Au Tchad, la commission Justice et Paix dénonce la poursuite des « conflits intercommunautaires»
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
Lors d’une conférence de presse tenue le 8 mai au siège de la conférence épiscopale nationale du Tchad, la commission Justice et Paix (CEJP) a procédé à une analyse de la situation sociopolitique qui prévaut au Tchad. Elle s’est inquièté de l’évolution de la phase II de la transition «malgré la tenue du dialogue national inclusif et souverain (DNIS), supposé réconcilier les Tchadiens, ramener la paix et la sécurité dans le pays».
Les affrontement récurrents, résultat d’un échec de la transition
«La défaillance du système de gouvernance du pays se lit à travers les affrontements récents», a déploré la commission épiscopale Justice et Paix. Elle fait référence aux différents conflits qui «opposent les agriculteurs et éleveurs en ce début des travaux champêtres, les vols des bétails et les enlèvements des personnes contre rançon». La CEJP s’est aussi alarmé sur une campagne d’incitation à la haine et à la vengeance via les réseaux sociaux, faisant références aux images qui montrent des «villages et campements incendiés; des femmes et enfants brulés vifs, déchirés». Toute cette situation ne peut que «susciter indignation et frustration de tout citoyen responsable» a-t-elle affirmé, demandant que «cela cesse!!!»
Outre la situation liée à la crise sécuritaire, vraie menace pour les Tchadiens, la commission Justice et Paix a évoqué «la crise énergétique caractérisée par la rareté du carburant et les coupures d’électricité intempestives».
Les appels à la responsabilité de la CEJP
La commission, après avoir analysé toutes ces situations en «exprimant sa compassion les familles éplorées, condamne fermement ces agissements qui visent à semer la désolation et remettent en cause tous les efforts fournis par différents pour maintenir la cohésion sociale et le développement socioéconomique des paisibles citoyens».
Par ailleurs, elle invite le gouvernement à faire preuve de sens de responsabilité en prenant le plus rapidement possible des «mesures qui s’imposent, en arrêtant les auteurs de ces tueries», afin de rendre «justice aux victimes». Aussi, la CEJP a exhorté la population tchadienne à la «sérénité et à privilégier, dans leurs interactions quotidiennes, les voies du dialogue et de la collaboration pour faire prévaloir leurs droits».
Enfin, la commission Justice et Paix «joint sa voix à tous les partenaires au développement qui s’investissent avec abnégation et objectivité dans la recherche d’une solution holistique pour une meilleure cohabitation entre les communautés qui doivent toujours être traitées avec égalité et équité».
«Œuvrons pour la paix durable dans nos campagnes», a-t-elle conclu.
Le Tchad, pays en transition
Le Tchad connait une période de transition militaire depuis avril 2021, suite au décès brutal de son président Idriss Deby Itno. La première phase de cette transition militaire, initialement prévue pour 18 mois a pris fin avec le dialogue national inclusif et souverain (DNIS). À l’issu de ce dialogue, s’est ouverte une seconde phase inscrite dans une durée de 24 mois qui doit conduire aux élections.
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