L’épiscopat du Kivu alerte sur les défis de la paix en RDC
Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican et Jean-Baptiste Malenge – Kinshasa
L’Assemblée épiscopale provinciale de Bukavu (ASSEPB) qui réunit les évêques des diocèses de Bukavu, Uvira, Kasongo, Kindu, Goma et Butembo-Beni, a clôturé dimanche 28 mai une semaine de session au cours de laquelle elle s’est penchée sur les difficultés que rencontrent le peuple de Dieu de la partie orientale de la République démocratique du Congo. Au cours de la messe de Pentecôte, présidée par l’archevêque de Bukavu, Mgr François-Xavier Maroy, dans la cathédrale Notre-Dame-de-la-paix de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, le message des évêques a été lu par le secrétaire de l’Assemblée épiscopale provinciale, l’abbé Jean-Marie Vianney Kitumaini.
Insécurité persistante dans la partie orientale du pays
«Je lève les yeux vers les montagnes: d’où le secours me viendra-t-il?» Le premier verset du psaume 120 est le titre du message adressé aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté par l’épiscopat de la province ecclésiatique de Bukavu. Les évêques relèvent dès le préambule que les populations de leurs six diocèses sont tourmentées, depuis plus de trois décennies, par les guerres et les violences de toutes sortes.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, les évêques ont évoqué quelques situations heureuses qui contrastent avec le drame que vit le peuple de Dieu, notamment la ratification de l’Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République démocratique du Congo, l’enclenchement du processus électoral, la visite du Saint-Père dans le pays, au cours de laquelle François avait reçu à la nonciature apostolique une cinquantaine de survivants des diocèses de la province ecclésiastique de Bukavu.
Toutefois, l’épiscopat de la région déplore que la situation sécuritaire dans la partie orientale du pays, fortement militarisée, ne se soit guère améliorée. Les évêques expriment leur préoccupation face à l’insécurité persistante dans les diocèses de Butembo-Beni et de Goma, dans la province du Nord Kivu où malgré l'état d'urgence en vigueur depuis mai 2021 et ses multiples prorogations, l'insécurité continue de s'aggraver, entraînant des déplacements massifs de populations et une crise humanitaire sans précédent, marquée par la famine, la maladie et la mort.
L’épiscopat du Grand Kivu appelle le président Félix Antoine Tshisekedi à «tout mettre en œuvre pour libérer les territoires occupés par les rebelles du M23 et résoudre la question des armées étrangères, en sa qualité de garant de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale».
Inquiétudes sur le processus électoral et la précarité économique
Par ailleurs, les prélats s’inquiètent des lacunes dans le processus d'enregistrement des électeurs. Ils évoquent notamment les problèmes liés à l'équipement utilisé, la qualité des cartes d'électeurs produites, l'insuffisance et la lenteur des agents d'inscription, soulignant en outre que l'inscription des électeurs n'a pas eu lieu dans les territoires de Rutshuru et d'une partie de Masisi occupés par le M23. L’Assemblée épiscopale provincial de Bukavu exhorte les autorités congolaise à assurer «un processus électoral libre, inclusif et transparent», garantissant la libre expression des diverses opinions politiques.
La misère économique est un autre défi pour les populations du Grand Kivu, en dépit des immenses richesses dont regorge le pays. Les évêques dénoncent en particulier l'état déplorable des infrastructures routières qui condamnent les provinces à l'isolement, à l'insécurité et à la paupérisation. Ils appellent les responsables gouvernementaux à privilégier l'intérêt et le bien-être des populations, comme un service à la nation.
Kalehe, une tragédie évitable
L’épiscopat de la province ecclésiastique de Bukavu a également exprimé leur gratitude pour l'action rapide des autorités gouvernementales, des organisations humanitaires et des personnes de bonne volonté pour soutenir les victimes des inondations et des glissements de terrain dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu. Cependant, les évêques soulignent que «si les services gouvernementaux chargés de la gestion des terres et de l'environnement avaient fait leur travail correctement, des vies humaines auraient certainement été épargnées et des catastrophes similaires évitées».
L'épiscopat du Grand Kivu demande aux fidèles catholiques de garder espérance et de prier sans cesse afin que «Dieu notre Père convertisse nos coeurs et nous dispose à nous libérer de cette situation pour participer activement et pleinement à la reconstruction de notre beau et grand pays».
Les évêques concluent leur message en invoquant l’intercession de la Vierge Marie, Reine de la paix et Patronne de la République démocratique du Congo, invitant notamment à prier pour que le troisième Congrès eucharistique national, qui sera célébré du 4 au 11 juin à Lubumbashi, obtienne d’abondantes grâces pour la nation.
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