Afrique : diversifier les partenariats pour ouvrir plus de perspectives économiques
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Enseignant-chercheur au centre universitaire jésuite CERAP en Côte d’Ivoire, le père Abel N’djomon est jésuite de nationalité ivoirienne. Selon cet expert en économie, l’allègement de la dette proposée par le Secrétaire général des Nations unies serait certes une bonne affaire pour les gouvernants africains. Mais le problème de fond des nombreux pays du continent reste la bonne gouvernance. «En effet, il y a près d’une vingtaine d’années, les questions de l’allègement de la dette des pays africains était en vogue, les voies de sortie du goulot d’étranglement de l’endettement étaient dessinées et empruntées par différents gouvernants», a-t- il rappelé. Cependant, avant de proposer l’allègement de la dette comme voie de sortie de la crise qui gangrène ces pays, il faut d’abord évaluer les causes du recul des économies d’Afrique, propose le jésuite ivoirien. Il convient en outre de responsabiliser les décideurs publics, en partenariat avec les acteurs privés, a-t-il déclaré.
Une triple crise : alimentaire, énergétique et financière
A Dakar, le Secrétaire Général de l’ONU a parlé de la triple crise qui menace le continent africain, conséquence du conflit en Ukraine: les crises alimentaire, énergétique et financière. Toutefois, pour Abel N’djomon, le degré de l’impact ressenti dépend du type de partenariat économique ou financier que les pays concernés entretiennent, directement ou indirectement avec la Russie ou avec l’Ukraine.
Produire et consommer local
En matière d’alimentation en particulier, l’impact du conflit est visible sur les produits comestibles en provenance de la Russie ou de l’Ukraine ou encore des pays qui importent de ces deux pays pour revendre. L’un des produits concernés est le blé. Pour les populations déjà vulnérables, l’augmentation du coût de la vie aggrave la situation.
Pour l’économiste jésuite, c’est une occasion pour les pays africains de réfléchir sur l’intensification de la production locale des biens de consommation sur le continent.
Diversifier les partenariats pour ouvrir plus de perspectives aux économies africaines
L’Afrique ne doit pas continuer à compter seulement sur les institutions financières internationales, bien qu’elles restent des partenaires de taille, insiste le père N’djomon. Il est temps, estime-t-il, que les dirigeants gouvernent dans le sens d’une plus grande intégration des économies, aussi bien au niveau régional que continental. «Cette diversification des partenariats aiderait en ouvrant beaucoup de perspectives à nos économies. Que les pays ne restent pas cloisonnés, mais puissent ouvrir leurs frontières à la libre circulation des personnes, des biens et des services», a déclaré l’économiste jésuite, qui conseille aux pays africains de «ne pas rester dans l’assistanat, mais de travailler pour avancer ensemble».
Les conséquences des sanctions de la CEDEAO
Le père N’djomon a aussi abordé la question des sanctions imposées par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Mali, à la Guinée et au Burkina Faso. Selon lui, l’Afrique de l’Ouest étant l’une des régions les mieux intégrées du continent, les sanctions imposées par la CEDEAO ne peuvent qu’entrainer des répercussions sur les économies visées et sur l’économie de la sous-région. Les effets ne seront pas limités aux seuls pays en transition politique, mais seront ressentis même dans des pays qui partagent les frontières avec ces pays et avec lesquels ils sont en partenariat commercial. En restreignant la circulation des personnes, des biens, des services et moyens financiers, ce sont les populations déjà vulnérables qui subissent les conséquences des affres et actions de leurs gouvernants, a déploré l’économiste.
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