RDC: Message de compassion et de solidarité des évêques à la population de Djugu
Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican
Le passage du mois de janvier à celui de février a été particulièrement macabre pour la population de Djugu, un territoire de la province de l’Ituri, dans la partie nord-orientale de la RDC. En l’espace d’une semaine, plus d’une centaine de personnes ont perdu la vie du fait des attaques armées. Cette suite des tragédies n’a pas laissé l’épiscopat congolais indifférent. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a adressé un message de compassion et de solidarité à la population de Djugu ; un message qui se veut également un plaidoyer pour le retour de la paix et de la sécurité
Une succession d’évènements tristes et dramatiques
Les évêques congolais se disent affectés et préoccupés par «la succession des tristes et dramatiques évènements qui ont fait des dizaines des morts et des blessés» dans le territoire de Djugu. Le 31 janvier 2022, une attaque des miliciens de la Coopérative pour le développement économique du Congo (Codeco) dans la localité Alagi avait fait 6 morts et 3 blessés. Le lendemain, le 1er février, les Codeco vont récidiver en attaquant le camp de déplacés du site « Plaine Savo » dans la localité de Bule. Le bilan avait fait état de 63 victimes, dont 24 femmes et 17 enfants, et 41 blessés, dont 18 blessés graves. Le 3 février, les mêmes miliciens ont tué une personne à Mulabo, toujours dans le territoire de Djugu, ont déploré les évêques. Enfin, le 5 février, 60 personnes, fuyant l’attaque des Codeco qui avaient décapité 9 personnes plus tôt, vont perdre la vie dans le naufrage de leur embarcation de fortune sur le lac Albert, frontalier de l’Ouganda.
Solidaires de la population de l’Ituri
L’épiscopat congolais a exprimé sa proximité avec la population endeuillée de l’Ituri. «Solidaires avec la population de l’Ituri, plus particulièrement, avec les familles éplorées par ces évènements tragiques, nous sommes profondément attristés et préoccupés par ces drames de trop qui endeuillent de nombreuses familles et qui alourdissent la souffrance des populations déjà appauvries et traumatisées par la situation socio-économique et socio-sécuritaire délétères de ces zones touchées», ont déclaré les évêques. Les prélats ont également adressé leur condoléances et leur sollicitude à l’Église-famille de Dieu au diocèse de Bunia ainsi qu’à son ordinaire, Monseigneur Dieudonné Uringi.
Appel aux autorités congolaises
La Cenco n’a pas manqué d’inviter les autorités politico-administratives et militaires à s’investir davantage pour rétablir la paix dans cette partie du pays, garantir la sécurité de la population et poursuivre les auteurs de «ces actes de barbarie qui humilient l’humanité et donc l’homme congolais». En effet, malgré l’état de siège décrété depuis le 6 mai 2021 par les autorités congolaises pour mettre fin aux violences et aux guerres dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, des massacres ne cessent d’être perpétrés par les multiples groupes armés installés dans la région.
« Arrêtez de tuer nos frères »
Dans leur message, les évêques se sont également adressé aux miliciens Codeco, les exhortant de mettre fin à la désolation qu’ils imposent à cette partie du pays. Ils ont également demandé à la population de «ne pas céder à la manipulation et à la trahison pour être complice des ennemis de la paix».
La province de l’Ituri, l’une des 26 que compte la RDC, connait depuis plus de deux décennies une situation sécuritaire précaire, causée par des épisodes récurrents et sanglants des rivalités et conflits ethniques, des agressions extérieures ainsi que la prolifération des milices communautaires. Si la Codeco, créée en 1970, était une importante coopérative agricole communautaire à l'origine, sa branche armée, née durant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), est l’une des multiples factions armées qui ont proliféré dans l’Est de la RDC du fait des conflits intercommunautaires exacerbés par l’occupation extérieure.
Pour les évêques congolais, «la situation de l’insécurité n’a que trop duré». Ils en appellent à la fin des meurtres et à une nouvelle cohésion fraternelle. «Il est temps que le sang cesse de couler et que la fraternité entre peuples et communautés soit consolidée afin que des ennemis se tendent la main et que des adversaires acceptent de faire ensemble une partie du chemin», ont-ils déclaré.
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