Mozambique: 48 ans d'indépendance, un voyage fait de progrès et d'échecs
Vatican News avec Rogério Maduca – Radio Pax
Dans une interview accordée à Radio Pax, diffusée par l'archidiocèse de Beira (centre du Mozambique), le professeur Samuel Simango a réaffirmé que l'indépendance du Mozambique est incontestable: «le pays est politiquement indépendant, un projet auquel adhèrent tous les Mozambicains», mais il faut aussi tenir compte du fait qu'au cours de ces 48 années, «le pays a connu des avancées et de nombreux reculs».
Un défi économique pour un pays qui vit de conflit en conflit
Pour l'analyste politique, l'un des principaux revers du Mozambique, visité par le Pape en septembre 2019, est le fait de ne pas avoir réussi à maintenir le développement économique que le pays avait en 1973, et aussi que la société mozambicaine n'a pas réussi à maintenir la paix: «Nous sommes un pays qui a vécu de conflit en conflit, jusqu'à aujourd'hui», a souligné Simango, reconnaissant que sur ces deux points, le pays n'était pas un bon exemple, ayant laissé beaucoup à désirer.
Sur le plan éducatif, il faut souligner que «dans le Mozambique indépendant, il y a eu une massification de l'éducation», car au moment de l'indépendance, le pays avait un taux d'analphabétisme très élevé, un taux qui a maintenant diminué, même s'il n'a pas encore atteint les niveaux souhaités, a constaté l’expert en sciences politiques. Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, «nous avons plus d'écoles, plus d'universités, et cela nous permet de dire qu'il y a des domaines où nous avons échoué et d'autres domaines où nous avons beaucoup progressé», a-t-il réaffirmé.
Des personnes en difficulté, mais résilientes et luttant pour l'affirmation de soi
Pour l'analyste politique Samuel Simango, l'un des domaines où des grands défis sont à relever, c’est le secteur de la santé: «la qualité de notre santé n'est pas celle qui était souhaitée par ceux qui, depuis 1962, ont lutté pour la conquête de l'indépendance», a souligné le professeur, reconnaissant que le Mozambique est «un pays avec des hauts et des bas, un pays dans lequel, bien qu'il ait des difficultés, le peuple est résilient et s'est battu pour son auto-affirmation».
Samuel Simango a également parlé du développement économique du Mozambique au cours de ces 48 années d'indépendance politique, soulignant qu'un tel développement ne se mesure pas seulement au nombre d'usines existantes ou de zones cultivées, mais qu'il est nécessaire de relier cette croissance à l'implication de la population dans ses résultats. Sur cet aspect, il n'y a pas eu beaucoup de progrès, dit le professeur d'université, rappelant que la classe politique, la classe dirigeante qui a assumé l'indépendance, a eu beaucoup de difficultés, et qu'il y a eu une certaine incapacité des dirigeants à donner une continuité au processus de développement existant dans la période avant l'indépendance.
Le socialisme a produit un recul du développement
Un autre facteur important souligné par Samuel Simango est le fait d'avoir adopté «une idéologie et une politique diamétralement opposées au développement que nous avions». Il y avait une économie capitaliste avant l'indépendance, il y avait une agriculture industrielle et avec l'indépendance le socialisme a été adopté, «et pratiquement cela a produit une rétraction pour le développement et pour l'investissement». Par conséquent, pour l'analyste, le socialisme a été l'une des principales raisons pour lesquelles le pays n'a pas continué sur la voie du développement, outre le fait que la classe politique n'était pas très préparée – «Nous n'avions pas de personnes préparées à poursuivre le capitalisme et, pire encore, à embrasser le socialisme», souligne-t-il.
Beaucoup d'universités, mais peu d'intérêt pour la recherche
Enfin, Samuel Simango a constaté que les universités et laboratoires n'ont pas encore la capacité suffisante pour produire des connaissances capables d'inverser la situation et de répondre à la pauvreté créée par le manque de connaissances.
«Nous pouvons avoir les meilleures universités, mais si les politiques adoptées par l'élite politique ne conduisent pas au développement, rien n'est fait», reconnaît-il, pour qui «il faut créer un environnement favorable au développement, et cet environnement n'a pas encore été créé».
Pour expliquer l'absence d'un environnement favorable au développement, Samuel Simango pointe tout d'abord «la guerre dans laquelle le pays a vécu pratiquement depuis la deuxième année après la proclamation de l'indépendance, jusqu'aujourd'hui: guerre civile et maintenant une guerre à Cabo Delgado que le pays n'a pas réussi à éviter». Enfin, pour Samuel Simango, l'aspect politique pèse plus lourd dans le non-développement du pays que l'aspect purement technique ou scientifique, et c'est un fait que «nos universités, jusqu'à présent, sont plus axées sur l'enseignement, la transmission des connaissances, et non sur la recherche, parce que la recherche elle-même exige beaucoup d'engagement financier, humain et aussi politique».
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