«La guerre en Ukraine ne doit pas faire oublier la famine dans la corne de l’Afrique»
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Au début du mois de février 2022, l’Unicef tirait la sonnette d’alarme pour la Corne de l’Afrique. Afin d’éviter un désastre humanitaire et humain, après 3 années consécutives de sécheresse, le Fonds des Nations unies pour l’enfance appelait la communauté internationale à un soutien financier d’au moins 112 millions d’euros pour environ 20 millions de personnes qui auront besoin d’une aide d’urgence au cours des 6 prochains mois en Somalie, au Kenya, Éthiopie et en l'Érythrée. «La situation continue d'être très préoccupante depuis que nous avons lancé cet appel. Jusqu’à ce jour ce sont environ 20 % des aides qui ont été collectées», regrette Louis Vigneault-Dubois, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) en Afrique sub-saharienne.
Les effets de la guerre en Ukraine
Dans cette région de l’Afrique où les populations vivent majoritairement d'élevage et d'agriculture, trois saisons sèches consécutives ont entrainé une grave pénurie d’eau, tuant le bétail et les cultures, déplaçant les populations et augmentant le risque de maladie et de malnutrition sévère.
En outre, ces pays connaissent une inflation généralisée qui risque d’épuiser très rapidement les maigres ressources dont disposent les familles pauvres.
À cette situation déjà déplorable s’ajoute «la guerre en Ukraine, qui risque de faire tomber encore plus d’enfants dans une malnutrition aigüe et d’aggraver une situation déjà précaire», fait remarquer le porte-parole de l’Unicef, soulignant que la région de la Corne de l’Afrique dépend entre 70% et 90% des importations de blé de la Russie et de l’Ukraine. «La guerre qui sévit actuellement en Ukraine représente une grosse menace sur les importations de blé» estime Louis Vigneault-Dubois, qui appelle à une réaction d’urgence de toute la communauté internationale.
Sauver 1,7 millions d’enfants
«Actuellement la priorité pour l’Unicef est d’éviter que 1,7 million d’enfants souffrant déjà d’une malnutrition aigüe ne meurent, et que la situation des autres enfants ne s’aggrave»: tel est le vœu du porte-parole de l’Unicef. Il estime que cette situation nécessite une prise en charge urgente d’ici juin 2022. Mais «la guerre en Ukraine change le centre d’intérêt de la communauté internationale», constate-t-il.
À ses yeux, «cette guerre ne doit pas faire oublier les populations qui meurent de faim dans la Corne de l’Afrique. Il est important d’intervenir le plus rapidement possible avant que cela ne soit trop tard et nous avons besoin de l’appui de la communauté internationale».
Les actions de l’Unicef sur le terrain
Sur le terrain, l’Unicef et ses partenaires continuent d’apporter une aide d’urgence aux enfants et familles touchés par la famine.
Par exemple en Somalie, où l’on enregistre au moins 3 millions de personnes déplacées dans des camps du fait de la famine et des attaques armées et où grandit le risque d’épidémie tel que le choléra. L’Unicef prévoit du 24 au 28 avril prochain une deuxième campagne de vaccination contre la rougeole dans 6 districts du pays. La première campagne a eu lieu du 19 au 25 mars dans 12 districts. Au moins 750000 enfants sont visés par ces deux campagnes de vaccination contre la rougeole.
«Nous menons beaucoup d’activités sur le terrain, mais nos besoins restent très importants et une bonne partie des fonds nous manque toujours. Avec la guerre en Ukraine il est très difficile de faire entendre notre voix» regrette Louis Vigneault- Dubois, qui craint qu’une 4ème saison de sécheresse dans la Corne de l’Afrique provoque une rupture des approvisionnement et une augmentation du besoin d’une aide financière.
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