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Le camp des déplacés Don Bosco Ngangi, à l’Est de la RD Congo Le camp des déplacés Don Bosco Ngangi, à l’Est de la RD Congo  Les dossiers de Radio Vatican

À l’Est de la RDC, les déplacés de guerre veulent retourner chez eux

Les déplacés qui ont fui les combats entre l’armée congolaise et le groupe armé M23 veulent retrouver leur vie normale, a déclaré le père Jean-Pierre Muhima, salésien de Don Bosco, dont la congrégation gère un grand camp de déplacés à Goma. Le camp Don Bosco Ngangi accueille actuellement 26 000 sinistrés. Depuis six mois, il est touché par le choléra, avec plus de 1 266 cas enregistrés, dont plus de 500 enfants.

Entretien réalisé par Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

Dans la province du Nord-Kivu, plus d’un million de personnes, selon des statistiques de l’ONU, restent déplacées après avoir fui les exactions des M23 et des forces de certains pays voisins de la République démocratique du Congo. La force régionale Est-Africaine créée en 2022 pour arrêter l’avancée de ce groupe armé a récupéré depuis décembre certains de ses bastions. Mais, sur le terrain, les éléments du M23 n’ont pas été totalement mis hors d’état de nuire. Leurs abus continuent à créer notamment des déplacements massifs des populations vers des zones plus sécurisées.

Deux espaces de fortunes et de nombreux défis

Certains de ces déplacés ont trouvé refuge au Camp Don Bosco Ngangi, à Goma, après que celui de Kanyarukinya ait été débordé dans ses capacités d’accueil. Dans ces deux espaces de fortune, les salésiens congolais accueillent et apportent de l’aide humanitaire aux nombreuses personnes «qui ne savent plus où aller». Plus le temps avance, plus les problèmes deviennent nombreux. Le camp de Goma fait actuellement face aux défis humanitaire, sanitaire et éducationnel, a indiqué le père Jean-Pierre Muhima, supérieur des salésiens du Centre des Jeunes Don Bosco Ngangi, qui abrite le camp des déplacés du même nom.

Les défis sanitaire, alimentaire et éducationnel

Depuis six mois maintenant, les salésiens accueillent 26 000 déplacés, répartis en 5 000 ménages. Ne sachant où aller, ces personnes ont envahi les trois terrains de football du Centre des Jeunes Don Bosco Ngangi. Elles proviennent de Rutshuru, Kibati, Rugari et d’autres zones où sévissent les combats entre les forces congolaises et les éléments du M 23. Les conditions hygiéniques restent un défi dans ce camp qui a aussi été touché par le choléra, avec 1 266 cas enregistrés, dont plus 500 enfants. Plus de 300 hommes et plus de 200 femmes étaient atteintes par cette maladie qui a causé la mort de certains d’entre eux. Le centre dispose d’un dispensaire, mais limité dans sa capacité d’accueil a fait savoir le père Muhima. Il reçoit l’appui de certains organismes comme Save the Children, Médecins sans frontières et la Croix Rouge pour les soins des déplacés. D’autres partenaires apportent une aide alimentaire, comme le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), ect.

Autre défi à relever, l’éducation, a souligné le prêtre salésien. Les enfants arrivés avec leurs parents dans ce camp n’ont pas accès à l’éducation et sont en train de rater toute une année scolaire.

Le père Jean-Pierre Muhima, supérieur des salésiens du Centre des Jeunes Don Bosco Ngangi, qui abrite le camp des déplacés Don Bosco Ngangi.
Le père Jean-Pierre Muhima, supérieur des salésiens du Centre des Jeunes Don Bosco Ngangi, qui abrite le camp des déplacés Don Bosco Ngangi.

Les déplacés veulent rentrer chez eux

Pour le père Muhima, on ne peut pas continuer à nourrir et à soigner toutes ces personnes avec l’aide des organismes. Il faut une solution durable, qui leur permette de regagner «leurs milieux naturels», afin qu’elles reprennent leurs activités qui les font vivre dignement, plutôt que de les laisser dans cette situation de «mendicité». La charité des personnes de bonne volonté et des organismes peut aussi faire défaut, a-t-il averti.

Les déplacés aimeraient retourner chez eux, mais ils ont peur de l’insécurité. Ils sont «fatigués» de cette situation et «expriment le vœu rentrer chez eux, de regagner leur milieu traditionnel. Mais ils ont peur de l’insécurité. Le problème, c’est le règlement des comptes. Leurs zones sont encore occupés par les rebelles et eux ne peuvent pas se jeter dans la gueule du lion», a déclaré le prêtre salésien, qui constate que les forces de l’ordre régulières ne sont pas encore déployées dans certaines de ces régions pour assurer la sécurité de la population.

L’Est de la RDC, victime d’une manipulation

Dans cette situation d’urgence humanitaire, le prêtre salésien regrette que l’aide ne provienne que des organismes humanitaires et des personnes charitables et non pas de l’Etat congolais, qui brille plutôt par son absence. Il appelle les autorités compétentes à faire de leur mieux pour que la paix reviennent dans ces régions de l’Est troublée depuis deux décennies, car «on ne peut pas développer un pays en guerre». Il appelle aussi à éduquer les jeunes pour qu’ils ne se laissent pas manipuler et instrumentaliser par ceux qui commanditent la guerre, alors que eux-mêmes «s’enrichissent» et sont «dans des bureaux et des hôtels high-class».

Le père Mihima exprime sa gratitude à l’endroit de tous ceux qui viennent en aide à ces déplacés par leurs actes de charité et les exhorte à ne pas se lasser de les soutenir. Il espère au retour de la paix, afin de pouvoir réinstaller ces personnes et d’entamer un jour la reconstruction de la région Est de la RDC.

Suivre le père Jean-Pierre Muhima, sdb

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03 mai 2023, 17:15