Seigneur a choisi d'être avec nous, pour toujours».
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