Mgr Gallagher exhorte à une action courageuse pour un désarmement équilibré
Deborah Castellano Lubov - Cité du Vatican
«D'énormes dépenses militaires, qui vont souvent bien au-delà de ce qui est nécessaire pour assurer une défense légitime, alimentent le cercle vicieux d'une course aux armements épuisante qui détourne des ressources vitales de l'éradication de la pauvreté, de la justice, de l'éducation et des soins de santé». C’est ce qu’a souligné ce mercredi 26 février, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales dans une déclaration à la session 2025 de la Conférence du désarmement des Nations unies, qui se tient à Genève du 24 au 28 février. L’occasion pour lui de transmettre aux participants les salutations cordiales du Pape François.
Dans sn discours, Mgr Gallagher a fait comprendre, qu’«ensemble, en tant que famille de nations, nous pouvons prendre des mesures justes et courageuses en vue d'un désarmement général, équilibré et complet sous un contrôle international efficace». L’archevêque a attiré l’attention sur le fait que «la perpétuation des conflits, de la violence, des inégalités croissantes et de la dégradation de l'environnement, ne profitent en fin de compte qu'au lobby de l'armement».
«L'otage d'une impasse»
Mgr Gallagher a ensuite signifié que la Conférence du désarmement «a été l'otage d'une impasse» qui perdure année après année «sans l'adoption d'un mandat de négociation approprié». La raison d'être de cette instance, a-t-il rappelé, est de négocier des instruments multilatéraux de désarmement et d'obtenir des résultats concrets. À cet égard, «il convient de rappeler que tous les peuples du monde ont un intérêt vital à ce que les négociations sur le désarmement aboutissent».
Le devoir et le droit de participer aux négociations
«Par conséquent, a-t-il souligné, tous les États ont le devoir - ainsi que le droit - de contribuer et de participer à ces négociations». «L'accumulation massive et compétitive d'armes, a observé Mgr Gallagher, semble contredire les dispositions de la Charte des Nations Unies, dans laquelle les États s'engagent à "prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces contre la paix"». Le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États a évoqué le récent appel du Pape François à «réduire les dépenses militaires pour les armes» et à «utiliser au moins un pourcentage fixe de l'argent destiné aux armements pour établir un Fonds mondial pour éradiquer la faim et faciliter dans les pays les plus pauvres les activités éducatives visant à promouvoir le développement durable et à lutter contre le changement climatique.»
Avant qu'il ne soit trop tard
Mgr Gallagher a aussi insisté sur la nécessité de «dépasser la logique de la confrontation et d'opter au contraire, pour la logique de la rencontre». Le Saint-Siège a encouragé la Conférence à privilégier un sens renouvelé de l’urgence et de l’engagement pour parvenir à des accords concrets et durables dans l'intérêt du bien commun, «avant qu'il ne soit trop tard». L'archevêque a déclaré que le Saint-Siège restait «profondément préoccupé» par la menace existentielle que représentent les armes nucléaires et leur prolifération. «La paix et la stabilité internationale», a-t-il souligné, «sont incompatibles avec les tentatives de construire sur la peur d'une destruction mutuelle ou la menace d'un anéantissement total».
Négociations sérieuses nécessaires
Il s'est dit préoccupé par «l'expansion et la modernisation continues des arsenaux nucléaires, accompagnées d'une escalade de la rhétorique et des menaces concernant leur déploiement». Les moyens de promouvoir la paix et la stabilité aujourd'hui, a-t-il insisté, ne devraient pas être de ceux qui raviveraient ou alimenteraient la dangereuse quête d'armes nucléaires. «En outre, il est urgent que les États dotés d'armes nucléaires s'engagent dans des négociations sérieuses en vue de réduire et, à terme, d'éliminer leurs stocks, conformément aux obligations qui leur incombent en vertu de l'article VI du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). VI du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires», a-t-il lancé.
Inquiétudes concernant la militarisation de l'intelligence artificielle
Évoquant la militarisation de l'intelligence artificielle (IA), il a fait remarquer que «la capacité de mener des opérations militaires par le biais de systèmes de contrôle à distance, a conduit à une perception moindre de la dévastation causée par ces systèmes d'armes et du fardeau de la responsabilité de leur utilisation, ce qui entraîne une approche encore plus froide et détachée de l'immense tragédie de la guerre».
Mgr Gallagher a en particulier, rappelé aux participants que les systèmes d'armes autonomes létaux (SALA), qui sont capables d'identifier et de frapper des cibles sans intervention ni contrôle humains directs, «sont une source de grave préoccupation éthique» parce qu'ils sont dépourvus de la «capacité humaine unique de jugement moral et de prise de décision éthique».
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