Afrique du Sud : après les élections, redresser l’économie et lutter contre la corruption
Cédric Mouzou, SJ – Cité du Vatican
Les résultats des élections générales du 8 mai en Afrique du Sud donnent pour vainqueur, le Congrès National Africain, ANC, Parti au pouvoir. Même s’il conserve la majorité parlementaire, ce Parti a obtenu le score le plus faible de son histoire. Les évêques attribuent la raison de ce faible score au contrat social du pays qui n'a pas réussi à améliorer les conditions de vie de la plupart de Sud-Africains. Ainsi les évêques estiment que ce contrat social doit être renouvelé.
Renouveler le contrat social
Tout en félicitant la commission électorale indépendante pour le bon déroulement des élections, les évêques estiment que des efforts restent à fournir. Notamment s’attaquer au problème du système électoral, à savoir : « la menace du vote multiple, le manque de bulletins de vote et l'inefficacité du personnel ».
25 ans après la fin de l’apartheid, fait remarquer l’épiscopat sud-africain, la démocratie constitutionnelle et son contrat social n'ont pas réussi à créer des dividendes tangibles pour les pauvres afin d’améliorer leur niveau de vie. Les cinq prochaines années représentent donc un défi pour le gouvernement afin de reconstruire l'économie et relever le triple défi de la pauvreté, du chômage et des inégalités. « L'un des messages clés que les citoyens sud-africains ont transmis tout au long des élections de 2019 est que le contrat social actuel, qui repose sur les négociations constitutionnelles du début des années 1990, doit être renouvelé et réparé », écrivent les évêques. Ils mettent en garde les hommes politiques sur le fait que les citoyens sud-africains ne doivent pas être tenus pour acquis. Et pour preuve : la baisse du taux de participation électorale et les incidents de protestations constatées au cours du scrutin. Ainsi, « il est nécessaire de renégocier le contrat social entre l'élite au pouvoir et ceux vivant en marge de l'économie », suggèrent les évêques.
Passer le pays au premier plan
Dans leur message, les évêques invitent tous les partis politiques de la 6ème législature à faire passer le pays en premier. C’est-à-dire travailler ensemble « à l'élaboration de mesures efficaces pour enrayer l'effondrement de l'économie et le pillage des ressources publiques, et pour stimuler la croissance économique afin qu'elle crée des emplois. » Ainsi l’élaboration d’un plan stratégique national, assorti d'objectifs mesurables pouvant faire l'objet d'une reddition de comptes, pour lutter contre le chômage des jeunes, s’avère primordiale. Enfin, le message s’adresse directement au président de la république Cyril Ramaphosa. Nous attendons du président de notre pays, écrivent les évêques, qu’il « renonce à la politique de l'opportunisme et qu'il fasse preuve de fermeté à l'égard des personnes impliquées dans la corruption ». Concrètement, le président doit veiller notamment à ce que « les personnes soupçonnées de corruption et de capture par l'État ne soient pas nommées au Cabinet et au Parlement ». Il doit « introduire de nouvelles mesures pour renforcer les moyens d'enquête et de poursuite de la justice pénale et sa capacité à fonctionner sans ingérence politique et à poursuivre les personnes impliquées dans des affaires de corruption ». Il doit aussi « introduire des mesures plus énergiques pour lutter contre les dépenses irrégulières et inutiles dans les services gouvernementaux et les municipalités ».
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