Le combat d’un prêtre pour plus d'engagement citoyen au Tchad
Stanislas Kambashi,SJ et Jacques Ngol,SJ – Cité du Vatican
«En tant que prêtre, c’est aussi mon travail, la mission de dénoncer, d’avertir et de donner l’alerte». Cette mission est, selon l’abbé Madou, une manière de porter la voix du peuple et de guider la population dans la recherche de la vérité. De l’analyse de la situation sociopolitique qu’il fait de son pays, le Tchad, le curé de la paroisse Bienheureux Isidore Bakandja de Walia, dans le 9ème arrondissement de Ndjamena, fait un constat amère: dans un pays pétrolier et avec beaucoup d’argent, la population gît dans une grande misère et est victime d’une politique d’exclusion. «Le Tchad est un pays pétrolier depuis 2003, avec beaucoup d’argent. Malheureusement, ce pays reste sans hôpitaux, sans routes, sans électricité et surtout sans écoles. On mène plutôt la politique d’exclusion», regrette le prêtre.
Le peuple tchadien «souffre de tous les maux»
Pour ce pasteur, il n’est pas normal que dans un pays qui dispose des moyens, la population manque le nécessaire pour son survi, pour se soigner et même pour s’instruire. L’abbé Madou observe en outre qu’«en pleine capitale, les femmes utilisent les déchets des bœufs et des plastiques usées pour cuisiner les aliments». Dans tout cela, «le peuple tchadien, du nord au sud en passant par le centre souffre de tous les maux, il est opprimé, il est massacré, il vit une misère terrible». Cette situation inacceptable motive l’engagement citoyen du prédicateur de l’Evangile et le pousse à prendre la défense des opprimés et à travailler à l’éveil des consciences. «Dans l’exercice de ma charge comme prêtre, je ne peux pas rester indifférent face à cette souffrance de mon peuple, parce que depuis, l’église de Jésus est toujours du côté de ceux qui souffrent, du côté des opprimés», a-t-il martelé.
L’insécurité, des massacres et des repressions
Depuis des années, le Tchad fait également face à une grande insécurité. Outre la présence des djihadistes, il y a également des problèmes internes, comme les conflits entre agriculteurs et éleveurs, qui provoquent des pertes matérielles et en vies humaines. Au cours de certaines manifestations, on a également dénombré plusieurs décès parmi les civils: «à Ndjaména,…des jeunes ont été tués dans des manifestations. Du côté du sud, à Sandana, à Danamadji, à Léo, à Kyabé, il y avait eu des massacres… revenant vers le nord, actuellement à Mangalmé, il y a des massacres; à Abéché où les gens pleuraient les morts au cimetière, on est venu les massacrer…», constate l’abbé Madou, qui déplore la situation de son peuple qui continue à vivre dans la détresse, avec un avenir incertain.
Agir pour la cause du citoyen
Etant donné que «le prêtre ne milite pas dans un parti politique, il ne peut pas conquérir un pouvoir politique, mon rôle est d’enseigner la doctrine sociale de l’Église», souligne l’abbé Madou, au sujet de l’action que doit mener le pasteur pour la cause de ses brebis. Pour le curé de la paroisse Bienheureux Isidore Bakandja de Walia, il faut enseigner l’Evangile et en même temps aider les citoyens chrétiens à faire des choix politiques responsables. C’est pourquoi tout prêchant la parole de Dieu, il mène une «sensibilisation citoyenne» auprès de la population, en particulier pour la prise de conscience et la prise en charge de sa vie. Aussi, il exhorte à cultiver des vertus telles que la justice, la loyauté, le respect afin de favoriser un meilleur climat du vivre ensemble dans une pluralité ethnique, culturelle et religieuse.
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