Pour le cardinal Gugerotti, les chrétiens doivent jouer un rôle de premier plan en Syrie
Stefano Leszczynski – Alep (Syrie)
La route de Damas à Alep donne un aperçu du martyre que la Syrie a enduré au cours de la dernière décennie. En quittant la ville, les voyageurs voient défiler sous leurs yeux des casernes abandonnées et noircies par les flammes, des affiches de Bachar al-Assad déchirées et brûlées, éclipsées par de nouveaux drapeaux nationaux, des véhicules militaires criblés de balles le long de l'autoroute, et des banlieues entières réduites à l'état de décombres.
Ce paysage sinistre se poursuit près de Hama, où les usines locales ont fermé et où de nombreuses installations sont en ruine. De même, la périphérie de Homs est parsemée de villages déserts, à l'exception de quelques camps de personnes déplacées. Il en va de même pour la campagne d'Idlib, où la dévastation est aggravée par les ruines laissées par le tremblement de terre de 2023. Enfin, après des checkpoints tenus par quelques miliciens qui s'ennuient, s'étend Alep, accablée de douleurs et de souffrances.
La nouvelle Syrie est encore en gestation
En visite en Syrie du 23 au 29 janvier, le cardinal Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales et envoyé du Pape, est arrivé à Alep dimanche 26 janvier. Elle était autrefois la troisième ville chrétienne du monde arabe, où vivaient plus de 300 000 chrétiens d'une douzaine de confessions différentes. Aujourd'hui, il en reste moins de 30 000. «La nouvelle Syrie est encore en gestation», a-t-il déclaré aux fidèles de rite latin réunis dans la grande église Saint-François. «Mais lorsqu'elle naîtra, elle aura besoin d'une bonne sage-femme, et c'est une tâche qui incombe aux chrétiens».
Le cardinal a reconnu les immenses difficultés et incertitudes auxquelles sont confrontés les chrétiens de toutes confessions, mais il a souligné que leurs craintes ne doivent pas conduire à la paralysie. Les chrétiens syriens doivent faire tout leur possible pour jouer un rôle d'égal à égal avec les autres citoyens et trouver des moyens de contribuer à la construction d'une nouvelle nation, a-t-il déclaré.
Le cardinal Claudio Gugerotti a partagé la proximité du Pape François avec les fidèles syriens. «Être un seul corps», a-t-il déclaré dans son homélie dominicale, «signifie que tous les membres ont la même importance. Il ne peut y avoir d'égoïsme; c'est l'essence même de la vie chrétienne».
Rencontre avec la mère d'un prêtre enlevé
Après la célébration eucharistique dans l'église confiée aux Franciscains, l'envoyé du Pape a rencontré les membres de la famille d'un prêtre enlevé en 2012, qui a ensuite disparu avec un prêtre grec orthodoxe qui voyageait avec lui. La mère du prêtre enlevé a raconté en larmes son angoisse, exprimant le désespoir d'une personne incapable de faire le deuil du corps de son fils. Pour elle, le seul espoir d'une nouvelle Syrie réside dans le fait d'avoir une tombe où elle puisse déposer une fleur.
Les souffrances endurées par la population locale ont également été évoquées lors d'une rencontre avec les sœurs d'une religieuse d'Alep, tuée par un missile au début de la guerre.
Le retour des réfugiés
Au couvent des Franciscains, le préfet du dicastère pour les Églises orientales a conclu la journée par une rencontre avec l'ambassadeur d'Italie, Stefano Ravagnan, et le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.
Depuis le 8 décembre, selon le chef du HCR, les réfugiés ont commencé à retourner en Syrie. Jusqu'à présent, au moins 210 000 d'entre eux sont rentrés des pays voisins et environ 600 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays ont pu rentrer chez elles. «Il est temps que la communauté internationale prenne des risques pour soutenir le processus de transition et normaliser le pays», a déclaré le Haut-Commissaire.
Le cardinal a également échangé des salutations avec Filippo Grandi, soulignant la nécessité de coordonner les efforts pour reconstruire les vies et redonner espoir au peuple syrien.
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