RD Congo: les interpellations de Mgr Sosthène Ayikuli pour l'Ituri
Vatican News
Plus d’une trentaine de personnes, dont des femmes et des enfants, ont été massacrées le 18 mars dans plusieurs villages de l’Ituri, province du Nord-Est de la RDC. Ces massacres ont été attribués aux miliciens Codeco - Coopérative pour le Développement. Les assaillants ont également pillé, saccagé des habitations et provoqué des déplacements de la population, causant une situation humanitaire grave dans le territoire de Mahagi-Nioka particulièrement.
Face à ce climat dramatique dans lequel vit la population, s’exprimant le samedi 25 mars à la fin d’une messe d’ordination au cours de la il avait ordonné deux prêtres, Mgr Sosthène Ayikuli, évêque de Mahagi-Nioka, a pointé du doigt l’Etat congolais qui brille par son «irresponsabilité» et par son «absence». Pour Mgr Ayikuli, la floraison des groupes d’autodéfense est notamment due à ces deux défauts de la part de l’Etat, mais aussi à l’échec de certaines stratégies mises en place, comme l’Etat de Siège.
Des actes de violence accompagnés des «tueries sauvages»
Samedi le 18 mars, aux «environs de 9 heures, la milice Codeco, a attaqué le village tchupazaga, chefferie de Panduru», a expliqué l’évêque. Ces actes de violences ont été «accompagnés des tueries sauvages», a-t-il précisé. Aussi, suite à ces attaques, des maisons ont été incendiées, des biens de la population pillés et des dizaines de personnes, obligées de quitter leur territoire pour se mettre hors d’atteinte. Des milliers d’élèves ont été obligés d’abandonner leurs établissements pour se réfugier où ils espèrent être en sécurité. Ces «écoliers, écolières et élèves sont sacrifiés pour cette année scolaire et leur avenir quant à une bonne formation est gravement compromis», s’est attristé l’évêque. des personnes déplacées présentent bien une vulnérabilité multi sectorielle, notamment «l’accès aux vivres, aux abris, à l’eau potable, à l’hygiène et assainissement, protection sans oublier la psychose qui les détruit petit à petit».
Mgr Ayikuli appelle à une prise de conscience
Toute cette situation dramatique, a déclaré l'évêque de Mahagi-Nioka, «me contraint d’adresser un message de compassion, au nom de ma mission prophétique», et d’interpeler «la conscience de ceux qui ont la mission régalienne de sécuriser les personnes et leurs biens». Mgr Ayikuli interpelle entre autres «la conscience de ceux tirent les ficelles dans l’ombre et de ceux qui sont instrumentalisés, ainsi que ceux qui provoquent et tuent des personnes innocentes». Il en appelle à une table ronde pour réfléchir ensemble et identifier des vraies sources des problèmes qui minent le pays afin de mettre termes à ces violences dont est victime la population, et de construire enfin la paix.
Revoir les stratégies de défense en vue d'une paix durable?
Interpellant le gouvernement sur sa responsabilité, Mgr Ayikuli affirme que tout ce qui advient est «la conséquence logique de l’irresponsabilité et de l’absence de l’État». Pour lui, dans le territoire de Mahagi-Nioka, «population a la certitude d’être abandonnée», elle est à la merci de la assaillants et tente de se défendre tant bien que mal. L’absence des forces régulières pour assurer la sa sécurité est alors favorable à l’émergence des groupes d’auto-défense aussi bien et les miliciens se servent bien de cet argument, indique l’évêque. L’état de siège, dispositif législatif qui donne depuis mai 2021 aux militaires les pouvoirs civils en vue de la sécurisation de la population, «n’a pas réussi l’objectif pour lequel il était décrété». Peut-on espérer la réussite du programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation en RDC (P-DDRCS), une autre stratégie mise en place en août 2021 par le président congolais Felix Tshisekedi, dont les objectifs étaient notamment la stabilisation et la prévention des conflits, s’interroge l’évêque?
L’Ituri a besoin d’une paix certaine et sincère déclare l’évêque, car la violence n’arrange rien et toutes ces situations freinent son développement.
Le diocèse de Mahagi-Nioka en œuvre pour venir en aide aux victimes
Tout en exprimant sa compassion, sa proximité est ses condoléances aux victimes, Mgr Sosthène Ayikuli lance un appel d’aide. Il a manifesté sa reconnaissance aux familles d'accueil et «demande à toutes les autres familles de développer une telle solidarité en ce moment crucial». Aussi, a-t-il confié, la Caritas diocésaine a fourni beaucoup d’effort en volant au secours des «ménages en vivres et en produits pharmaceutiques». Toutefois, les besoins sont «tellement immenses que nous sommes en deçà». A cet effet, le pasteur demande aux «Caritas paroissiales d'organiser les quêtes en vivres et non vivres le dimanche des Rameaux pour secourir nos frères et sœurs en souffrance».
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